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Marché : Quelle publication économique a le plus d'impact sur la Bourse?

samedi 23 novembre 2024 à 07h00
L'emploi américain reste la référence

(BFM Bourse) - Que ce soient les ventes de détail, le PIB ou encore le rapport sur l'emploi américain, les investisseurs digèrent chaque semaine un lot souvent important de publications macroéconomiques. Mais laquelle a le plus d'influence et pourquoi?

Chaque semaine ou presque, l'actualité des marchés est ponctuée par un lot plus ou moins important de grandes publications statistiques. PMI, climat des affaires, indices des prix à la production, indices des prix à la consommation, indice PCE, rapport sur l'emploi, ventes de détail, confiance des ménages… La liste est évidemment très longue.

Mais toutes ces publications ne se valent pas forcément. Laquelle a le plus d'influence sur les marchés?

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Une couronne regagnée

Mettons tout de suite fin au suspense: le rapport américain sur l'emploi domine. Rappelons que cette publication contient nombre d'indicateurs mensuels tels que les créations de postes générées par l'économie américaine, le taux de chômage ou encore la progression des salaires.

Cela n'a toutefois pas toujours été le cas. "On a passé une période où l'indice des prix à la consommation (CPI, la mesure la plus connue de l'inflation, NDLR) était plus important que le rapport sur l'emploi (NFP). Il est vrai qu'on avait un peu oublié le CPI avant que l'inflation bondisse en 2022", souligne Vincent Juvyns, "global market strategist" chez JPMorgan.

Avec la forte envolée de l'inflation, l'indice des prix à la consommation a, en 2022 et 2023, occupé le devant de la scène, la priorité pour les grandes banques centrales étant alors de juguler la hausse des prix. Le CPI a d'ailleurs eu plus d'importance sur le marché que l'indice PCE, une mesure alternative de l'inflation privilégiée par la Réserve fédérale américaine (Fed). Au grand dam de Capital Economics qui jugeait que le marché commettait une erreur.

Mais Bank of America a remarqué en septembre que le rapport sur l'emploi américain est désormais repassé devant le CPI. "Les créations de poste ont regagné leur couronne de plus importante publication de données pour les marchés actions", soulignait alors la banque américaine.

L'établissement s'est basé sur l'évolution des contrats à terme ("futures") sur le S&P 500, sur une période allant de 5 minutes avant la publication à 30 minutes après. Il en ressort que ces contrats à terme ont fait preuve de davantage de volatilité avec les chiffres de l'inflation de fin 2022 à fin 2023. Mais depuis 2024, ils sont "moins sensibles à l'indice des prix à la consommation qu'à n'importe quel autre moment de la période post-Covid, le rapport sur l'emploi étant désormais la principale source de volatilité", concluait Bank of America.

Une volatilité des chiffres et des paris de court terme

Cela a été particulièrement notable en août dernier lorsque les mauvais chiffres du rapport sur l'emploi américain ont provoqué une mini-crise (assez éphémère en réalité) sur le marché, les investisseurs redoutant un ralentissement prononcé de l'économie américaine.

Quelque part, c'est un retour à la normale. "Historiquement, le NFP est la publication la plus suivie du marché pour une raison simple: elle permet d'accrocher le sentiment du consommateur américain et constitue en quelque sorte un indicateur avancé de la consommation qui représente 70% du PIB américain. C'est le canari dans la mine de charbon. Et les États-Unis restent le pays où les statistiques ont le plus d'importance pour le marché, car il s'agit de la première économie mondiale, avec des répercussions pour l'ensemble du monde", développe Vincent Juvyns.

D'autant que la Réserve fédérale américaine (Fed) est désormais moins tournée vers l'inflation. "Le rapport sur l'emploi a une plus grande importance à l'heure actuelle car la Fed est actuellement plus sensible au marché du travail qu'à l'inflation dans son double mandat", détaille Vincent Juvyns.

"La réalité est qu'on est sorti du risque inflationniste", abonde Christopher Dembik, conseiller en investissement chez la banque Pictet.

Alors pourquoi le marché peut-il se montrer si sensible et si volatil après le rapport américain sur l'emploi? Christopher Dembik avance plusieurs raisons.

Tout d'abord les données sur l'emploi américain varient plus fortement d'un mois à l'autre que celles sur l'inflation, avec des écarts parfois importants par rapport aux attentes. "Sur les chiffres d'inflation, il y a rarement de gros mouvements de marché, y compris quand le marché s'intéressait plus particulièrement à ces données car le chiffre final a généralement un écart assez faible par rapport au consensus et varie assez peu d'un mois à l'autre", explique-t-il.

A contrario les chiffres du rapport sur l'emploi sont bien plus volatils. "On se focalise sur le NFP, mais cela reste une mesure imparfaite de l'emploi avec d'importantes révisions à la hausse comme à la baisse, des mois voire des années après. C'est pour cela qu'il ne faut pas les surinterpréter et regarder plutôt une moyenne sur trois mois voire six mois pour lisser et éliminer les facteurs exceptionnels", prévient l'expert de marché.

La volatilité du marché peut aussi être due à des paris d'opérateurs. "Il peut y avoir des mouvements tactiques des fonds d'investissements ou de fonds spéculatif qui prennent position et en fonction du résultat (du rapport sur l'emploi, NDLR) vous avez ainsi de la volatilité et une réaction importante en intraday (sur la même séance, NDLR)", explique Christopher Dembik.

Du côté des autres pays, les données chinoises s'apprécient plus par vagues, contrairement au rapport sur l'emploi américain, et "influencent surtout la séance en Asie", tandis que les réactions de marché à la suite d'indicateurs européens sont "infinitésimales et (ces indicateurs) peuvent parfois passer inaperçus", ajoute-t-il.

Nvidia, le "Super Bowl" des marchés

Reste un nouvel indicateur qui semblent prendre de l'importance au point de rivaliser avec les données sur l'inflation ou l'emploi américain: les résultats trimestriels de Nvidia. Le groupe de processeurs graphiques a vu son cours s'envoler en même temps que la demande pour ses produits, devenus critiques pour développer l'intelligence artificielle générative. Au point que ses publications semblent désormais revêtir un caractère systémique pour le marché.

"La publication des résultats de Nvidia est devenue un spectacle au même titre que le rapport sur l'emploi aux États-Unis, attirant les passionnés d'IA dans des soirées comme le Super Bowl", affirmait en août Stephen Innes de Spi AM.

Est-ce vraiment le cas ? "Les résultats de Nvidia rivalisent avec l'emploi américain sans le détrôner", estime Christopher Dembik. "On peut considérer que Nvidia a un impact sur l'intégralité des marchés actions voire sur les obligations avec un impact peut-être plus durable qu'un rapport sur l'emploi", ajoute-t-il.

"Il est difficile de dire si Nvidia a plus d'importance que les grands indicateurs économiques. Les publications de Nvidia sont importantes dans le sens où elles permettent d'anticiper la demande pour l'ensemble de la chaîne de valeurs de l'intelligence artificielle", juge de son côté Vincent Juvyns. "Toutefois, lorsqu'il y a une déception sur un indicateur, cela peut toujours donner plus de champ à la Réserve fédérale pour baisser les taux. Alors qu'une déception sur l'IA et les craintes sur la tech ne sont pas accompagnées de ce type de support", complète-t-il.

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