(BFM Bourse) - Loin de déstabiliser le cours de la biotech française DBV, l'autorisation de mise sur le marché accordée à Aimmune pour son médicament Palforzia entraîne une hausse du titre. Le tarif fixé par le groupe américain, supérieur à 10.000 dollars par an, montre sa confiance quant à une large adoption du traitement, malgré ses inconvénients.

C'est une première en matière de lutte contre les allergies alimentaires, qui peuvent provoquer des crises fatales dans des cas heureusement rares. Et représentent un marché potentiel considérable: 32 millions d'américains souffrent d'au moins une allergie alimentaire, dont pour les plus répandues le lait, les oeufs, les arachides, les noix, le blé, le soja, le poisson et les crustacés. La seule allergie aux arachides entraîne chaque année aux États-Unis 125.000 admissions aux urgences, et malheureusement 150 à 200 décès par choc anaphylactique. Pour la première fois, l'agence américaine du médicament vient d'homologuer un traitement. Il s'agit d'un produit développé par Aimmune Therapeutics, et le français DBV Technologies se retrouve coiffé au poteau - le dossier de sa propre solution Viaksin Peanut étant encore en cours d'examen. Mais l'annonce reste positivement interprétée par les actionnaires de DBV, dans la mesure où ce premier produit aura le mérite de défricher un marché totalement vierge. Ainsi, le titre DBV prend 3,54% à 18,15 euros vers 15h35, quand Aimmune a débuté en hausse de près de 10% à Wall Street.

Si Aimmune s'était lancé plus tardivement dans la course, c'est bien le groupe américain, fondé en 2011 (contre 2002 pour DBV) qui a obtenu la toute première homologation pour un produit destiné à lutter contre l'allergie à l'arachide. Il ne s'agit certes pas de désensibiliser du jour au lendemain les personnes allergiques à toute trace de cacahuète, mais de traiter des jeunes enfants de telle sorte qu'une exposition accidentelle -par exemple à l'école en partageant un goûter- n'entraîne pas une crise nécessitant une injection d'adrénaline. Ainsi, au terme d'un traitement au long cours, la plupart des jeunes patients traités avec Palforzia -le nom commercial- semblent ne ressentir qu'une gêne légère en cas d'ingestion d'une petite dose d'arachide, voire aucune réaction pour ceux qui répondent le mieux à ce traitement. Mais pas question de se régaler de tartines de beurre de cacahuètes pour autant.

C'est donc une certaine tranquillité d'esprit que propose Aimmune aux parents (en attendant une probable extension de l'indication aux patients adultes) moyennant la somme rondelette de... 10.680 dollars par an. Ce prix (indicatif, avant remises aux organismes payeurs et programmes habituels d'accès) ressort nettement dans le haut de la fourchette de ce qu'attendaient les analystes.

Aimmune apparaît donc confiant quant à la capacité du marché à absorber un tel tarif, alors même que la composition de son traitement n'est autre que... de l'arachide (Arachis hypogaea) sous forme un peu atténuée, administrée à des doses croissantes. Or, certains praticiens pratiquent déjà empiriquement une forme de désensibilisation voisine, pour un coût incomparablement moindre...

Et dans un premier temps, l'Institute for Clinical and Economic Review (ICER), un organisme indépendant qui se spécialise sur l'aspect pharmaco-économique, a jugé que les bénéfices à long terme d'un tel traitement ne justifiaient pas pleinement ses risques, puisqu'un choc allergique est toujours possible pendant la phase de traitement. L'ICER avait aussi à l'époque estimé qu'une fourchette raisonnable de prix serait de 4.800 à 7.200 dollars...

Pour Oddo BHF, l'approbation du Palforzia (ex-AR101) et la tarification escomptée sont plutôt positifs quoi qu'il en soit pour DBV Technologies. Malgré l'avertissement figurant sur la notice du médicament, rappelant qu'il demeure malgré tout un risque de choc anaphylactique et mettant particulièrement en garde les patients asthmatiques, le prix est supérieur aux attentes du bureau d'études, qui maintient son conseil d'achat sur DBV avec un objectif de 25 euros dans l'attente d'une réponse pour son Viaskin Peanut d'ici l'été.