par Daryl Loo

SINGAPOUR (Reuters) - Airbus a dit tabler sur un tassement de la demande pour de nouveaux avions cette année, ajoutant anticiper pour 2008 quelque 700 commandes fermes, soit près de moitié moins que celles engrangées en 2007.

L'avionneur européen, filiale d'EADS, a enregistré l'an dernier un nombre record de 1.341 commandes nettes. Son rival américain Boeing a également fait état de performances commerciales record en 2007, avec 1.413 commandes.

"Les années 2005, 2006 et 2007 ont constitué le haut du cycle en termes de commandes et maintenant c'est la production qui monte en cadence. Les années 2010, 2011 et 2012 devraient représenter un pic en termes de production", a déclaré John Leahy, directeur commercial d'Airbus.

Lors d'une conférence organisée à l'occasion du salon aéronautique de Singapour, il a précisé qu'avec un carnet de commandes - record - de 3.600 avions, Airbus avait déjà calé sa production sur les cinq prochaines années, ajoutant que le marché "se calmait quelque peu".

Lors de la présentation du bilan 2007 en janvier dernier, Thomas Enders, président d'Airbus, avait dit prévoir un ralentissement des commandes cette année, compte tenu des incertitudes planant sur l'économie mondiale. Il avait ajouté à l'époque que les livraisons devraient dépasser les 470 unités en 2008 contre 453 - un autre record - en 2007.

Il y a dix jours l'avionneur a fait état de 238 commandes pour le premier mois de l'année, le total incluant 110 appareils dont la commande avait été annoncée par la Chine en novembre dernier.

Airbus prévoit cette année 100 commandes supplémentaires pour l'A350 XWB, le dernier né de sa gamme, qui viendront s'ajouter aux 310 déjà placées auprès de 15 compagnies aériennes différentes.

S'agissant du très gros porteur A380, le constructeur espère engranger 30 nouvelles commandes en 2008 - chiffre qui inclut les trois appareils vendus à Korean Air cette semaine - le compteur étant actuellement à 196 unités.

DYNAMISME DE L'ASIE

"La plupart de ces commandes vient d'un marché asiatique en pleine croissance", a poursuivi John Leahy, ajoutant que le poids de la région dans le marché des avions civils se renforcera puisque le trafic aérien devrait y progresser de 6% par an dans les années à venir contre une hausse de 5% au niveau mondial.

"Au cours des 20 prochaines années, nous prévoyons qu'environ 40% des long-courriers de type A350 XWB et 56% des gros porteurs comme l'A380 seront vendus dans la région Asie-Pacifique.

John Leahy a dit qu'Airbus suivait attentivement le programme Dreamliner 787, le nouvel avion de Boeing qui est à ce jour en retard de neuf mois par rapport au calendrier initial, ajoutant que l'A350 XMB, concurrent direct de l'appareil, ne souffrait aucun retard.

"Il n'y a absolument aucun retard sur le programme A350. Nous avons tiré les leçons du retard (de deux ans) de l'A380 et de celui du 787", a-t-il déclaré.

Le directeur commercial d'Airbus a toutefois souligné que l'A350 XWB ne profitait pas des déboires du 787 puisque la première livraison de l'avion d'Airbus n'est prévue que vers 2013, contre 2009 pour celui de Boeing.

Le constructeur américain doit subir l'ire croissante des principaux clients du 787, dont certains demandent des compensations, mais cela ne l'a pas empêché de dévoiler mardi des commandes représentant plus de six milliards de dollars.

Dans un autre registre, John Leahy a dit ne percevoir aucun signe indiquant que les compagnies aériennes avaient du mal à accéder aux marchés du crédit pour financer leurs achats d'avions.

"La crise du subprime n'a pas encore atteint le marché de l'aviation et nous ne sommes pas sûrs qu'elle l'atteigne un jour. Nous surveillons cela de près mais il y a toujours abondance de moyens de financement pour acheter un avion", a-t-il déclaré.

Version française Benoit Van Overstraeten Airbus table sur un tassement de la demande pour de nouveaux avions cette année, anticipant pour 2008 quelque 700 commandes fermes, soit près de moitié moins que celles engrangées en 2007. /Photo d'archives/REUTERS/Bobby Yip

Copyright (C) 2007-2008 Reuters