par Pascale Denis
PARIS (Reuters) - La nouvelle gouvernance adoptée par Axa, qui donne les pleins pouvoirs à Henri de Castries, ne devrait guère modifier le fonctionnement opérationnel du groupe d'assurance mais permettre au futur P-DG d'avoir les mains libres pour mener à bien sa stratégie de croissance externe.
Henri de Castries, 55 ans, président du directoire d'Axa depuis 2000, cumulera les fonctions de président et de directeur général à compter du printemps prochain, sous réserve de l'approbation par les actionnaires de la transformation de la gouvernance du groupe .
L'ensemble des analystes financiers s'accordent à dire, jeudi, que la nouvelle organisation avec conseil d'administration changera peu le fonctionnement opérationnel d'un groupe dont la direction est assumée par deux hommes: Henri de Castries et son directeur financier Denis Duverne.
Ce dernier, bientôt 57 ans, fera partie du futur conseil d'administration et deviendra directeur général délégué.
"Cela ne change rien sur le plan opérationnel", remarque Danny Jacques, analyste de Raymond James.
"Le groupe est déjà extrêmement centralisé et sa direction très resserrée. Cela ne changera pas grand chose", renchérit un expert du secteur.
Alors que des spéculations circulent de façon récurrente sur un éventuel départ de Henri de Castries, approché en mai 2007 pour faire partie du premier gouvernement de Nicolas Sarkozy, ces nouvelles fonctions offrent plus de visibilité sur son engagement et sa longévité au sein du groupe.
"En interne, cela donne plus de visibilité sur la stabilité du management", note Emmanuelle Cales, analyste à la Société générale.
ACQUISITIONS
Le futur P-DG aura aussi les mains libres pour mener à bien la stratégie de croissance externe qu'il souhaite poursuivre dans les pays émergents , alors que certains analystes tablent sur une vague de consolidation dans le secteur de l'assurance .
"Il va y avoir des décisions importantes à prendre prochainement en termes d'acquisitions, avec la sortie de crise, l'accès aux marché et au crédit. Il aura les mains plus libres pour agir", indique un analyste pour qui les investisseurs attendent une "opération d'envergure".
La nouvelle organisation vient aussi couronner, de l'avis général, la réussite d'un management qui a fait la preuve de sa réactivité et de son efficacité pendant la crise, malgré la tempête provoquée sur les marchés en février dernier par une faille dans la communication financière qui avait laissé anticiper une possible augmentation de capital en pleine tourmente financière .
"Le duo Catries-Duverne a incontestablement bien piloté la crise et je ne pense pas que le groupe sera tellement plus efficace demain qu'hier", souligne un autre analyste.
"Cette décision me semble assez naturelle. De Castries a démontré ses capacités à bien gérer les périodes délicates," renchérit Stephane Chossat, gérant à Hixance Asset Management.
Elle pourrait aussi faire émerger "de nouvelles têtes", voir une "nouvelle garde rapprochée" au comité exécutif, qui compte six membres aujourd'hui et dont trois ont plus de 60 ans.
"Henri De Castries n'a pas vraiment fait émerger de nouveaux noms, même si le sujet de sa succession n'est pas à l'ordre du jour", remarque un expert.
INUTILITÉ
La structure de gouvernance duale d'Axa remontait à 1997, date à laquelle un siège de président du conseil avait été offert au patron de l'UAP, Jacques Friedman, qu'Axa venait de racheter. Ce poste a ensuite été occupé, à partir de 2000, par Claude Bébéar, fondateur du groupe d'assurance, Henri de Castries prenant la tête du directoire.
En février 2008, la nomination du successeur de Claude Bébéar, Jacques de Chateauvieux, P-DG du groupe Bourbon sans expérience du monde de l'assurance, avait surpris.
"Cette présidence a été comme une phase de transition entre le départ de Claude Bébéar et la décision de faire de Henri de Castries le P-DG du groupe", souligne un analyste pour qui le système dual a fait la preuve de son inutilité pendant la crise.
"Dans la crise, qui a requis des compétences techniques extrêmement pointues, je pense que le conseil de surveillance n'a servi à rien (...) sans parler de sujets tout aussi ardus à venir, comme la réforme prudentielle et comptable".
Le titre Axa a clôturé jeudi en hausse de 1,41% à 19,0650 euros à la Bourse de Paris, pour une capitalisation boursière de 39,3 milliards d'euros. Depuis le début de l'année, la valeur prend 20,3%, exactement comme l'indice sectoriel européen de l'assurance DJ Stoxx (+20,3%).
Edité par Jean-Michel Bélot
Copyright © 2009 Thomson Reuters
Recevez toutes les infos sur AXA en temps réel :
Par « push » sur votre mobile grâce à l’application BFM Bourse
Par email