(BFM Bourse) - Deutsche Bank, en s'appuyant sur les données de Bloomberg, a compilé les plus forts rendements annuels moyens depuis 1974 sur les principales classes d'actifs. Une conclusion simple: il vaut mieux investir à très long terme sur les actions que sur les matières premières.
Assez connu des investisseurs, notamment pour ses points de marchés matinaux souvent peuplés d'anecdotes personnelles (comme sa victoire à une compétition de golf), Jim Reid, stratégiste chez Deutsche Bank, est né en 1974. Il a ainsi récemment passé le cap des cinquante ans.
Ce qui a amené l'expert de marché à se poser une question simple: sur les 50 dernières années, quelles classes d'actifs dans les plus grandes économies ont le plus progressé et produit les meilleurs rendements?
"Je déprimerais en regardant à quoi aurait pu ressembler mon portefeuille si mes parents avaient investi dans divers actifs pour moi en juin 1974. Et aussi ce que nous pouvons tous apprendre en regardant les rendements à long terme", a-t-il expliqué dans un commentaire envoyé aux investisseurs, il y a deux semaines.
En s'appuyant sur les données de Bloomberg et de sa banque, l'expert de marché a établi un classement, que nous reproduisons dans l'infographie ci-dessous. Ces données compilent le rendement annuel moyen depuis 1974 pour chaque classe d'actifs. Point technique: ces rendements sont exprimés en données réelles, c'est-à-dire corrigées de l'inflation, et sont libellés en devises locales (et non pas harmonisés dans une devise unique, comme le dollar).
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Les actions règnent presque sans partage
Il ressort de ces données quelques enseignements assez simples. Tout d'abord, les gains théoriques calculés par Jim Reid plaident pour l'investissement à très long terme. Par exemple, investir 10.000 dollars en 1974 dans le marché américain permettrait aujourd'hui de disposer d'un portefeuille valorisé à… 2,4 millions de dollars, ou 375.000 dollars en excluant l'impact de l'inflation.
Ensuite, cette infographie consacre surtout les actions car, à très long terme, leur rendement surclasse largement les autres actifs. Dans le "top 28" établi par Jim Reid, les huit premières places sont occupées par des marchés actions. Au passage, on remarquera l'absence des actions chinoises continentales dans l'infographie. C'est normal: Jim Reid s'est penché sur les rendements moyens sur 50 ans. Or, la Bourse de Shanghai a été fermée de 1950 à 1990, selon Goldman Sachs, à la suite de la révolution communiste du pays. La Bourse de Shenzhen, elle, n'a été fondée qu'en 1990.
Cet aparté mis à part, les rendements les plus importants en moyenne annuelle ont été réalisés ces 50 dernières années sur… les actions indiennes, avec un taux de 8,9% en données réelles. Suivent les actions états-uniennes (7,5%), de Hong Kong (7,2%), d'Australie (7,1%) de Corée du Sud (7%), du Royaume-Uni (7%) puis de la France (6,9%).
La première classe d'actifs hors actions à apparaître dans le classement sont les obligations souveraines coréennes (6,4%), au neuvième rang. Les matières premières sont par ailleurs en retrait. L'or pointe au 26e rang avec un rendement réel d'à peine 1,7% tandis que le pétrole et le cuivre affichent des rendements en données réels légèrement négatifs (-0,1% et -0,3% respectivement).
"Tout au long de l'histoire, les actions ont trouvé le moyen de s'imposer presque partout, mais dans le monde des pays développés, les États-Unis ont eu tendance à être les gagnants", souligne Jim Reid.
"Le pétrole est pratiquement stable en termes réels sur 50 ans, ce que l'histoire à plus long terme confirme être la tendance à long terme. Il n'entre que rarement en concurrence avec les actifs financiers", ajoute-t-il.
Et "bien que nous ayons l'impression de vivre une ère de création de richesse sans précédent dans le secteur du logement, les rendements à long terme sont loin de rivaliser avec ceux des actions et sont même inférieurs à ceux de la plupart des marchés obligataires, à condition que vous viviez dans votre logement et que vous ne le louiez pas", développe le stratégiste.
Jim Reid a, en effet, retenu dans son infographie les marchés immobiliers américains et britanniques qui n'affichent des rendements réels moyens "que" de 1,5% et 2% respectivement.
"En conclusion, si vous avez un jeune parent aujourd'hui et que vous voulez qu'il se souvienne de vous avec tendresse en 2074, mettez-lui un peu d'argent de côté dès maintenant (probablement en actions) et n'écoutez pas les stratèges qui essaient de prévoir l'évolution du marché", conclut avec humour Jim Reid.