(BFM Bourse) - L'Etat français a soumis une offre non engageante pour racheter les activités posant un enjeu de souveraineté nationale pour une valeur d'entreprise allant de 700 millions à 1 milliard d'euros. Dans le même temps le groupe a relevé de 600 millions d'euros ses besoin de liquidités.

L'État sort le chéquier pour pérenniser les activités souveraines d'Atos. Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, avait prévenu dès dimanche soir, sur LCI.

"Il y a dans Atos un certain nombre d'activités qui sont stratégiques pour la nation française, pour la souveraineté, pour la défense, en matière de cybersécurité, de supercalculateurs, de nucléaire. Ces activités souveraines doivent rester sous le contrôle exclusif de la France", avait déclaré le locataire de Bercy. Bruno Le Maire annonçait alors avoir remis, via l'agence des participations de l'État, une lettre d'intention en vue d'acquérir "toutes les activités de souveraineté d'Atos". Le dirigeant politique précisait que d'autres "acteurs souverains français" accompagneraient l'État dans ce projet.

Atos a confirmé ce lundi matin avoir reçu une offre portant sur ces activités, qui regroupent à la fois les produits de cybersécurité, la division "mission critical systems" qui fournit des systèmes électroniques avancés aux secteurs aéronautique, spatial et défense, et les métiers "advanced computing", avec les supercalculateurs.

L'entreprise de services numériques indique que l'offre de l'État se base sur une valeur d'entreprises (c'est-à-dire dette comprise) de 700 millions d'euros à 1,1 milliard d'euros. Le périmètre représente par ailleurs environ 1 milliard d'euros de revenus, soit 66% de la division BDS d'Atos, c'est-à-dire big data, supercalculateurs et cybersécurité.

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Besoins de cash revus à la hausse

"Le groupe accueille avec satisfaction cette lettre d’intention qui protégerait les impératifs stratégiques de souveraineté de l’État français. La phase de due diligence avec l’État français démarrerait prochainement, en vue de l’émission d’une offre non engageante confirmatoire d’ici à début juin 2024", a annoncé Atos.

La décision de l'État français survient pile au moment où Atos a nettement relevé ses besoins de liquidités pour la période 2024-2025, chiffrant ce lundi un total de 1,7 milliard d'euros contre 1,2 milliard d'euros. Cette précédente prévision a duré à peine deux semaines...

Le groupe estime avoir désormais besoin de 1,1 milliard d'euros de liquidités sous forme de dette et/ou de capital contre 600 millions d'euros précédemment.

Pour se donner davantage de flexibilité, la société compte aussi obtenir 300 millions d'euros de lignes de crédit renouvelables en plus ainsi que 300 millions d'euros de lignes de garanties bancaires. Soit donc un total qui s'élève à 1,7 milliard d'euros.

En outre, Atos a indiqué vouloir diminuer sa dette brute de 3,2 milliards d'euros à l'horizon 2026 contre 2,4 milliards d'euros précédemment, de sorte à retrouver une note de crédit "BB" à cette échéance.

Dilution massive à venir

A la Bourse de Paris, le titre Atos bondit de 16,4% vers 10h. "La réaction de marché est assez logique. Le groupe avait prévenu dès la semaine dernière qu'il reverrait à la hausse ses besoins de financement. Au final, la cession des activités à l'État, qui devrait être vite finalisée, permet a minima de compenser le besoin de financement supplémentaire, même si on ne sait pas encore s'il y aura de la dette dans la valeur d'entreprise communiquée par la société", observe un intermédiaire financier.

"En plus, l'État va probablement récupérer des activités assez peu margées et les banques vont probablement voir d'un bon œil cette cession", ajoute-t-il.

Rappelons qu'Atos se dirige très probablement vers une augmentation de capital conséquente. "La réduction de la dette brute d'Atos passera forcément par de la conversion de dettes en capital. On ne connaît pas exactement l'ampleur car le groupe a donné un cadre général et attend désormais les propositions. Mais la dilution sera dans tous les cas énorme", expliquait début avril à BFM Bourse Nicolas David, analyste chez Oddo BHF.

Le groupe lui-même prévenait que "compte tenu des besoins du groupe, un accord global de refinancement entraînera une dilution significative des actionnaires existants".

On peut toutefois citer l'objectif de cours de Société Générale pour se préparer. La banque de La Défense retient une cible de 20 centimes, soit plus de dix fois moins que le cours actuel de l'action.