Connexion
Mot de passe oublié Pas encore de compte ?

Marché : Pourquoi les rendements obligataires sont au plus haut depuis la grande crise financière

dimanche 21 mai 2023 à 07h00
Le rendement obligataire revient

(BFM Bourse) - Avec la remontée des taux d'intérêt, les rendements des différents types d'obligations reviennent à des niveaux élevés, dépassant souvent les 4%. Ce qui soigne leur attrait et les consacre comme des alternatives intéressantes aux actions.

L'acronyme "Tina" ne vous évoque peut-être que le prénom d'une des plus grandes artistes américaines de tous les temps, à savoir la chanteuse Tina Turner. Mais sur les marchés ce mot renvoie à un "mantra" qui a dominé pendant des années l'esprit des investisseurs, à savoir "there is no alternative" ("Tina", donc), pour "il n'y a aucune alternative".

Cette phrase courte et lapidaire avait initialement gagné en popularité avec la Première ministre britannique Margaret Thatcher, "there is no alternative" étant un de ses slogans politiques chocs. Sur les marchés financiers, ce terme "Tina" est lié à l'essor du marché actions dans un univers de taux bas. Car dans l'expression "there is no alternative", c'est bien aux actions que le manque d'alternative fait référence.

>> Accédez à nos analyses graphiques exclusives, et entrez dans la confidence du Portefeuille Trading

"Après des années de politiques monétaires et fiscales souples, au cours desquelles la volatilité et le risque ont été progressivement supprimés, les rendements obligataires sont tombés à près de 0%, voire en dessous de zéro. Les investisseurs n'ont eu d'autre choix que d'investir dans les actions pour obtenir des rendements raisonnables. C'était l'ère du "Tina", explique ainsi BNP Paribas Wealth Management.

Cette ère est désormais révolue. Et une pléthore d'autres acronymes émergent depuis quelques mois, comme "Tara" pour "there are reasonable alternatives" ("il existe des alternatives raisonnables"), "Tiara" pour "there is a realistic alternative ("il existe une alternative réaliste") ou même, moins élégant, "Tapas" pour "there are plenty of alternatives" ("il y a plein d'alternatives").

Hausse des revenus

Tous ces termes apparaissent pour une bonne et simple raison: la fin de l'argent gratuit et la remontée des taux directeurs se sont traduits par une amélioration des rendements offerts par les titres obligataires, et pas seulement sur la dette souveraine.

"Lorsque les taux augmentent, les prix des obligations chutent, ce qui peut causer une douleur immédiate aux investisseurs dans le 'fixed income' [les produits à taux fixes comme les obligations ou les devises, NDLR]. Cependant, la hausse des taux est bénéfique pour les 'revenus' des obligations, soit les rendements des coupons", natixis.com/us/portfolio-construction/bond-basics-interest-rates-and-yields">souligne Natixis Investment Managers. La hausse des taux se traduit donc "par une augmentation des revenus, qui s'accumulent au fil du temps, permettant aux détenteurs d'obligations de réinvestir les coupons à des taux plus élevés", poursuit l'intermédiaire financier. "Dans l'ensemble, des taux plus élevés offrent la possibilité d'augmenter les revenus et le rendement total à l'avenir", conclut Natixis Investment Managers.

Cette amélioration des rendements soutient l'attrait des obligations, qui deviennent ainsi "l'alternative" en question par rapports aux actions. D'autant que ces derniers titres semblent commencer à manquer de carburant.

"Nous pensons que la résilience globale des marchés d'actions observée en 2023 diminuerait en cas de ralentissement [économique, NDLR]. Les attentes en matière de bénéfices semblent trop élevées et les valorisations trop importantes. Nous sous-pondérons les actions dans les portefeuilles multi-actifs", ont souligné les gérants de Pimco dans leurs perspectives d'allocations pour mai.

Et, selon le dernier sondage mensuel effectué par la banque Bank of America, les gérants n'ont jamais autant surpondéré les obligations par rapport aux actions depuis mars 2009.

Un "retour en force"

"L'appétit des investisseurs est présent parce qu'il y a du rendement, enfin, sur le marché obligataire", soulignait fin mars sur BFM Bourse, Sébastien Barthélémi, responsable de la recherche crédit chez Kepler Cheuvreux. L'expert expliquait notamment que les obligations d'entreprises en catégorie investissements ("investment grade", soit les entreprises les mieux notées) affichaient des niveaux de rendements inédits depuis la crise financière qui s'était étalée de 2008 à 2012.

Une note de recherche récente du gérant d'actifs BlackRock illustre, plus largement, la renaissance de l'attractivité des obligations. Sur un panel d'indices obligataires de toutes sortes (souverain, municipalités américaines, entreprises, etc..), avec des maturités moyennes variant entre 4 et 13 ans, et représentant 70% de l'indice Bloomberg Multiverse Bond Index, la société observe que plus de la moitié de ces indices obligataires en avril offraient un rendement supérieur à 4%.

Il s'agit de la plus forte proportion observée depuis 2008, millésime de la grande crise financière qui a été suivie par de longues années de taux bas voire négatifs de la part des banques centrales. Pendant des années, la proportion de ces indices avec un rendement de plus de 4% était inférieure à 25%.

"Les obligations mondiales de qualité 'investment grade' (IG) sont revenues en force après avoir connu un long purgatoire. C'est pourquoi nous marquons une préférence pour le revenu offert par les obligations", souligne BlackRock.

Pour Pimco, les différents scénarios de marché et les conditions macroéconomiques sous-jacentes pointent vers une même conclusion en matière de thèmes d'investissements: "les obligations sont de retour". Ainsi Pimco, qui - précision importante - est un grand gérant obligataire, estime que les obligations devraient "significativement" surperformer les actions au cours de "l'horizon cyclique".

BlackRock de son côté émet des recommandations. Le gérant d'actifs surpondère les emprunts d'Etat à très court terme et de haute qualité. "En effet, les revenus offerts sont attractifs, et le risque de crédit et de duration –la sensibilité aux fluctuations des taux d'intérêt – limité", explique le gérant d'actifs. S'il considère que des risques existent en rapport avec l'incertitude autour du relèvement du plafond de la dette américaine, le groupe estime qu'une solution devrait être trouvée.

Sur les entreprises et les émetteurs "investment grade", BlackRock surpondère "tactiquement les obligations européennes de qualité IG, que nous privilégions par rapport aux obligations américaines en raison de valorisations plus attractives et d’une duration plus courte".

Le gérant d'actifs prévient toutefois que si les obligations de bonne qualité procurent un revenu attrayant, leur capacité à amortir dans les portefeuilles les chutes des actifs risques, est désormais plus réduite que par le passé.

Julien Marion - ©2025 BFM Bourse
Forum suspendu temporairement
Portefeuille Trading
+336.70 % vs +57.27 % pour le CAC 40
Performance depuis le 28 mai 2008

Newsletter bfm bourse

Recevez gratuitement chaque matin la valeur du jour