(BFM Bourse) - Après avoir annoncé qu'il allait mettre plus de 2 milliards d'euros sur la table pour la recapitalisation actée par EDF ce vendredi, l'Etat actionnaire s'apprête à venir au chevet d'Air France - KLM, dont les finances ont également été plus que fragilisées ces deux dernières années.
L'année 2022 sera celle des grandes manœuvres pour l'État actionnaire, qui vient à la rescousse d'EDF et se prépare aussi à renflouer Air France-KLM, deux "fleurons" français en proie à de grandes difficultés financières. Vendredi, le gouvernement a annoncé que l'État contribuerait à hauteur de 2,1 milliards d'euros à l'augmentation de capital de 2,5 milliards décidée par EDF, dont il est actionnaire à près de 84%.
"L'objectif, c'est de permettre à EDF de restaurer ses comptes, de pouvoir réinvestir dans l'avenir et de pouvoir réaliser les investissements annoncés par le président de la République à Belfort dans les meilleures conditions", a justifié le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, en allusion au plan de relance du nucléaire dévoilé par Emmanuel Macron.
Et ce n'est sans doute qu'un premier pas. Cette augmentation de capital de 2,5 milliards, "évidemment, ça ne suffit pas", a reconnu Bruno Le Maire vendredi au vu des investissements colossaux que doit faire EDF dans les prochaines années, à la fois dans le nucléaire et les énergies renouvelables. L'opération d'aujourd'hui "ne ferme la voie à aucune option pour l'avenir", a d'ailleurs insisté le ministre.
Air France a de nouveau besoin de cash
À Bercy, on se prépare aussi à venir à la rescousse d'Air France-KLM, autre fleuron historique français, déjà à la peine avant la crise sanitaire et dont la situation s'est dramatiquement aggravée avec la pandémie. La compagnie aérienne a réduit ses pertes l'an dernier, mais s'est dit prête à lancer une nouvelle opération de recapitalisation jusqu'à 4 milliards d'euros pour consolider ses comptes.
Entre autres solutions, une augmentation de capital est envisagée, à laquelle contribuera le cas échéant l'État, actionnaire à 28,6%. "Nous attendons la décision d'Air France. (...) nous serons toujours aux côtés d'Air France, comme nous le sommes depuis le début de cette crise", a affirmé Bruno Le Maire vendredi matin sur RTL.
Les États français et néerlandais pourraient participer à cette opération "au prorata" de leurs participations actuelles, et "à travers une compensation partielle" des aides qu'ils ont consenties au groupe, selon Air France-KLM. "Le sujet est sur la table, il faut attendre que le cours de Bourse remonte à un niveau plus optimal" pour une telle opération, explique une source proche du dossier.
Il y a un an, en avril 2021, l'État avait déjà converti en quasi fonds propres 3 milliards d'euros de prêts et participé à une augmentation de capital d'un milliard d'euros, tout comme en Allemagne l'État avait volé au secours de la compagnie aérienne Lufthansa, en la recapitalisant en 2020.
Coûts "significatifs"
Pour EDF, comme pour Air France-KLM, l'aide de l'État français est un préalable à tout rétablissement financier. "Il y a derrière tout cela une vraie stratégie économique, c'est la stratégie de soutien aux fleurons industriels français", a insisté Bruno Le Maire, rappelant également le soutien de l'État à Renault via un prêt garanti durant la crise. "Il faut que les entreprises puissent reconstituer leurs fonds propres à un niveau qui leur permette de se refinancer sur les marchés", c'est-à-dire auprès d'investisseurs privés, explique-t-on à Bercy.
Si les montants en jeu sont conséquents, la question du financement ne se pose pas dans l'immédiat pour l'État, qui s'est donné depuis 2020 des marges de manœuvres budgétaires au gré des lois de finances. Pour 2022, le gouvernement a prévu jusqu'à 7 milliards d'euros pour des opérations en capital, via le compte d'affectation spéciale dédié, selon les documents budgétaires publiés à l'automne dernier.
L'Agence des participations de l'État (APE), qui gère les participations publiques dans les grandes entreprises, prépare aussi pour le futur exécutif qui sera issu de l'élection présidentielle une évolution de sa doctrine pour tenir compte des difficultés des entreprises de son portefeuille. La Cour des comptes s'est toutefois inquiétée dans un rapport publié ce mois-ci des "coûts" qui "pèseront" sur l'APE en raison "des besoins de recapitalisation liés à la crise sanitaire". "Les effets retardés de la crise pour les participations gérées par l'APE pourraient être significatifs", a-t-elle prévenu.
(avec AFP)
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