par Noriyuki Hirata

TOKYO (Reuters) - Japan Airlines Corp (JAL) envisage d'acquérir des Airbus A350 XWB en raison des retards subis par son concurrent direct, le Boeing 787 "Dreamliner", ont dit à Reuters deux sources concordantes.

Le constructeur américain doit subir l'ire croissante des principaux clients du 787, dont la première livraison, désormais attendue au début de 2009, a été reportée de neuf mois par rapport aux prévisions initiales.

Plusieurs compagnies - All Nippon Airways (ANA), Qantas, Air India ou encore le loueur d'avions ILFC - ont déjà annoncé qu'elles allaient réclamer des compensations pour ces retards.

Mais la question qui hante le plus les spécialistes est de savoir si certaines des compagnies clientes du 787 vont se tourner vers Airbus.

JAL, l'un des clients les plus fidèles de Boeing, a prévu d'acheter 35 "Dreamliner" avec une option sur 20 autres exemplaires. La compagnie voulait réduire ses coûts opérationnels en investissant massivement dans un seul modèle.

La loyauté de la compagnie japonaise pourrait être mise à mal par les déboires du 787, qui rappellent ceux qu'a connu l'Airbus A380, le très gros porteur de l'avionneur européen, dont la première livraison à Singapore Airlines est intervenue avec deux ans de retard.

"Le fait de ne choisir qu'un seul fournisseur pour nos avions de prochaine génération est un pari risqué. Nous devrions en avoir un autre", a déclaré un dirigeant de JAL sous réserve d'anonymat.

Les sources déjà citées n'ont pas voulu dire combien la compagnie envisageait d'acheter d'Airbus A350 XWB.

"Nous pensons toujours à notre flotte de demain et donc forcément, mais pas seulement, à l'A350 XWB. Mais rien n'a été décidé", a dit un porte-parole de JAL.

JAL EN PERTE CES DEUX DERNIÈRES ANNÉES

Le retard du 787 - qui reste malgré tout le lancement commercial le plus réussi de l'histoire de Boeing - est une contrariété supplémentaire pour JAL, dont les pertes cumulées sur les deux derniers exercices ont totalisé 63 milliards de yens (396 millions d'euros).

La compagnie, dont la flotte est âgée, souffre particulièrement de la cherté du prix du pétrole et avait justement entrepris de réduire sa facture énergétique en investissant massivement dans l'achat d'avions moins gourmands en carburant.

Le 787, tout comme l'A350, sont fabriqués pour une partie importante en matériaux composites, ce qui en fait des appareils plus légers et par là même plus économes en kérosène.

"(Les propos de JAL) montrent que l'entreprise a commencé à peser sérieusement le pour et le contre à la fois d'un fournisseur unique et d'une multiplication des sources", a noté un analyste de l'institut de recherche Daiwa.

"N'avoir qu'un seul fournisseur revient moins cher si les livraisons sont faites en temps et en heure mais il est vraisemblable que JAL a commencé à réfléchir à d'autres options au vu du retard du programme", a-t-il poursuivi.

Boeing a déjà engrangé quelque 850 commandes pour le 787, ce qui représente sur la base de prix catalogue purement indicatifs quelque 140 milliards de dollars.

De son côté, Airbus, qui a annoncé une commande de cinq A330-200F de la part de la société de leasing informatique BOC Aviation, a déjà placé 310 exemplaires de l'A350 XWB auprès de 15 compagnies aériennes.

Version française Nicolas Delame et Benoît Van Overstraeten

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