(BFM Bourse) - Le symbole d'une action est parfois utilisé avec humour par les entreprises cotées. Et ces sociétés avec des "tickers" amusants ont tendance à surperformer le marché, selon des études.
C'est un moyen très rapide d'identifier un titre financier, en l'espace de seulement quelques lettres: son symbole, ou "ticker symbol" ou "ticker" par métonymie, ou encore code mnémonique en bon français. A titre d'exemple, à Paris, Capgemini a pour symbole "CAP", Airbus "AIR" et Hermes "RMS"
L'introduction de ces codes remontent au XIXe siècle à un temps où les échanges électroniques relevaient de la fiction. Edward Augustin Calahan créa en 1867 un téléscripteur, soit une bande de papier reliée au télégraphe, appelée "stock ticker". Il décida alors de désigner chaque titre par un nombre restreint de caractères (un à quatre), de sorte à ne pas avoir à taper la raison sociale intégrale d'une société, et transmettre ainsi au plus vite les cours aux investisseurs.
Ce qui explique que les vieux poids lourds de Wall Street possèdent aujourd'hui un "ticker" limité à une seule lettre, c'est le cas par exemple de Citigroup, désignée d'un simple "C".
Evidemment, les avancées technologiques ont progressivement limité les gains de temps induit par ces "tickers". Mais les opérateurs de marché peuvent toujours les utiliser pour échanger avec leurs interlocuteurs, ou lancer une recherche sur Bloomberg (ou sur les réseaux sociaux). Si la plupart des tickers sont très prosaïque, comme "AAPL" pour "Apple", d'autres sont bien plus amusants. Voici une petite liste.
Beaucoup de "LUV" chez Southwest Airlines
"FUN" ("drôle" en anglais) est le ticker de la société Cedar Fair Entertainment Company qui possède une douzaine de parcs d'attractions et de water parks aux Etats-Unis et au Canada. "Fun to us it's serious busines" ("Pour nous s'amuser c'est sérieux") constitue leur leitmotiv.
Dans la même veine, "PLAY" ("jouer" en anglais) renvoie à la société Dave and Buster's qui allie restauration rapide et salles d'arcade.
"LUV" est associé à Southwest Airlines. Précisons ici que "luv" est le mot "love", en langage SMS. Selon ABC News, cela renvoie au fait que le siège social de Southwest est basé dans la zone de "Love Field" à Dallas. Et que l'entreprise en fait des tonnes autour de la thématique de l'amour. "As our company and customers grew, our LUV grew too!" ("A mesure que notre société et nos clients ont grandi notre amour aussi"), déclare, par exemple, la compagnie aérienne dans la section "histoire" de son site.
"RACE" ("course" en anglais) n'est autre que le symbole de Ferrari, peut-être le constructeur automobile le plus emblématique de la course auto et de la Formule 1. Pour rappel, le groupe s'était introduit en Bourse en 2015.
"HOG" pour Harley Davidson. La référence est un tout petit peu plus subtile. HOG renvoie à "Harley owners group", c'est-à-dire un club créé dans les années 80 par la société et que peut rejoindre toute personne propriétaire d'une moto de la marque iconique de deux-roues. Les actionnaires de la société, cotée depuis 1986, sont donc aussi membres, d'une certaine façon.
"BABY" renvoie à Else nutrition, une entreprise spécialisée dans la nutrition pour les bébés, nourrissons et enfants.
"GEEK" était le ticker du fournisseur d'accès internet appelé Internet America, introduit en Bourse en 1998 et racheté par son concurrent JAB Broadband en 2015.
Des tigres et des vaches
"GRR", autre ticker d'un groupe qui n'est plus coté, était associé à la société d'investissement Asia Tigers Fund (d'où le "grr") qui s'est depuis fondue dans le gérant d'actifs écossais abrdn.
Même logique sonore pour "WOOF", le ticker associé à Petco Health and Wealthness company, une société spécialisée dans la vente de nourriture et d'articles pour les animaux domestiques. Le "woof" fait ainsi référence à un chien qui aboie.
"COW" ("vache" en anglais) est un ticker associé à un ETF (un fonds indiciel) de la Bourse de Toronto, qui investit dans des sociétés du secteur agricole, comme les fabricants de fertilisants ou de viande emballée.
"TAN" (le bronzage en anglais) est lié à l'ETF Invesco Solar, qui, vous l'aurez deviné, investit dans des sociétés actives dans l'énergie solaire, comme le français Neoen ou l'américain First Solar.
"YUM" ("miam" en anglais) est lié à Yum! Brands. Derrière ce nom, on retrouve tout simplement KFC, Taco Bell ou encore Pizza Hut.
"BOOM" est associé à DMC (Dynamic Material Corporation) Global, une entreprise de métallurgie et de matériaux de construction , qui s'appelait à l'origine Explosive Fabricators.
"VINO" est le ticker de Gaucho Group Holdings, une société d'e-commerce , avec plusieurs activités dans la mode, l'immobilier mais aussi les "vins raffinés", explique-t-elle.
"PZZA" est associé à Papa John's Pizza, une chaîne de pizzas extrêmement importante aux Etats-Unis mais inconnue sous nos latitudes.
"CAKE" ("gâteau" en anglais), le symbole de la chaîne de restaurants et cafés américaine The Cheesecake factory.
"ZEUS", le dieu grec de la foudre, et donc, aussi, le ticker du sidérurgiste Olympic Steel, qui n'est pas basé en Grèce mais dans l'Ohio. Une entreprise qui pense donc être sortie de la cuisse de Jupiter…
Une surperformance sur le long terme
A Paris, nos membres de la cote ont moins d'humour. Tout juste peut-on noter le symbole "LOUP" du groupe agroalimentaire LDC spécialisé dans la volaille, ce symbole pouvant se lire comme une contraction de "LOUé" et "Poulet".
On notera que certaines études ont relevé que ces valeurs avec des tickers simples ou amusants ont tendance à surperformer l'ensemble des indices. C'est ce qu'ont démontré des chercheurs de l'université de Pomona, en Californie, dans une étude publiée en 2009. Les universitaires avaient alors constaté que sur une période allant de "1984" à "2005", un panier de ces actions avec un ticker "malin" permettait de générer un rendement annuel de 23,5% par an en moyenne, près de deux fois plus que le New York Stock Exchange et le Nasdaq.
D'autres universitaires de ce même établissement ont conduit, en 2019, une étude visant à vérifier les trouvailles de celle de 2009. Là encore les résultats ont été probants, montrant une nette surperformance sur la période allant de 2006 à 2018.
Une possible explication viendrait tout simplement du fait que ces tickers insolites se distinguent du lot en attirant l'attention via leur consonance ou leur image ce qui permet de susciter davantage l'intérêt des investisseurs.