SAN FRANCISCO (Reuters) - Une possible réapparition publique de Steve Jobs, le directeur général d'Apple, lundi lors de la conférence annuelle des développeurs organisée par le groupe pourrait doper son cours de Bourse, mais à l'inverse son absence pourrait déclencher une baisse plus marquée encore du titre, estiment les analystes.

Un article récent du Wall Street Journal a relancé les spéculations sur un possible retour au premier plan de Jobs, en congé maladie prolongé depuis janvier et qui avait annoncé son retour pour la fin du mois de juin. Des sites internet et d'autres médias ont relayé l'information selon laquelle Jobs pourrait être présent à la Worldwide Developer Conference de San Francisco lundi.

Jobs, âgé de 54 ans et qui a survécu à un cancer du pancréas décelé en 2004, n'est pas seulement l'un des cofondateurs d'Apple: il est aussi et surtout, pour les investisseurs, le principal artisan de la "renaissance" de l'entreprise dans les années 1990, prélude au lancement de l'iMac, de l'iPod puis de l'iPhone.

Pour Peter Misek, analyste financier de Canaccord, l'action Apple pourrait gagner entre 1% et 5% si Job fait son apparition à la conférence de lundi mais elle ne baissera pas s'il n'est pas présent.

Au contraire, Trip Chowdhry, analyste de Global Equities Research, juge que le titre pourrait chuter de 10% si Jobs n'apparaît pas, une éventualité qu'il juge plus probable.

D'ÉVENTUELLES ANNONCES MARKETING JOUERONT AUSSI

Quant à Brian Marshall, de Broadpoint Amtech, l'excellente performance de l'action Apple pendant le congé forcé et prolongé de Steve Jobs prouve que ce dernier n'est plus indispensable pour assurer le succès de l'entreprise.

L'action Apple a fini vendredi soir à 144,67 dollars sur le Nasdaq. Elle a gagné 85% depuis son plus bas de 52 semaines touché en janvier à 78,20 dollars.

Les informations de vendredi sur un possible retour de Jobs dès lundi ne lui ont fait gagner que moins de 1%.

"Cela ne dépend pas seulement de Steve Jobs", estime Marshall, ajoutant que les investisseurs sont "très à l'aise" face à la perspective de voir le directeur général adjoint d'Apple, Tim Cook, remplacer Jobs un jour ou l'autre.

Pour Keith Bachman, de BMO Capital Markets, la présence de Jobs à San Francisco lundi serait bonne pour Apple mais moins que dans le passé.

"S'il fait une apparition lundi et s'il n'apparaît pas faible au point que le vent le ferait tomber, l'action montera", estime-t-il. Mais il ajoute que la variation du titre dépendra aussi d'autres facteurs, parmi lesquels d'éventuelles annonces concernant l'iPhone.

Le cours d'Apple est généralement volatil pendant la conférence annuelle des développeurs du mois de juin. L'action avait perdu environ 7% sur la durée de l'événement l'an dernier, et autour de 4% en 2007.

"Si cela avait eu lieu un an ou deux plus tôt, le titre aurait connu une énorme volatilité. Mais je crois que les investisseurs ont intégré le fait que la santé de Steve est une variable qu'il faut prendre en compte de manière continue", explique Bachman.

Selon le Wall Street Journal, la direction d'Apple essaie de coordonner le retour de Jobs et un lancement de produit ou une autre annonce publique marquante. Mais il cite des sources selon lesquelles Jobs est "réellement souffrant".

Clare Baldwin, version française Marc Angrand

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