(BFM Bourse) - Le groupe Bolloré a décidé de lancer une offre de rachat sur 9,78% de son propre capital, ce qui entraînera mécaniquement une augmentation de la participation de la famille Bolloré. Et réduit la probabilité d'une offre publique d'achat sur Vivendi à court terme.

Le groupe Bolloré possède des moyens financiers conséquents. La société détenue et contrôlée par l'homme d'affaires Vincent Bolloré et sa famille a dévoilé mardi soir ses résultats, avec un bénéfice de 3,4 milliards d'euros.

Ce montant s'explique principalement par la plus-value de cession sur ses activités logistique en Afrique, de 3,15 milliards d'euros.

La société présente ainsi des finances extrêmement saines. A fin décembre, le groupe n'est plus endettée: il affiche une position de trésorerie nette de 1,21 milliard d'euros, alors qu'un an auparavant il présentait encore une dette nette de 3,43 milliards d'euros.

L'entreprise explique par ailleurs disposer de 12 milliards d'euros de disponibilités et de lignes de crédit.

Renforcement de la famille Bolloré

Pour l'heure, une partie de cette impressionnante puissance de frappe va être utilisée pour des rachats d'actions, qui entraîneront le renforcement de Compagnie de l'Odet, holding de la famille Bolloré, qui possède un peu moins de 67% du capital de Groupe Bolloré.

L'entreprise a ainsi annoncé mardi soir son intention de mettre en oeuvre une offre publique d'achat simplifiée sur 9,78% de son capital, soit un peu plus de 288,6 millions d'actions. Le prix envisagé par la société est de 5,75 euros par titre, soit une prime de 12% par rapport au cours de clôture de mardi soir. Un simple calcul permet donc d'arriver à un montant théorique d'1,66 milliard d'euros.

Groupe Bolloré a précisé que Compagnie de l'Odet ne comptait pas participer à cette opération, "afin d’en laisser l’entier bénéfice aux autres actionnaires de Bolloré SE".

Mécaniquement, cette opération gonflera la part de la holding. "Compagnie de l'Odet passerait à 74% du capital de Groupe Bolloré", calcule un analyste qui juge que "le fait que Bolloré décide de racheter ses propres titres envoie un signal positif sur la valorisation".

A la Bourse de Paris, groupe Bolloré s'adjuge près de 7,5% vers 10h45, tandis que Compagnie de l'Odet gagne 4,6%. Mais, toujours dans la galaxie Bolloré, Vivendi chute de son côté de près de 5%, accusant l'une des plus forte baisses du CAC 40.

Vers une OPA sur Vivendi?

Depuis plusieurs mois, nombre d'analystes évoquent la possibilité que Groupe Bolloré lance une offre publique d'achat (OPA) sur Vivendi. L'entreprise de la famille Bolloré possède actuellement environ 29,6% de Vivendi. Mais cette participation va automatiquement progresser avec les annulations d'actions que la société compte effectuer. Vivendi possède actuellement environ 7% de ses propres actions, soit 78,19 millions de titres, et doit en annuler au total 42 millions au second semestre 2023 dont 37 millions au mois de septembre, a indiqué la semaine dernière son directeur financier, François Laroze.

La conséquence est qu'en septembre, la participation du groupe Bolloré devrait dépasser le seuil de 30%, seuil à partir duquel un actionnaire a l'obligation de déposer une offre publique d'achat (OPA).

Néanmoins "le fait que Groupe Bolloré investisse pour racheter ses propres titres vient un peu réduire la probabilité d'un scénario d'une OPA à court terme", estime l'analyste précédemment cité.

Plusieurs bureaux d'études, comme Deutsche Bank ou Bank of America, citent une potentielle OPA de Bolloré comme l'un des catalyseurs pouvant propulser l'action Vivendi. D'autant qu'outre ses liquidités, la société peut toujours envisager des cessions pour financer ces opérations. Cité par l'AFP, Oddo BHF évoquait dans une récente note la cession de la branche de logistique, la valorisant à 3,6 milliards d'euros.

Néanmoins, Bolloré peut très bien éviter de franchir ce seuil en cédant des actions. "Une autre possibilité serait que Vivendi n'annule pas ses actions auto-détenus mais s'en serve pour financer une acquisitions", souligne l'analyste précédemment cité.