par Benjamin Mallet 06 42 16
PARIS (Reuters) - Le rachat du pôle Transmission et Distribution (T&D) d'Areva permettrait à Alstom de changer de dimension mais le marché surveillerait de près les modalités de cette opération et les autres projets du groupe en matière d'acquisitions.
Les analystes estiment ainsi que T&D n'est pas la seule cible du spécialiste des infrastructures de transport et d'énergie, qui pourrait notamment se développer dans la signalisation ferroviaire alors qu'il doit dans le même temps faire face à une baisse de ses prises de commandes.
Mis en vente par Areva dans le cadre de son plan de financement, T&D est spécialisé dans les équipements d'électricité en haute et moyenne tension et occupe la place de numéro trois mondial du secteur derrière le suisse ABB et l'allemand Siemens.
"Un tel rachat permettrait à Alstom d'étoffer son maillage commercial et de facto sa taille critique (...), de contrebalancer en partie les cycles (cycle T&D moins heurté) et de bénéficier du fort dynamisme de moyen et long terme de ce segment", estime Delphine Brault, analyste chez Oddo Securities.
Elle ajoute que, même si l'acquisition d'Areva T&D n'est pas indispensable pour Alstom, elle augmenterait mécaniquement son chiffre d'affaires de 27% et son résultat opérationnel (Ebit) de 39% et constituerait une opération majeure pour la société, dont le taille reste l'une des limites.
"Le groupe rivalise avec Siemens et General Electric dans nombre de contrats et fait parfois figure de 'petit poucet' face aux deux géants de l'industrie."
Areva T&D est évalué à 3,7 milliards d'euros selon la moyenne des estimations de cinq analystes interrogés par Reuters mais le chiffre de 5 milliards a également circulé.
"MEILLEUR PROFIL DE RISQUE"
Alstom, qui avait dû céder T&D à Areva en 2004 pour 920 millions d'euros dans le cadre d'un vaste plan de désendettement, a d'ores et déjà fait savoir qu'il pourrait envisager de racheter cette activité.
Selon François-Xavier Archambault, analyste chez CM-CIC Securities, l'acquisition d'Areva T&D "serait créatrice de valeur, relutive et conférerait un meilleur profil de risque pour le portefeuille d'activités d'Alstom".
Les analystes estiment qu'Alstom fait figure de favori pour racheter Areva T&D, les autres principaux candidats - Schneider ou des fonds comme Axa Private Equity - risquant d'avoir du mal à financer une opération de cette ampleur.
Alstom affichait une trésorerie nette proche de 2 milliards d'euros à fin mars et, selon les analystes, devrait lancer dans le cadre d'un rachat de T&D une augmentation de capital comprise entre 1 et 1,5 milliard d'euros à laquelle Bouygues - qui détient près de 30% du groupe - pourrait participer.
Certains analystes estiment cependant qu'Alstom devra se fixer une limite de quatre milliards d'euros pour T&D et rassurer les investisseurs sur sa capacité à gérer à la fois une baisse de ses commandes - attendue aux environs de 40% pour le 1er trimestre - et des opérations de croissance externe.
QUATRE MILLIARDS, UN PLAFOND ?
"Quatre milliards d'euros est un prix que les investisseurs ont l'air d'accepter", souligne un analyste basé à Paris. Ce prix serait en outre limité par les perspectives du pôle, ajoute-t-il : "J'attends une baisse assez importante du business d'Areva T&D en 2010, de l'ordre de 20%. On est aujourd'hui en haut de cycle et ça ne peut que baisser."
Un autre analyste, également basé à Paris, estime qu'Alstom aurait aussi intérêt à se développer dans la signalisation pour le transport ferroviaire ainsi que dans l'éolien et à monter des coentreprises à l'image de celle annoncée fin mars avec le constructeur ferroviaire russe Transmashholding.
D'après Delphine Brault, Alstom pourrait s'intéresser aux activités dans la signalisation ferroviaire du français Thales ou de l'italien Ansaldo, filiale de Finmeccanica.
Les analystes estiment en outre que l'hypothèse d'un rapprochement entre Alstom et Areva ne devrait pas ressurgir à court terme et que le rachat de T&D constituerait un lot de consolation pour le P-DG d'Alstom, Patrick Kron, dont les projets de fusion avec le groupe nucléaire ont été balayés par la crise financière.
Alstom a reculé d'environ 2,8% en Bourse depuis le début de l'année après avoir plongé d'environ 43% en 2008. Depuis le début 2009, le CAC 40 et l'indice sectoriel européen ont pour leur part respectivement perdu 5,3% et gagné 3,1%.
Edité par Matthieu Protard
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