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Marché : Pourquoi le cours de l'or souffre depuis l'élection de Donald Trump

lundi 18 novembre 2024 à 16h05
L'or recule ces derniers jours

(BFM Bourse) - Le métal précieux perd environ 5% depuis la victoire du républicain, le 6 novembre dernier. Le dollar a souffert de la remontée des taux d'intérêt et d'un retour de la prise de risque sur les marchés. Mais UBS estime que l'or pourra encore avoisiner les 3.000 dollars l'once l'année prochaine.

La folle envolée de l'or sur le marché semblait résister à absolument tout, avec de nombreux records battus à de maintes reprises, depuis le début de l'année.

Le rallye de l'or est toutefois venu buter sur un obstacle majeur: l'élection de Donald Trump. Depuis la victoire du républicain lors de l'élection présidentielle du 6 novembre, le métal précieux a concédé du terrain, chutant de 6% au fixing (cours de clôture de référence) du vendredi 15 novembre. D'après UBS, il s'agit de sa pire semaine post-élection présidentielle depuis la victoire de Ronald Reagan en 1980.

Ce lundi, le métal précieux reprend un tout petit peu de couleur, gagnant 1,4% à 2.606 dollars l'once. Depuis le 6 décembre sa baisse est pour l'heure de 5%.

L'or évolue ainsi à rebours des marchés actions qui ont nettement bénéficié (tout du moins à Wall Street) du retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

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Dollar fort

Pourquoi l'homme d'affaires a mis à mal l'or sur les marchés? Les raisons semblent assez nombreuses. La victoire de Donald Trump s'est traduite par un regain d'appétit pour le risque sur le marché ce qui a pu pénaliser l'or et son éternel statut de valeur refuge.

"La baisse de l'or sur fond de victoire de Trump marque un changement de sentiment, certains investisseurs choisissant désormais de se diversifier par rapport aux actifs refuges", a déclaré à Marketwatch Fawad Razaqzada, analyste de marché chez City Index et Forex.com.

D'autres facteurs plus techniques ont pu jouer. Tout d'abord, l'or a été lesté par la hausse du dollar, lui-même porté par la politique économique de Trump. Notamment sa volonté d'instaurer des droits de douanes, un mécanisme protectionniste qui favorise le billet vert au détriment des autres devises. Cette mesure "augmente les chances que les monnaies ex-dollar américain se déprécient par rapport au billet vert pour anticiper la perte de compétitivité sur les marchés américains qu'impliquent les droits de douane", explique UBS.

Or, comme pour beaucoup de matières premières, les cours de l'or sont libellés en dollar. Une hausse de la devise américaine rend l'or plus onéreux toutes choses égales par ailleurs pour les investisseurs dont la devise de référence n'est pas le dollar.

"Il y a eu un retour brutal à des corrélations négatives de l'or avec le dollar américain", explique UBS.

Taux d'intérêts défavorables

De plus, la politique économique de Donald Trump, avec notamment la baisse d'impôt sur les sociétés, est perçue comme inflationniste et susceptible d'alourdir le déficit budgétaire. L'élection de l'homme d'affaires a ainsi entraîné une poussée des rendements obligataires. Le taux de l'obligation américaine à 10 ans a dépassé les 4,5% la semaine dernière, ce qui n'était pas arrivé depuis mai. Dans la même logique, le marché a revu à la baisse ses anticipations de baisse de taux de la part de la Fed pour les prochains mois.

Ce qui pénalise là encore l'or. En théorie, l'évolution du métal précieux est négativement corrélée à celle des taux d'intérêt. Plus les taux d'intérêt sont élevés, moins l'or a de l'attrait, toutes choses égales par ailleurs. Contrairement aux actions (avec des dividendes) et aux obligations (avec des coupons), l'or ne produit pas de revenus. Son cours est en conséquence malmené par une hausse (ou une moindre baisse) des taux d'intérêt, car il devient alors de moins en moins intéressant d'investir son argent dans de l'or plutôt que de le placer.

"Historiquement, des taux plus bas réduisent le coût d'opportunité de la détention d'actifs non productifs comme l'or, ce qui le rend plus attractif pour les investisseurs. Toutefois, les attentes ont depuis (l'élection de Trump, NDLR) été considérablement revues à la baisse (…) Les rendements réels restant élevés, l'attrait de l'or en tant qu'alternative aux actifs porteurs d'intérêts a diminué, érodant l'un de ses principaux piliers de soutien", explique Stephen Innes de Spi AM.

Vers un rebond?

Deutsche Bank pointe un autre facteur technique: une potentielle baisse de la demande de la part des banques centrales émergentes, qui avaient acheté beaucoup d'or depuis de longs mois. "Le raisonnement est simple : la politique de Trump est susceptible d'exercer une pression à la baisse sur de nombreuses monnaies des marchés émergents, notamment le yuan. Par extension, de nombreuses banques centrales doivent désormais dépenser leurs réserves en dollars pour défendre leur monnaie contre les sorties de capitaux et empêcher un affaiblissement excessif. Nous avons montré que les banques centrales asiatiques ont diversifié leurs avoirs en or. Elles doivent désormais dépenser davantage de dollars pour défendre leurs monnaies", indique la banque allemande.

Toutefois, ces facteurs risquent de ne jouer qu'à court terme. Après le récent repli de l'or, UBS estime que le métal précieux va rebondir. La banque suisse anticipe un or à 2.750 dollars l'once à fin mars, à 2.850 dollars fin juin, et à 2.900 dollars à fin septembre.

La banque suisse prévoit que les banques centrales émergentes vont continuer d'acheter de l'or pour diversifier leurs réserves en 2025. Elle juge également que les risques liés à l'agenda politique de Trump sur le commerce et les finances publiques vont, dans les prochains mois, inciter les investisseurs à acheter de l'or pour se couvrir.

Rajeev De Mello, gérant de portefeuille chez Gama Asset Management, explique de son côté à Bloomberg que si Donald Trump créé des perturbations économiques et géopolitiques, les banques centrales chinoises ou russes pourraient être tentées d'acheter davantage d'or pour s'écarter du système étalon-dollar.

"Beaucoup de gestionnaires de réserves de pays 'amis' et 'neutres' seront un peu plus inquiets d'une politique étrangère plus erratique et des implications sur la sécurité de leurs réserves", fait-il valoir.

Julien Marion - ©2025 BFM Bourse
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