(BFM Bourse) - L'avionneur européen a abaissé sa cible de livraisons pour 2025 à 790 avions contre 820 précédemment, en raison des inspections menées sur les avions de la famille A320. Mais le groupe a maintenu inchangées ses perspectives financières pour l'exercice en cours et un effet de rattrapage de production pourrait avoir lieu l'an prochain.
Une nouvelle fois, après 2022 et 2024, Airbus est contraint d'abaisser son objectif de livraisons. Le groupe d'aéronautique et de défense a annoncé ce mercredi qu'il comptait expédier 790 avions à ses clients cette année, contre 820 précédemment.
L'ex-EADS a lié cette décision aux problèmes de qualité qui avaient été signalés lundi dernier. Le groupe avait expliqué rencontrer des problèmes de qualité sur les panneaux métalliques de fuselage de sa famille A320, le monocouloir phare de la société et sa cash-machine.
"La source du problème a été identifiée et maîtrisée, et tous les nouveaux panneaux produits sont conformes à toutes les exigences", avait assuré la société lundi.
>> Accédez à nos analyses graphiques exclusives, et entrez dans la confidence du Portefeuille Trading
Selon des sources industrielles confirmant des informations rapportées précédemment par Bloomberg, jusqu'à 628 avions font l'objet d'inspections et sont ainsi susceptibles d'être concernés par ce problème de qualité.
Les livraisons demeurent un indicateur clé pour Airbus car les clients de la société versent le gros du paiement d'un avion lorsqu'ils le reçoivent en main propres. Abaisser l'objectif n'envoie donc pas un bon signal.
Pourtant, à la Bourse de Paris, le titre Airbus progresse de 3,3% vers 12h10, signant l'une des plus fortes hausses du CAC 40.
Les objectifs financiers sont maintenus
Plusieurs éléments peuvent expliquer ce paradoxe. Tout d'abord, les investisseurs pouvaient redouter que les problèmes de qualité affectent les cibles financières de l'entreprise. "Certains attendaient pire, avec un impact sur le résultat opérationnel et le flux de trésorerie", indique un intermédiaire financier.
Or Airbus a maintenu ses prévisions financières pour 2025, à savoir un résultat opérationnel ajusté d'environ 7 milliards d'euros et un flux de trésorerie libre avant financement des clients d'environ 4,5 milliards d'euros.
"Cela montre que le levier opérationnel (la capacité à faire progresser les résultats plus fortement que les revenus, NDLR) de la société est plus fort qu'on l'imaginait, que la rentabilité unitaire progresse par rapport aux livraisons", poursuit l'intermédiaire financier.
"Le maintien de la 'guidance' (les perspectives financières, NDLR) démontre que la marge de manœuvre était certainement plus forte que ce que la société avait laissé transparaitre, aidée par le ralentissement des recrutements et certainement une moindre accélération de la R&D", constate Oddo BHF.
Jefferies abonde, en évoquant un aspect "positif" sur le levier opérationnel de l'entreprise.
Un simple décalage de livraisons?
Par ailleurs, si les inspections surviennent sur la fin de 2025 et ont en conséquence un impact sur les livraisons de l'année en cours, un effet de rattrapage pourrait avoir lieu l'an prochain, avec donc une production qui basculerait sur 2026. Ce serait "l'essentiel", juge l'intermédiaire financier précédemment cité.
"Le fait que le panneau soit produit en double source et que le problème de qualité semble être contenu à un seul lot nous laisse penser que le ramp up (la montée en cadence de la production, NDLR) ne devrait pas être impacté. Par ailleurs, la grande majorité des appareils inspectés ne demanderont pas de 'rework', ce qui devrait permettre une livraison rapide dès le début de l’année prochaine", explique pour sa part Oddo BHF.
"Nous comprenons que les 30 appareils retirés du calendrier de livraison cette année ne nécessiteront pas tous un changement de pièces, mais seulement un test non destructif pour l'instant. Pour rappel, cette pièce provient de deux fournisseurs, dont un seul a rencontré un problème de qualité, qui a déjà été résolu au niveau de la production", écrit de son côté Jefferies.
La banque a toutefois ajusté sa prévision de livraisons pour l'an prochain, ramenant le chiffre à 917 avions contre 957 précédemment. Ce qui constituerait toutefois un record pour Airbus, le précédent datant de 2019 avec 863 unités.
"Si cet épisode met une nouvelle fois à l’index la communication financière du groupe, nous réitérons notre opinion à 'surperformance et notre objectif de cours à 236 euros pour un titre qui va bénéficier de l’amélioration progressive de la chaîne d'approvisionnement et du travail réalisé sur l’agilité de son outil industriel", tranche pour sa part Oddo BHF.
Alphavalue est un peu plus circonspect. "Même si Airbus maintient ses prévisions financières, certains investisseurs pourraient encore s'inquiéter des répercussions potentielles sur les flux de trésorerie disponibles ou le fonds de roulement si les retards de livraison se prolongent jusqu'au début de" 2026, explique le bureau d'études indépendant.
Pour autant, Alphavalue estime que la moindre faiblesse en Bourse constitue une opportunité d'achat car, pour le long terme, le groupe bénéficie de vents porteurs.
"Les problèmes identifiés ne sont pas systémiques, le problème de logiciel (annoncée la semaine dernière, NDLR) est déjà en grande partie résolu et les inspections du fuselage, bien que perturbatrices, n'ont pas d'incidence sur la sécurité. Il est important de noter que le groupe dans son ensemble continue d'assurer la stabilité: les divisions défense, hélicoptères et services offrent une solide réserve de bénéfices et de trésorerie qui aide à absorber la volatilité de la division commerciale", fait valoir le bureau d'indépendance.
Recevez toutes les infos sur AIRBUS GROUP en temps réel :
Par « push » sur votre mobile grâce à l’application BFM Bourse
Par email
