par Gilles Guillaume et Caroline Jacobs

PARIS (Reuters) - Arkema n'a pas observé au cours du mois écoulé d'amélioration de la conjoncture économique, sauf un léger mieux en Chine, a déclaré le P-DG du groupe chimique dans une interview à Reuters.

Dans ce contexte, la priorité du groupe reste la gestion du cash flow et les réductions de coûts, mais aussi la stratégie d'innovation. Ainsi, il n'exclut pas de renforcer son pôle de Recherche & Développement via de petites acquisitions.

"Le message qu'on avait donné lors de la présentation des résultats, notre impression, c'est que le début de l'année était en ligne avec la fin de l'année 2008 et qu'on comptait sur une année 2009 qui serait globalement très difficile en termes d'environnement et de conjoncture, avec des volumes faibles. Aujourd'hui le message n'a pas changé", a indiqué Thierry Le Hénaff.

"La seule lueur qu'on voit pour l'instant c'est un mieux en Chine, mais en dehors de cela, on ne voit pas de vraie différence pour l'économie et la visibilité reste assez faible."

Arkema veut réaliser 20% de son chiffre d'affaires en Asie à l'horizon 2012 et faire de la plateforme chinoise de Changshu son troisième site mondial en 2011.

Le groupe a fait état début mars d'une baisse de 10% de son chiffre d'affaires au quatrième trimestre 2008 et d'une chute de 23% des volumes, conséquence d'un déclin sans précédent de la demande accentué par les déstockages de ses clients, notamment dans l'automobile et la construction.

Thierry Le Hénaff n'a pas donné d'autre précision sur le premier trimestre, pour lesquels les résultats seront publiés le 13 mai. Il a confirmé son objectif d'une marge d'Ebitda (Bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciations et amortissements) de 12% en 2011 si la normalisation anticipée pour cette année-là a bien lieu.

UN CAOUTCHOUC QUI SE RECOLLE TOUT SEUL

Le groupe, né en 2004 de la réorganisation de la branche chimie de Total, a pour ambition d'aller vers un portefeuille de produits à plus forte croissance et n'entend pas laisser la crise le faire changer de cap.

"On travaille à la fois sur le court terme, qui est passer la crise, mais on continue aussi à transformer l'entreprise dans ses dimensions stratégiques", poursuit Thierry Le Hénaff. "L'innovation, c'est l'antidote à la crise. On n'a jamais eu autant de projets de croissance qu'aujourd'hui malgré la conjoncture."

Ces projets s'articulent sur deux axes majeurs: le développement durable - avec les gaz fluorés de dernière génération pour la climatisation des voitures ou les plastiques fabriqués à partir d'huile de ricin - et les matériaux à très haute performance, dont l'un des exemples les plus prometteurs est un élastomère autocicatrisant.

Ce produit - le Reverlink - a pour propriété de se recoller tout seul. Utilisé en additif, il pourrait donc permettre de réparer automatiquement tout matériau présentant des microfissures et d'en allonger la durée de vie. Parvenu au stade industriel, ce caoutchouc fait déjà l'objet d'une trentaine d'accords de confidentialité.

"On commence à avoir un portefeuille de R&D qui est tout à fait digne de ce nom qu'on va continuer à renforcer de manière importante, à la fois par le travail interne mais également par de petites acquisitions", ajoute Thierry Le Hénaff.

D'ici cinq ans, Arkema compte réaliser 400 millions d'euros de chiffre d'affaires dans les produits issus d'innovations, contre une quarantaine de millions en 2008.

Édité par Jacques Poznanski

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