(Reuters) -Moody's a revu à la baisse vendredi, de stables à négatives, ses perspectives sur la note de crédit de la France, en raison de l'instabilité politique qui pourrait selon l'agence de notation entraver la lutte contre les déficits publics et l'endettement.
La note souveraine de la France reste à "Aa3", depuis son dernier abaissement par l'agence en décembre 2024.
Moody's dit sanctionner un "risque accru" de voir "la fragmentation du paysage politique français continuer d'entraver le fonctionnement des institutions législatives du pays".
"Cette instabilité politique risque de nuire à la capacité du gouvernement à relever les principaux défis, tels qu'un déficit budgétaire élevé, un endettement croissant et une augmentation durable des coûts d'emprunt", poursuit l'agence de notation.
En outre, s'inquiète-t-elle, cette fragmentation pourrait aboutir à la remise en cause durable des principales dispositions des réformes structurelles précédemment adoptées, en particulier la réforme des retraites de 2023".
"Si la suspension de cette réforme se prolonge au-delà de quelques années, elle exacerbera les difficultés budgétaires du gouvernement et aura un impact négatif sur le taux de croissance potentiel de l'économie en réduisant l'offre de main-d'œuvre", écrit encore Moody's.
Cette décision intervient après l'abaissement de la note de crédit de la France par deux autres grandes agences de notation, Fitch et S&P Global Ratings, ces deux derniers mois, marqués par la chute du gouvernement de François Bayrou et l'arrivée à Matignon de Sébastien Lecornu.
Elle coïncide avec le début de l'examen de la partie recettes du budget 2026 à l'Assemblée nationale dans le but de parvenir à l'adoption d'un texte avant la fin de l'année, en dépit de profondes dissensions au sein d'un Parlement sans majorité.
Le ministre de l'Economie et des Finances Roland Lescure a réagi sur bsky en déclarant que la décision de Moody's "témoigne de l'absolue nécessité de construire un chemin collectif vers un compromis budgétaire".
Le projet de budget du gouvernement de Sébastien Lecornu prévoit de ramener le déficit budgétaire à 4,7% du produit intérieur brut (PIB), après 5,4% en 2025.
(Rédigé par Jean-Stéphane Brosse)
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