Par Benjamin Mallet
PARIS (Reuters) - Un partage des actifs du pôle transmission et distribution (T&D) du groupe nucléaire français Areva entre Alstom et Schneider Electric constituerait une solution idéale pour les trois acteurs, estiment des analystes.
Une telle opération permettrait à Areva d'obtenir un meilleur prix que s'il cédait son pôle T&D en un seul bloc et limiterait les risques d'augmentation de capital pour Alstom et Schneider, soulignent-ils.
Alstom et Schneider ont annoncé jeudi leur intention de faire une offre commune pour Areva T&D en précisant qu'ils prévoyaient de récupérer ensuite respectivement la partie transmission (haute tension) et la distribution (moyenne tension).
"Ce scénario nous semble le plus adapté compte tenu des différences importantes entre les métiers de la moyenne et haute tension et de la forte complémentarité qui existe avec chacun des acteurs sur leurs métiers respectifs", écrivent dans une note les analystes de Natixis Securities.
"Par ailleurs, il limite le risque d'augmentation de capital massive pour les deux acteurs, qui ne déposeront pas d'offre individuelle", ajoutent-ils.
Selon les analystes, les activités transmission et distribution représentent respectivement 60% et 40% de la valeur d'Areva T&D.
CM-CIC Securities, qui tablait sur une valorisation d'Areva T&D autour de 3,75 milliards d'euros dans l'hypothèse d'une cession en un seul bloc, note que "dans la perspective d'une cession à deux acteurs, il est possible d'optimiser les synergies" et estime désormais que la valeur de T&D pourrait ainsi atteindre 4,5 milliards au total.
VERS UNE AUGMENTATION DE CAPITAL DE SCHNEIDER ?
Natixis Securities écrit pour sa part que le duo Alstom-Schneider pourrait offrir jusqu'à 3,5 milliards d'euros et qu'une telle offre "permettrait de créer de la valeur sur un horizon de trois années".
En matière de financement, les analystes estiment qu'Alstom n'aurait pas forcément besoin de lancer une augmentation de capital s'il ne rachetait que la partie haute tension d'Areva T&D, même si le groupe a récemment rappelé qu'il souhaitait maintenir sa notation financière dans le cadre d'un rachat de T&D.
Les points de vue sont plus nuancés concernant Schneider. Si les analystes de Natixis soulignent que "le groupe aurait la possibilité de financer l'opération via 1,5 milliard en cash", ils ajoutent qu'une "suspension du dividende 2009 (...) pourrait être envisagée pour boucler l'opération et limiter le leverage de la société à 40%".
Dans le même temps, des analystes basés à Londres jugent qu'un rachat des actifs d'Areva T&D dans la moyenne tension pourraient coûter entre 1,4 et 2 milliards d'euros à Schneider, ce qui se traduirait par une levée de capitaux comprise entre 800 millions et 1,4 milliard.
Les observateurs s'accordent en revanche à dire que, d'un point de vue stratégique, une scission serait bénéfique à la fois à Alstom et à Schneider.
Toutefois, une telle opération ne correspondrait pas au souhait affiché par Areva, qui avait annoncé fin juin son intention de céder T&D en un seul bloc et défendu le modèle intégré de son pôle.
"PAS DE CONSÉQUENCE SOCIALE"
Alstom et Schneider ont semble-t-il cherché à apporter une première réponse à cette condition en annonçant jeudi qu'une scission de T&D "n'aurait pas de conséquence sociale".
"Il y aura certainement d'autres offres, qui seront regardées selon les procédures", a déclaré à Reuters une source gouvernementale, précisant qu'aucun engagement officiel n'avait été pris concernant le maintien de T&D en un seul bloc.
Natixis Securities estime que le dossier commun Schneider-Alstom a "une très forte probabilité d'être retenu par rapport à des offres probables d'Axa Private Equity ou de concurrents tels que Siemens, GE ou ABB" et souligne notamment les garanties sociales que pourraient accorder les deux sociétés et la possibilité de conserver T&D entre les mains d'acteurs français.
En terme de calendrier, des analystes basés à Londres écrivent que le duo Alstom-Schneider pourrait présenter une première offre en septembre ou en octobre, tandis qu'un analyste parisien pense que le processus de vente de T&D pourrait durer jusqu'en 2010, alors qu'Areva a dit vouloir boucler l'opération avant la fin 2009.
Vers 13h45, le titre Alstom gagne 5,68% à 49,02 euros tandis que Schneider progresse de 1,20% à 59,16 euros.
Avec la contribution d'Emmanuel Jarry, édité par Jean-Michel Bélot
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