PARIS (Reuters) - Le Crédit agricole exclut pour le moment de se lancer dans de nouvelles acquisitions pour se développer en Europe, estimant que la priorité du groupe bancaire coopératif reste d'achever la restructuration de sa filiale grecque Emporiki.
La banque, qui présente mercredi sa feuille de route pour les dix ans à venir devant les dirigeants des caisses régionales, a aussi indiqué qu'elle ne s'était pas fixée de délai particulier pour reprendre le chemin de la croissance externe.
"On va faire de la croissance organique là où nous sommes présents. On exclut des acquisitions pour le moment", a fait savoir Jean-Paul Chifflet, directeur général de Crédit agricole SA, le véhicule coté du groupe Crédit agricole, lors d'un dîner avec la presse, en amont du congrès.
"On va rester calme. On va d'abord gérer la Grèce", a-t-il ajouté. Ces propos, qui ont été tenus lundi soir, étaient sous embargo jusqu'à ce mercredi.
Prié de dire quand la banque entendait se lancer dans de nouvelles opérations de croissance externe, Jean-Paul Chifflet, qui a remplacé Georges Pauget en mars dernier, a répondu: "Je ne vais pas fixer de calendrier".
A la Bourse de Paris, l'action Crédit agricole subissait, comme les autres banques, les inquiétudes des investisseurs sur l'exposition de la banque à l'Espagne dont l'agence de notation Moody's a mis la note souveraine sous surveillance.
Outre une exposition de 2,3 milliards d'euros à la dette souveraine espagnole, le Crédit agricole détient aussi une participation de 20% dans la banque espagnole Bankinter, selon les données de Thomson One.
Vers 10h30, le titre abandonnait 2,02% à 10,45 euros, sous-performant l'indice de référence Stoxx 600 des banques européennes (-1,3%%). Au même moment, BNP Paribas et Société Générale cédaient respectivement 1,76% et 1,96%.
Depuis le début de l'année, le Crédit agricole est en repli de près de 16%.
"Aujourd'hui, globalement, le Crédit agricole c'est une banque qui se recentre sur ce qu'elle sait faire, c'est-à-dire le retail (banque de détail - NDLR) et qui va réparer les erreurs en Grèce", relève un analyste financier basé à Paris. "Pour eux, la croissance externe c'est terminé".
PAS D'INFLEXION STRATÉGIQUE DANS LA BFI
Après avoir entamé en 2008 la réorganisation de sa banque de financement et d'investissement (BFI), dont les comptes ont viré dans le rouge avec la crise des subprime, le Crédit agricole s'est attelé depuis l'an dernier à restructurer Emporiki, la banque rachetée en 2006 et plombée par les pertes en raison de la récession qui frappe la Grèce.
Le redressement d'Emporiki, qui doit redevenir bénéficiaire en 2012, est, pour Jean-Paul Chifflet, indispensable pour que le Crédit agricole puisse accélérer son expansion en Europe.
"Si on veut réussir en Europe, il faut qu'on réussisse en Grèce (...) Il faut d'abord réussir à restructurer Emporiki et après on verra", a insisté le DG de Crédit agricole SA, indiquant que la filiale grecque avait déjà coûté quatre milliards d'euros à la Banque verte, prix d'acquisition inclus.
La banque ne s'est en revanche pas montrée très éloquente sur ses ambitions dans la péninsule ibérique où elle détient, outre sa part dans Bankinter, près de 11% de la banque portugaise Banco Espirito Santo, laissant du coup toutes les options ouvertes.
"On ne spécule pas sur l'Espagne. On regarde ce qui s'y passe. On n'a pas pris de décision", a encore dit Jean-Paul Chifflet. "Au Portugal, aussi".
Le Crédit agricole, dont le marché surveille de près les ratios de solvabilité financière, a renvoyé à fin février et début mars 2011, dates de la présentation des résultats annuels et du plan stratégique à trois ans de la banque, pour chiffrer l'impact des nouvelles règles prudentielles du comité de Bâle et divulguer ses nouveaux objectifs financiers.
Il a fait savoir que la banque n'envisageait pas d'évolutions stratégiques majeures dans ses activités de financement et d'investissement.
"Dans la BFI, on a eu un recentrage. On continue dans cette voie là", a-t-il poursuivi.
Le directeur général de Crédit agricole SA a aussi indiqué à Reuters que la banque envisageait de céder une partie de son activité de capital investissement (private equity).
"On y réfléchit. Ce ne sera qu'une partie. C'est marginal", a dit Jean-Paul Chifflet à Reuters à la fin du dîner.
Matthieu Protard, édité par Jean-Michel Bélot
Copyright © 2010 Thomson Reuters
Recevez toutes les infos sur CREDIT AGRICOLE en temps réel :
Par « push » sur votre mobile grâce à l’application BFM Bourse
Par email