(BFM Bourse) - Le groupe aéronautique européen a subi deux abaissements de recommandations en deux jours de la part de Jefferies et de Bank of America. L'avionneur devrait encore voir son activité être pénalisée par les tensions sur la chaîne d'approvisionnement cette année.
"Quand je me regarde je me désole, quand je me compare je me console", expliquait Guillaume Faury, le président exécutif d'Airbus sur notre antenne, début janvier. Airbus a, en effet, livré 661 avions l'an passé, confortant largement son avance sur son éternel rival américain Boeing, qui lui n'a affiché que 480 unités.
Le groupe de Chicago a encore accusé de lourdes pertes sur l'ensemble de 2022 cette semaine alors que la société européenne devrait enregistrer un résultat net de plusieurs milliards d'euros, Bank of America prévoyant un bénéfice net ajusté de 3,78 milliards.
Néanmoins, la différence entre la copie finalement rendue par le groupe et la promesse du début de l'année est conséquente. Airbus avait, il y a un peu moins d'un an, indiqué tabler sur 720 livraisons d'avions au titre de 2022, avant de réduire cet objectif à 700 au cours de l'année puis de l'abandonner en décembre. Au total ce sont près de 60 avions qui manquent à l'appel par rapport à la prévision initiale.
Un rattrapage peu évident
Le groupe a pâti d'importantes tensions sur l'ensemble de sa chaîne d'approvisionnements, notamment au niveau des moteurs. Cet environnement complexe devrait se prolonger sur 2023. D'autant que la réouverture de l'économie chinoise, si elle constitue une bonne nouvelle en soi, rajoute de l'aléa, en raison de la propagation du coronavirus dans le pays.
"A court terme c'est très compliqué, j'espère que dans le premier trimestre on va retrouver de la visibilité, de la sérénité, qu'on va pouvoir retourner rencontrer nos interlocuteurs, nos clients, nos fournisseurs en Chine", expliquait Guillaume Faury début janvier sur BFM Business.
En raison de la compétitivité de ses produits, notamment sa gamme de monocouloirs A320 neo, de la forte demande pour ses avions et de la montée en cadence progressive de sa production, Airbus est une valeur consensuelle pour les analystes, qui ont quasiment tous recommandé le titre à l'achat ces deux dernières années.
Mais le revers sur les livraisons de 2022 a égratigné cette cote d'amour élevée. La banque allemande Berenberg a, mi-janvier, revu son opinion à la baisse, passant d'"acheter" à "conserver" sur l'action. S'il apprécie le positionnement concurrentiel de l'avionneur et ses perspectives de long terme, l'intermédiaire financier redoute que les tensions inflationnistes placent les marges bénéficiaires du groupe sous pression.
Cette semaine c'est Deutsche Bank jeudi, puis Jefferies vendredi qui ont chacun effectué ce mouvement, dégradant leurs conseils à "conserver" alors qu'ils étaient précédemment à l'achat. Le titre a d'ailleurs perdu 3,6% vendredi, en raison de l'abaissement d'opinion de Jefferies.
Deutsche Bank a dû revoir ses prévisions car "la performance terne de livraisons pour 2022 remet en cause notre séquence de livraisons pour 2023-2025 et il n'y a aucune possibilité qu'Airbus rattrape rapidement le déficit de 40 unités constaté en 2022".
Prudence en vue pour 2023?
"Nous pensons que la société doit remettre à plat les attentes en matière de livraison une fois pour toutes afin de dissiper les inquiétudes actuelles des investisseurs, et le plus tôt sera le mieux, car nous pensons que l'histoire [que présente l'action, NDLR] continue d'offrir des fondamentaux solides", explique la banque qui rappelle que l'action "est toujours à la merci de la chaîne d'approvisionnement".
Jefferies dresse un constat similaire. "Nous restons convaincus qu'Airbus a une histoire intéressante à offrir à moyen terme, mais nous préférons" les valeurs portées par l'"aftermarket" c'est-à-dire les services après-ventes (maintenance, révision, pièces détachées) "dans le contexte de réouverture de la Chine". La banque cite notamment le motoriste Rolls Royce. Elle souligne également deux points susceptibles de peser sur l'action, à savoir l'absence de l'annonce d'un nouveau directeur financier – Dominik Asam, l'actuel, devant partir en mars – ainsi que la base de comparaison élevée des résultats au premier trimestre 2022.
Evidemment, Airbus conserve encore du crédit. Barclays comme Bank of America, pour ne citer qu'elles, ont récemment confirmé leur opinion à l'achat, la dernière jugeant la valorisation actuelle "attrayante".
Mais eu égard à son précédent de 2022, Airbus pourrait faire preuve de prudence lorsqu'il communiquera ses cibles annuelles, le 16 février prochain. Bank of America pense que le groupe annoncera des objectifs de 750 livraisons d'avions et d'un résultat opérationnel ajusté d'environ 6 milliards d'euros. Jefferies est sur une longueur d'onde similaire, anticipant des cibles de 740 livraisons d'avions et d'un résultat opérationnel ajusté situé de 5,9 milliards -6 milliards d'euros.
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