(BFM Bourse) - Sanofi a ouvert des négociations exclusives avec Biocorp en vue d'intégrer le dispositif connecté Mallya pour stylos à insuline conçu par la PME auvergnate à sa plateforme de soins du diabète. Et le laboratoire verse pour cela 4 millions d'euros à l'entreprise.
Sanofi paie pour voir. Le géant pharmaceutique tricolore a entamé des négociations exclusives avec Biocorp, concepteur et fabricant de systèmes d’administration pour des médicaments injectables (notamment l'insuline dans le diabète), en accordant pour cela à la PME auvergnate un premier paiement de 4 millions d'euros. Soit davantage que l'ensemble du chiffre d'affaires réalisé l'année dernière par Biocorp.
Ce qui n'empêchait pas les prises de bénéfices sur le titre, en recul de 2,26% à 13 euros mercredi vers 15h30, il est vrai après une performance échevelée (plus de 80%) depuis le début de l'année. À ce niveau, l'action Biocorp s'affiche à un niveau bien supérieur à son prix d'introduction de 9,25 euros en 2015. Une véritable exception dans un secteur qui a beaucoup déçu, faute notamment pour beaucoup d'entreprises de technologies médicales d'avoir pris la mesure des difficultés à fiabiliser, industrialiser et commercialiser des innovations aussi prometteuses soient-elles sur le papier.
L'entreprise établie à Issoire dans le Puy-de-Dôme a pour elle de maîtriser a minima l'aspect production, puisque son premier métier est la fabrication (injection plastique et assemblage) de pièces de conditionnement de qualité pharmaceutique telles que canules, compte-gouttes, systèmes de reconstitution de solutions lyophilisées etc. pour le compte de laboratoires pharmaceutiques et vétérinaires.
Biocorp a été fondée par Jacques Gardette, industriel bien connu des motards français pour avoir été à l'origine de la marque Voxan, et fondateur d'autres entreprises de dispositif médical, revendues depuis à des leaders américains. Au-delà de son activité de production, la firme est très active en recherche & développement (avec un budget représentant l'équivalent des trois quarts de son chiffre d'affaires en 2018). Son projet de R&D le plus prometteur, dénommé Mallya, est un capteur amovible permettant de transformer les stylos à insuline, des dispositifs le plus souvent jetables permettant aux personnes diabétiques de s'injecter (relativement) commodément les doses d'insuline, en un dispositif connecté.
Conçu pour se fixer sur la plupart des stylos du marché (notamment de Sanofi, Lilly ou Novo), ce capteur permet d'enregistrer la dose précise, le type d'insuline, l'heure et la date de chaque injection, et de transmettre en temps réel via Bluetooth ces données à une app installée sur le téléphone du patient. L'intérêt est de se dispenser du fastidieux carnet d'autosurveillance et de faciliter l'observance du traitement. Le médecin prescripteur peut ensuite mieux calculer l'effet réel du traitement pour l'adapter au besoin. En outre ce "capuchon connecté" apporte un guidage du patient par des signaux visuels et auditifs durant l'injection.
Dans sa catégorie, Mallya (futur nom commercial du produit, désigné à l'état de projet comme Easylog) est aujourd'hui le seul dispositif évalué par les autorités réglementaires européennes à répondre aux exigences de précision requises pour un marquage CE dit de "dispositif médical classe IIb". C'est au sujet de ce capteur que Sanofi et Biocorp ont ouvert des négociations exclusives, en vue de conclure un accord de licence. Pendant la période de discussions, les deux parties s'interdisent donc de discuter avec des tiers et en échange Biocorp a reçu un paiement initial de 4 millions d'euros afin de soutenir les activités de développement connexes.
"Je ne doute pas que l’avenir confirmera que ce n’est qu’une première étape pour Mallya. Cette solution innovante dispose d’un très gros potentiel pour se hisser au rang de standard sur son marché et devrait participer très significativement et dans un temps très court à notre très forte croissance", a fait valoir Eric Dessertenne, directeur général délégué de Biocorp. Selon lui, l'issue des discussions pourrait être connue avant la fin de l'année 2019. "Nous pensons que l'accord avec Sanofi sera supérieur à la somme des deux précédents", a confié le dirigeant à BFM Bourse, en référence au deal conclu en février avec AgaMatrix (désormais titulaire de droits non exclusifs de distribution de Mallya aux États-Unis, au Royaume-Uni et sur le marché européen dans le domaine du diabète) et l'an dernier avec Chronicare.
"Sur nos cinq ou six produits en développement, Mallya va représenter une très grosse majorité du chiffre d'affaires", a estimé Eric Dessertenne. Cette année, Biocorp devrait réaliser à peu près 10 millions d'euros de chiffre d'affaires et atteindre pour la première fois la rentabilité tant au niveau du résultat opérationnel que du net, selon le directeur général délégué.
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