(BFM Bourse) - La chute que subit Alstom depuis deux séances attire l'attention. Son ampleur alimente les inquiétudes, les investisseurs cherchant la cause de cette brutale correction sur une valeur qui a beaucoup enrichi ses actionnaires au cours de ces dernières années. Patrick Kron fait partie de l'un de ces heureux bénéficiaires. Le Président Directeur Général d'Alstom a récemment déclaré à l'AMF avoir souscrit 100 000 actions de la société à un prix unitaire de 17.20 euros le 18 décembre dernier. Une rémunération non usurpée pour le principal artisan du sauvetage d'un groupe passé près de la faillite en 2003, et qui affiche désormais une parfaite santé sur les marchés porteurs de l'énergie et du transport.

Cette levée d'options inquiète pourtant certains investisseurs, qui estiment que le dirigeant pourrait prochainement céder ses titres sur le marché. « Ces anticipations ne reposent sur rien de solide. Les levées d'options font partie des choses courantes de la vie des titres. Quand bien même Patrick Kron cèderait lesdites actions, que représentent 100 000 titres par rapport au volume échangé quotidiennement sur Alstom ! », s'exclame André Chassagnol, directeur de la recherche de HPC. Contacté par Tradingsat, l'analyste balaye également la rumeur de « profit warning » qui circule aujourd'hui dans les salles de marché : « c'est absurde, certains semblent simplement s'alarmer du petit décalage de deux jours dans la publication des entrées de commandes et du chiffre d'affaires des neuf premiers mois », finalement prévue le 17 janvier.

« Bien sûr, des croissances de 60% des entrées de commandes ne sont pas réitérables à l'infini », poursuit André Chassagnol. « Ce qu'il faut comprendre à présent », souligne-t-il, « c'est que les négociations lors des appels d'offres se font dans des conditions favorables, qui présagent une poursuite de l'amélioration de la rentabilité pour les deux à trois années à venir ».

Cela étant, la conjonction de ces deux informations et de la révélation vendredi dernier de discussions entre Areva et Vinci parvient sans difficulté à faire chuter l'action aujourd'hui. « Le marché étant ce qu'il est, c'est-à-dire baissier, les investisseurs prennent leurs bénéfices là où ils en ont encore », en particulier sur Alstom, explique l'analyste. Dans cette logique de marché, une poursuite de la baisse ne surprendrait pas André Chassagnol, mais elle constituerait à n'en pas douter selon lui une occasion de se placer/renforcer sur la valeur, son objectif de cours se situant à 190 euros.