(BFM Bourse) - L'avionneur a annoncé vendredi après la clôture de marché des livraisons de Rafale et de Falcon inférieures à ses objectifs. Les faibles prises de commandes de la famille de jet d'affaires sont davantage préoccupantes, selon Deutsche Bank, qui a révisé son conseil d'acheter à conserver sur la valeur ce lundi.
Il n'y a pas eu de "miracle de Noël" pour Dassault Aviation, comme l'écrit très justement Deutsche Bank. Le concepteur du Rafale et de la famille de jet d'affaires Falcon a annoncé vendredi soir après la clôture du marché son bilan commercial pour l'année 2023. Il en ressort des livraisons inférieures à ses propres objectifs, et ce de façon très nette sur les Falcon.
Dassault Aviation n'a livré que 26 Falcon en 2023, soit neuf de moins que les 35 visés par le groupe, après 32 en 2022. Le raté est moins important sur les Rafale, avec 13 avions livrés contre un objectif de 15.
Concernant les Falcon, Dassault invoque les tensions sur sa chaîne d'approvisionnement et la dispersion de ses sites de production sur plusieurs lieux, là où le Rafale n'est lui fabriqué que sur le site de Mérignac, explique Deutsche Bank.
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Des commandes en berne pour les Falcon
"Bien que nous comprenions le rationnel (les raisons invoquées NDLR), une communication plus précoce sur ce faible niveau de livraison aurait été appréciée", ajoute la banque allemande dans une note publiée lundi. L'établissement écrit que les neufs livraisons manquantes ne seront pas effectuées au début de l'année, ce qui décale en conséquence le plan de livraison des Falcon.
Davantage que les livraisons, Deutsche Bank explique être "préoccupée" par la chute des commandes de Falcon. Sur l'ensemble de 2023, Dassault Aviation a engrangé pour 23 commandes de jets privés, ce qui représente une baisse de plus de 60% par rapport aux 64 unités de 2022.
En conséquence, le carnet de commandes des Falcon recule de 3 avions sur un an, à 84, à fin 2023, un niveau certes élevé. Mais la dynamique commerciale est mauvaise, car Dassault n'a enregistré que 11 commandes au second semestre, après 12 au premier, alors que la seconde partie de l'année est traditionnellement plus porteuse, les commandes ayant tendance à être passées par les clients en fin d'année.
Certes, l'aviation d'affaires reste un marché cyclique dépendant de la conjoncture et des risques géopolitiques. Or la macroéconomie n'a pas franchement été porteuse sur la deuxième partie de 2023 et l'embrasement du conflit entre Israël et le Hamas en octobre a peut-être pu peser.
Mais Deutsche Bank n'en juge pas moins les prises de commandes inquiétantes dans la mesure où les concurrents nord-américains du groupe français sur les jets d'affaires ont fait part d'une croissance de leurs carnets d'ordres de 5% à 6% en moyenne sur les neuf premiers mois de 2023, là où celui de Dassault s'est donc replié de trois unités sur l'ensemble de 2023.
"Les résultats des commandes de l'exercice 2023 ne sont pas de bon augure pour 2024, car les commandes ont tendance à traîner pendant une année électorale aux États-Unis", explique Deutsche Bank.
L'action souffre
Évidemment la tendance commerciale est bien meilleure pour le Rafale, Dassault ayant engrangé 60 commandes sur 2023, avec, en plus, les annonces de finalisation de tranches du côté de l'Indonésie (18 unités) et de la France (42), ce mois de janvier. Mais il est désormais difficile de voir quels autres clients pourraient annoncer des commandes dans les prochains mois, si ce n'est l'Inde qui a sélectionné en juillet le Rafale Marine pour équiper l'Indian Navy à hauteur de 26 avions. Le contrat en bonne et due forme doit encore être finalisé.
À la lueur de ces résultats commerciaux plus faibles qu'escompté, Deutsche Bank a abaissé sa recommandation sur la valeur d'"acheter" à "conserver", et réduit de 30% sa prévision de résultat opérationnel pour 2023, de 8% celle de 2024, de 10% pour 2025 et de 7% pour 2026. L'objectif de cours est lui abaissé à 199 euros contre 216 euros précédemment.
A la Bourse de Paris, l'action Dassault Aviation souffre, chutant de 5,1% à 180 euros vers 12h10 soit nettement plus que le SBF 120, qui recule de 0,2% au même moment.
Dassault Aviation publiera ses résultats financiers le 6 mars prochain. Le groupe n'effectue que trois communication financière régulière par an, à savoir les résultats semestriels et annuels ainsi que son bilan commercial. Des publications "améliorées et plus fréquentes pourraient" soutenir l'action, estime Deutsche Bank.
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