par Andrea Shalal-Esa
WASHINGTON (Reuters) - Boeing a réclamé à l'armée de l'air américaine des explications rapides sur les raisons qui lui ont fait perdre un contrat de 35 milliards de dollars pour la fourniture d'avions ravitailleurs, attribué vendredi à EADS et Northrop Grumman, tandis que des élus du Congrès menaçaient de bloquer les crédits nécessaires.
La sous-commission aux dotations de la Chambre des représentants a convoqué plusieurs hauts responsables de l'US Air Force à une audition prévue dès mercredi. Et au Sénat, le Républicain Sam Brownback, élu du Kansas, s'est engagé à se battre contre le financement du contrat, qui vise à remplacer les ravitailleurs KC-135 de l'Air Force construits par Boeing dans les années 1960.
Browback siège à la puissante Commission des dotations du sénat, qui contrôle le financement du Pentagone et de plusieurs autres administrations fédérales.
"Je pense que c'est la mauvaise manière de procéder. Je vais me battre contre cela aux dotations", a-t-il dit au Sénat. Son collège républicain du Kansas Pat Roberts et deux sénateurs démocrates de l'Etat de Washington ont également critiqué l'octroi du contrat à Northrop et EADS.
Le projet de Boeing prévoyait la construction de 767 dans l'Etat de Washington pour les adapter à un usage militaire dans une usine au Kansas.
Mark McGraw, vice-président du programme de 767 ravitailleurs du groupe, a jugé "inhabituel" la volonté de l'armée de l'air d'attendre le 12 mars pour lui exposer les motifs de son choix, un délai qu'il considère comme incompatible avec les pratiques habituelles des marchés publics.
"Nous ne comprenons pas pourquoi l'offre de Boeing pourrait être considérée comme présentant le risque le plus élevé. Il est important pour nous de saisir comment l'Air Force est arrivée à ces conclusions", a dit McGraw.
Les perdants lors de ce type d'appels d'offres disposent de 10 jours après l'exposé formel du choix pour déposer un recours. Boeing a déclaré qu'il étudierait les options dont il dispose une fois qu'il aurait reçu les explications du Pentagone.
25.000 EMPLOIS
Loren Thompson, analyste spécialisée dans la défense, a estimé lundi que Northrop et EADS l'avaient emporté sur Boeing sur chaque critère déterminant, parmi lesquels les capacités en mission, le prix et le risque lié aux performances.
Les élus qui soutenaient l'offre de Boeing se sont dits outrés de voir le contrat attribué à un duo incluant EADS. Certains ont écrit lundi au secrétaire à la Défense, Robert Gates, pour exiger que l'armée de l'air s'explique devant Boeing dès cette semaine.
L'armée de l'air a défendu la procédure d'attribution du contrat.
"L'AF (Air Force) a suivi un processus soigneusement élaboré conçu pour assurer la transparence, préserver l'intégrité et promouvoir une concurrence saine", a déclaré le lieutenant colonel Jennifer Cassidy.
Pour John Young, l'un des principaux responsables des achats du Pentagone, toute tentative du Congrès visant à empêcher le Pentagone d'acheter des armes étrangères constituerait "une terrible réaction".
Il a déclaré des journalistes qu'une telle tentative pourrait aboutir à des réactions similaires de gouvernements étrangers, ce qui pourrait pénaliser les groupes américains de défense.
L'armée de l'air, a-t-il estimé, a soigneusement respecté ses propres procédures en matière d'achats pour octroyer le contrat des ravitailleurs. Il a ajouté qu'à ses yeux Boeing n'avait aucune raison évidente de contester la décision du Pentagone.
Sue Payton, responsable des achats d'armements de l'Air Force et le général de corps d'armée Donald Hoffman, le plus haut responsable militaire des achats d'armements, doivent être entendus mercredi à la Chambre.
Prenant la défense de Northrop, des élus de l'Alabama, où doivent être assemblés les ravitailleurs, ont assuré que le contrat créerait des emplois dans l'ensemble des Etats-Unis. Répliquant aux déclarations de Brownback, le sénateur Richard Shelby a déclaré: "Je surveillerai attentivement toute tentative du Sénat visant à bloquer ou à retarder ce qui est la priorité numéro un de l'armée de l'air."
"Nous ne rendons pas service aux forces armées en contrecarrant, par des combats politiciens, les efforts de l'armée de l'air pour remplacer une flotte de ravitailleurs vieillissante" a-t-il ajouté.
Certains élus, rejoints par des syndicats, ont exprimé leurs craintes pour l'emploi aux Etats-Unis et souligné que les futurs ravitailleurs, conçus sur la base de l'Airbus A330, seraient plus gros et consommeraient davantage que les KC-135 actuels, ce qui nécessiterait des crédits de maintenance plus importants.
La présidente de la Chambre des représentants, la démocrate Nancy Pelosi, a estimé pour sa part que le contrat soulevait "de graves interrogations que le Congrès doit étudier attentivement".
Northrop prévoit que l'assemblage des ravitailleurs à Mobile, en Alabama, créera au moins 2.500 emplois et que le contrat dans son ensemble concernera 25.000 emplois au total dans tout le pays.
Version française Wilfrid Exbrayat et Marc Angrand
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