PARIS (Reuters) - Les gouvernements français et espagnols sont "prêts à susciter" un accord entre Eiffage et Sacyr Vallehermoso avant que la justice ne se prononce sur le conflit qui oppose les deux sociétés, estime David Taguas, directeur du bureau économique du président du gouvernement espagnol.
"Il est nécessaire que nos gouvernements favorisent une solution, car même si ce sont des entreprises privées, il y a une entité publique (la Caisse des Dépôts) impliquée dans le dossier", dit-il dans une interview aux Echos publiée jeudi matin, juste avant un sommet franco-espagnol à Paris.
De son côté le président Nicolas Sarkozy a évoqué une "solution amicale". Il a déclaré, lors de la conférence de presse du sommet : "Ce sont des affaires privées. La seule chose que nous puissions souhaiter, c'est qu'une solution amicale soit trouvée le plus rapidement possible. Si nous pouvons l'aider, tant mieux."
Pour David Taguas, "compte tenu de l'important investissement réalisé par Sacyr, il lui faut avoir une représentation proportionnelle dans Eiffage. Ou sinon il faut trouver un accord de sortie qui soit bon pour les deux parties. Les gouvernements espagnol et français sont prêts à le susciter".
"Il y a plusieurs solutions du type partage ou cogestion d'actifs, accords d'actionnaires ou une sortie de Sacyr d'Eiffage. Il faut en tous les cas trouver une issue à la situation actuelle et arriver à un résultat avant que la justice ne se prononce sur le dossier, en février. C'est une affaire économique et non judiciaire. Et je pense que les marchés financiers seraient ravis que soit trouvé un accord."
Sacyr Vallehermoso s'était dit prêt, le 14 novembre, à étudier d'éventuelles offres de rachat pour sa participation de près de 33,3% dans Eiffage, ouvrant une issue à la bataille qui l'oppose au groupe français de BTP.
Entré début 2006 dans le capital d'Eiffage, peu de temps après que celui-ci eut remporté la privatisation d'APRR, deuxième opérateur autoroutier français, le groupe espagnol a tenté d'en influencer la stratégie puis de prendre son contrôle mais s'est vu éconduit, parfois de façon brutale.
RELATIONS FRANCO-ESPAGNOLES "TROUBLEES"
La bagarre avec Eiffage a pris une tournure juridique depuis la dernière assemblée générale du groupe, en avril, où la direction du groupe français a privé de droits de vote plusieurs investisseurs espagnols qui avaient fait leur apparition à son capital.
En juin, l'Autorité des marchés financiers avait estimé que ces investisseurs agissaient de concert avec Sacyr afin de permettre à cette dernière de réunir suffisamment de droits de vote pour obtenir de siéger au conseil d'administration.
Le dossier "trouble les relations hispano-françaises", estime David Taguas.
"Tout cela ne donne pas l'image d'une économie moderne et ne reflète pas les bonnes relations existant entre nos deux pays. Cela a provoqué beaucoup de vagues médiatiques à Paris comme à Madrid. Il est dommage que les choses aient tourné ainsi. Cela aurait été une bonne chose d'avoir une entreprise hispano-française, ayant une importante capacité de créer de la valeur", ajoute-t-il.
L'AMF a également jugé que le projet d'offre publique d'échange présenté par Sacyr au lendemain de l'AG d'Eiffage n'était pas conforme et qu'il devait soumettre une nouvelle offre assortie d'une option en numéraire.
Le groupe espagnol a fait appel de la décision de l'AMF en justice, la prochaine audience dans ce cadre étant programmée le 5 février 2008.
Le tribunal de commerce de Nanterre a par ailleurs fixé au 30 janvier la date des plaidoiries dans le cadre des procédures de fond engagées contre Eiffage par les espagnols Sacyr, Grupo Rayet et Inversiones Portival, qui demandent l'annulation de l'assemblée générale d'Eiffage du 18 avril.
Benjamin Mallet
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