(BFM Bourse) - Le groupe a jugé que livrer 700 avions était désormais hors de sa portée et accuse ce jeudi l’une des plus fortes baisses du CAC 40. Néanmoins, les analystes restent confiants sur le dossier et n’abaissent que modérément leurs objectifs de cours.
L’action Airbus plie mais ne cède pas. Le groupe d’aéronautique et de défense perd 2,6% mercredi à la Bourse de Paris vers 15h, accusant l’un des plus forts replis du CAC 40.
Ce recul du titre est consécutif à l’annonce de la société qui, mercredi soir, a renoncé à atteindre son objectif de livraisons pour l’exercice 2022, d’environ 700 avions, le jugeant désormais "hors de portée" en raison d’un "environnement complexe".
Pour rappel, la majeure partie du paiement d'un avion est effective lorsque l’appareil est réceptionné par son client. C’est donc toute la trajectoire de génération de cash de l’avionneur qui dépend de son rythme de livraison.
Cette annonce ne prend toutefois pas vraiment le marché de court, des informations de presse et des commentaires d’analystes ayant jeté depuis plusieurs jours le doute sur la cible du groupe. "L'élément de surprise est réduit par le scepticisme précédemment répandu concernant les prévisions de livraison d'Airbus pour l'exercice 2022 et les objectifs de taux de production", souligne ainsi Stifel. "Pas de miracle de Noël", résume de son côté Deutsche Bank.
Objectifs financiers maintenus
De plus, Airbus a fait valoir que le chiffre final de livraisons ne devrait pas être si éloigné des 700 unités. Jefferies interprète cette indication comme le signe que le résultat final pourrait se situer autour de 680 appareils. La banque table ainsi sur 679 livraisons d’avions pour cette année, contre 696 précédemment. Deutsche Bank et Bank of America arrivent à des projections similaires, de respectivement 681 et 680 appareils.
Le groupe a par ailleurs maintenu ses objectifs de rentabilité opérationnelle ajusté (Ebit ajusté) et de génération de trésorerie pour 2022, de respectivement 5,5 milliards d’euros et 4,5 milliards d’euros. "C’est presque un élément positif car cela signifie qu’Airbus a su donner des objectifs financiers prudents. En supposant qu’ils arrivent finalement à des livraisons de 680 avions cela voudrait dire qu’ils sont capables de réaliser leurs objectifs annuels avec 40 appareils de moins que prévu, leur toute première estimation de livraison en 2022 se situant à 720 avions", souligne Romain Pierredon, analyste chez le bureau d’études indépendant AlphaValue.
Airbus a aussi modifié sa communication sur ses objectifs à moyen terme en matière de production pour tenir compte de ses difficultés logistiques.
L’avionneur a indiqué qu’il allait "ajuster" la montée en cadence de sa production d’avions de la famille A320 – les monocouloirs d’Airbus qui sont de véritables best-sellers - en 2023 et en 2024 avec toujours pour objectif d’atteindre un rythme mensuel de 65 avions. Toutefois le groupe ne donne plus d’horizon précis pour cette cible alors qu’il évoquait auparavant "le début 2024", ce qui suggère un décalage. Jefferies table désormais sur la mi-2024, Bank of America redoute que cela soit plutôt pour la fin 2024.
Un potentiel encore élevé
"Airbus adopte un ton désormais plus prudent sur l’évolution de l’état de santé de sa chaîne d’approvisionnement, l’amélioration attendue l’an prochain pourrait être plus tardive qu’initialement anticipé", note également Romain Pierredon.
Malgré les difficultés qu’Airbus rencontre actuellement pour hisser ses cadences de production, le groupe conserve une forte cote d’amour auprès des bureaux d’études.
Que ce soit Jefferies, Oddo BHF, Deutsche Bank, Stifel ou Bank of America, tous ont réitéré ce mercredi leur recommandation à l’achat. Alors qu’Airbus évolue à 107 euros, leurs nouveaux objectifs de cours accordent un potentiel significatif, qui se chiffre à 20% pour Deutsche Bank, la plus prudente avec une cible de 130 euros, jusqu’à plus de 70% pour Bank of America qui a un cours fixé à 185 euros.
"Certes le marché peut être un peu déçu parce que les moindres livraisons attendues signifient que la société encaissera moins de trésorerie à court terme. Maintenant, les difficultés d’Airbus restent très temporaires, et sur un horizon de six mois à un an les tensions sur la supply chain devraient se calmer", souligne Romain Pierredon. "Comme la demande pour les avions du groupe restent très forte, les livraisons vont finir par accélérer ce qui portera les résultats d’Airbus. Ce n’est clairement pas une valeur à vendre au vu de ses perspectives de moyen terme", développe l’analyste.
"La demande sous-jacente reste forte, les mauvaises nouvelles sont désormais largement passées, ce qui devrait permettre de dégager l’horizon pour 2023", confirme Stifel.
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