par Laura MacInnis et Jonathan Lynn

BERLIN/GENEVE/NEW DELHI (Reuters) - Airbus ne s'attend pas à devoir rembourser "des sommes gigantesques" aux Etats européens dans le cadre de son litige avec Boeing devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC), a déclaré vendredi un porte-parole.

L'OMC a transmis aux parties un rapport "intérimaire" dont le contenu reste confidentiel.

"(Le rapport) ne changera rien d'un point de vue juridique. Ce rapport intérimaire n'est ni plus ni moins qu'une note", a souligné le porte-parole d'Airbus, avant d'ajouter que le groupe anticipait une décision finale sur le dossier d'ici trois à cinq ans.

Washington accuse Airbus d'avoir reçu, en deux décennies, près de 205 milliards de dollars de prêts avantageux de la part des gouvernements européens pour l'aider à construire ses avions, notamment le gros porteur A380, et ce au mépris des règles du commerce international.

De son côté, l'Union européenne et Airbus estiment que le gouvernement américain a distribué des subventions injustifiées à Boeing et a également porté plainte.

Le porte-parole d'Airbus a indiqué que le financement de son futur moyen porteur A350 XBW, son grand programme d'avenir estimé à quelque 11 milliards d'euros, n'était pas concerné par la procédure en cours.

IMPATIENCE

Les Etats-Unis et l'Union européenne attendent néanmoins de découvrir le contenu du rapport confidentiel qui pourrait, selon certain experts, modifier à long terme le fonctionnement des financements dans le secteur aéronautique.

Le rapport sera divulgué à des diplomates européens et américains à Genève vers 14h00 GMT et sera étudié par des dirigeants industriels et gouvernementaux à Bruxelles, Washington et dans bien d'autres capitales.

"Bien sûr que cela nous intéressera beaucoup car cela pourrait affecter la façon dont les autres fonctionnent", a dit le ministre brésilien des Affaires étrangères, Celso Amorim, lors de son arrivée au sommet sur le commerce mondial de New Delhi dans un avion Embraer.

Embraer et son rival canadien Bombardier se sont opposés, comme Airbus et Boeing, sur la question des aides gouvernementales.

Les ministres du commerce sont réunis en Inde pour avancer sur les négociations du cycle de Doha et se pencheront également sur le rapport.

"C'est important pour l'Union européenne et important pour les Etats-Unis", a déclaré le commissaire européen au Commerce, Catherine Ashton.

PROCESSUS EST ENCORE LONG

Dans un délai de six mois, d'autres experts de l'OMC devraient rendre leur rapport sur la plainte équivalente de l'UE contre le soutien présumé apporté par les Etats-Unis à Boeing, d'un montant, selon Airbus, de 24 milliards de dollars en aides et réductions d'impôts.

Si l'administration américaine emportait la victoire, les gouvernements de l'UE pourraient être empêchés d'accorder de nouvelles aides à Airbus pour le développement de l'A350, appareil pour lequel Londres, Paris et Berlin se sont engagés à consentir des prêts importants.

"Nous continuons de penser, et c'est une lecture franchement claire des règles, que l'extraordinaire montant des aides consenties par la France, l'Allemagne et quelques autres membres de l'UE n'est pas acceptable dans le contexte d'une économie ouverte et concurrentielle", a dit à Reuters le représentant américain au Commerce, Ron Kirk, à New Delhi.

Le rapport final sera diffusé plusieurs mois après le rapport intérimaire de vendredi mais les deux diffèrent rarement. Les parties peuvent demander un réexamen du rapport intérimaire et faire appel du rapport final.

L'action EADS a clôturé en hausse de 1,63% à 14,33 euros à la Bourse de Paris. A New York, Boeing prenait 1,3% à 49,09 dollars quelques minutes après l'ouverture de Wall Street.

Avec la contribution de Clément Guillou, Kerstin Dörr, Sarah Marsh et Matthias Blamont

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