BERLIN/BRUXELLES (Reuters) - L'Allemagne confirme que des négociations sont en cours avec la France pour limiter les participations étrangères dans EADS, une intention dénoncée par la Commission européenne.
Le secrétaire d'Etat allemand à l'Economie, Peter Hintze, a déclaré à Berlin que les deux pays et les autres actionnaires d'EADS envisageaient de créer une "golden share" pour défendre leurs intérêts dans le groupe aéronautique européen.
"Pour le moment, je pense que c'est ouvert", a-t-il dit à Reuters à propos de la conclusion d'un accord, tout en soulignant qu'il y avait eu de "bonnes discussions".
Le fonds souverain de Doubaï a pris l'été dernier une participation de 3,1% dans EADS, et VEB, une banque russe contrôlée par l'Etat a pris en décembre une participation de 5%.
Selon le Financial Times, le gouvernement français, le groupe français Lagardère et le constructeur automobile allemand Daimler, qui contrôlent ensemble 45% d'EADS, ont l'intention d'empêcher tout investisseur considéré comme un prédateur de posséder plus de 15%.
EADS a obtenu la semaine dernière, aux dépens de l'américain Boeing, un contrat de 35 milliards de dollars pour la fourniture de 179 avions ravitailleurs à l'armée de l'air américaine, ce qui a fait l'effet d'une bombe aux Etats-Unis.
PAS DE PLACE POUR LES GOLDEN SHARES
Certains hommes politiques américains ont estimé que l'octroi de ce contrat à une entreprise étrangère pourrait avoir de graves implications en matière de sécurité, et ces préoccupations risqueraient de s'intensifier si les actionnaires russes ou proche-orientaux d'EADS venaient à augmenter leur participation, note le journal.
La Commission a vivement réagi à l'information selon laquelle Paris et Berlin envisagent de donner aux actionnaires européens une "golden share" qui permettrait de bloquer la montée en puissance d'un investisseur jugé indésirable.
"Le point de vue général sur les golden shares est clair", a déclaré vendredi à Bruxelles Oliver Drewes, le porte-parole du commissaire européen au Marché intérieur, Charlie McCreevy.
"La Commission européenne ne pense pas que les golden shares ont leur place dans le marché intérieur", a-t-il ajouté en rappelant que la Cour de justice de l'UE avait condamné ce mécanisme et que les ministres des Finances des Vingt-Sept ont estimé que les fonds souverains étaient les bienvenus dans l'UE.
Peter Hintze a estimé que la réaction de la Commission était "à côté de la plaque".
Les arrêts de la Cour de justice sur ce dossier sont en effet moins tranchés que ne l'a dit Drewes, puisqu'elle les autorise lorsqu'il s'agit de défendre les intérêts stratégiques ou la sécurité des Etats membres.
Yves Clarisse L'Allemagne confirme que des négociations sont en cours avec la France et les autres actionnaires d'EADS pour créer une "golden share" afin de limiter les participations étrangères et défendre leurs intérêts dans le groupe aéronautique européen, une intention dénoncée par la Commission européenne. /Photo d'archives/REUTERS/Benoît Tessier
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