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BRENT CRUDE DR SP

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Brent crude dr sp : Pourquoi les prix du pétrole pourraient grimper en 2023

dimanche 11 décembre 2022 à 07h00
La Chine devrait soutenir la demande

(BFM Bourse) - Les bureaux d’études voient le baril de Brent se situer entre 100 et 115 dollars en 2023. La réouverture de l’économie chinoise pourrait soutenir la demande, tandis que l'offre risque de pâtir de tensions et d'un début de baisse de la production de la Russie.

L’année 2022 risque de finalement s’avérer mi-figue mi-raisin pour le pétrole. Depuis le 1er janvier, le Brent de mer du Nord perd 2,3% (*). Le WTI côté à New York cède lui 4,8%.

Les prix ont été portés au début de l’année par les tensions liées au conflit en Ukraine. Le pétrole a ainsi touché un pic proche de 140 dollars le baril en mars. Mi-juin, le Brent évoluait encore nettement au-dessus des 120 dollars. Mais les cours ont ensuite chuté au point qu’aujourd’hui le Brent s’échange sous les 80 dollars (76 dollars), miné notamment par la dégradation de la conjoncture économique.

Mais la donne pourrait bien changer l’an prochain, à en croire les projections de différents intermédiaires financiers. Pictet Wealth Management table sur un baril de Brent à 115 dollars fin 2023. UBS anticipe de son côté un baril de Brent à 110 dollars dès mars prochain tandis que Bank of America le voit s’élever à 100 dollars en moyenne sur l’année. "Il existe des facteurs de hausse mais aussi de baisse pour le pétrole l’année prochaine", nuance Raphaël Dubois, analyste pétrole et gaz chez Société Générale. "Nous avons pour hypothèse de travail un cours moyen du Brent de 85 dollars le baril, ce qui reste prudent" mais "il faut rappeler que le marché connaît une volatilité effarante", expose-t-il.

La réouverture de la Chine comme facteur X

La reprise de l’activité économique en Chine, où les autorités ont sensiblement assoupli cette semaine les restrictions sanitaires liées à la politique zéro-Covid, constitue le plus important catalyseur cité par les intermédiaires financiers.

UBS anticipe une progression du produit intérieur brut de la Chine de 5% l’an prochain et s’attend à une fin permanente des confinements dans le pays au troisième trimestre 2023. Ce qui signifie qu’une forte croissance de la demande de la deuxième économie mondiale pourrait survenir en 2023. "Il ne faut pas oublier que sur l’année prochaine il y aura un stress important sur le marché du pétrole, en particulier si la Chine devait rouvrir", soulignait la semaine dernière sur BFM Business Benjamin Louvet, gérant matières premières chez OFI Asset Management.

Par ailleurs, les membres de l’OCDE se retrouvent à l'heure actuelle avec un niveau de réserves stratégiques "au plus bas depuis 18 ans", rappelle Benjamin Louvet. UBS estime ainsi que plusieurs pays en Europe ou en Asie pourraient restocker du brut afin de respecter l’obligation de détenir des réserves stratégiques représentant 90 jours d’importations.

Plus largement, sur le front de la demande, "les risques de récession constituent clairement le point négatif pour l’an prochain, car le pétrole reste le lubrifiant de l’ensemble de l’économie, on le trouve partout, que ce soit dans les carburants ou les biens de consommation", juge Raphaël Dubois.

Toutefois, la demande devrait rester en hausse l'année prochaine. "La consommation de pétrole se situe actuellement à 100 millions de barils par jour. Elle reste structurellement sur une pente ascendante, et les années de forte baisse sont très rares (crise financière de 2008, Covid en 2020). Pour l’heure, le scénario central demeure celui d’une petite hausse de la demande mondiale, malgré les risques de récession. Mais on ne peut exclure une baisse si cette récession s’avère trop brutale", développe Raphaël Dubois.

Des capacités limitées sur l’offre

L’offre, elle, reste contrainte et pourrait se retrouver sous tension. Dans une interview au Financial Times début octobre, le directeur général de la major saoudienne Saudi Aramco, Amin Nasser, lançait un avertissement sur les capacités de production.

En raison de sous-investissements dans le secteur, les capacités en réserve restent "extrêmement faibles" et pourraient être "complètement érodées" si la Chine venait à rouvrir son économie, expliquait-il. Selon Pictet Wealth Management, plusieurs membres de l’Opep+ (l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et leurs alliés), comme le Nigéria, l’Angola et le Mexique, peinent déjà à tenir leurs quotas, en raison justement des sous-investissements dans la production.

"Le pétrole est une matière première un peu capricieuse, c’est-à-dire que si vous ne faites rien, un puits de pétrole va donner de moins en moins de pétrole, donc si vous n’investissez pas vous n’arrivez pas à maintenir votre niveau de production", rappelle sur ce point Benjamin Louvet. C’est ce qu’on appelle le phénomène dit de "déplétion naturelle".

La Russie sous pression

Concernant les embargos de l’Union européenne sur le brut russe, entré en vigueur le 5 décembre, et sur les produits raffinés, qui sera effectif à compter du 5 février, Bank of America s’attend à ce que ces mesures conduisent la Russie à livrer davantage les pays émergents plus lointains, comme l’Inde, la Chine ou le Brésil. "L'allongement de la durée des voyages pour les cargaisons russes, associé aux transferts de navire à navire et à d'autres facteurs, pourrait mettre à rude épreuve les flottes de pétroliers", prévient la banque américaine qui redoute des pertes d’approvisionnements.

"Les sanctions occidentales visant la Russie devraient avoir pour effet de causer une baisse de la production de pétrole russe. Pas tant au niveau des embargos commerciaux, car la Russie pourra écouler son brut vers d’autres pays, comme l’Indonésie ou l’Inde. Mais davantage sur le plan des infrastructures de production", souligne de son côté Raphaël Dubois.

"Si la Russie rencontre la moindre difficulté technique, elle ne pourra bénéficier des pièces de rechange ou de l’expertise d’ingénierie des grandes entreprises occidentales. C’est ce qui s’est observé pour l’Iran et le Venezuela, qui ont eux aussi été frappés par des sanctions", poursuit-il. "On pourrait constater les premiers effets de ce phénomène dès l’année prochaine avec une potentielle baisse de la production russe", considère l’analyste de Société Générale.

De leur côté, les Etats-Unis, eux, "ne devraient augmenter que modestement leur production car les grands groupes producteurs estiment que l’environnement n’est pas propice pour augmenter leurs investissements", anticipe Raphaël Dubois.

Dans cet environnement globalement haussier, les valeurs du secteur pourraient bénéficier de vents porteurs. "Les majors pétrolières devraient encore afficher d’excellents résultats financiers l’année prochaine, tout en renforçant la vigueur de leur bilan financier et en accélérant leurs investissements dans la transition énergétique. De plus, leurs valorisations sont très attractives. S’il est possible pour les gérants d’ignorer ces atouts sur une année, cela sera compliqué de s’en priver encore en 2023", prévient Raphaël Dubois. Quant aux sociétés parapétrolières, elles "devraient bénéficier de la reprise des investissements des grands producteurs au Moyen-Orient", complète-t-il.

(*) Les cours ont été arrêtées vendredi 9 décembre en début d'après-midi.

Julien Marion - ©2025 BFM Bourse
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