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Marché : Faut-il vraiment craindre une guerre commerciale Etats-Unis - Chine?

jeudi 21 juin 2018 à 07h15
Chine - Etats-Unis

(BFM Bourse) - Ce n’est pas encore tout à fait une guerre commerciale mais ça commence à y ressembler. Les Etats-Unis se préparent à imposer de nouvelles taxes sur 200 milliards d’importations chinoises.

Les Etats-Unis et la Chine vont-ils s'engager dans une guerre commerciale à coups de nouvelles taxes ? C'est en tout cas le chemin qu'ils semblent prendre depuis plusieurs jours. Une escalade qui n'inquiète pas encore les marchés. Voici tout ce qu'il faut savoir.

Que s’est-il passé ?

Les tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine sont montées d’un nouveau cran cette semaine. Le président américain Donald Trump a demandé à son négociateur commercial, Robert Lighthizer, de préparer une nouvelle liste de 200 milliards de dollars de produits chinois importés qui seront taxés par de nouvelles taxes de 10%. C’est la réaction à la taxation par les Chinois de 34 milliards d’importations agricoles américaines, qui elles-mêmes étaient une réaction aux taxes de 25% sur 50 milliards d’importations chinoises. Et cette escalade risque de ne pas s’arrêter. La Chine a d’ores et déjà annoncé qu’elle allait répliquer à ces nouvelles taxes et les Etats-Unis ont annoncé qu’ils répliqueraient aussi en cas de mesure de rétorsion.

Pourquoi de telles tensions ?

Donald Trump veut forcer la Chine à réduire l’excédent commercial astronomique qu’elle affiche avec les Etats-Unis. De fait, l'empire du Milieu vend beaucoup plus de produits "made in China" aux Américains que les Chinois n’achètent de produits US. Et les montants sont astronomiques : le déficit commercial américain vis-à-vis de la Chine équivaut pratiquement à 1 milliard de dollars par jour, soit 350 milliards de dollars par an. En 2017, Washington a exporté 130,4 milliards de dollars de marchandises vers la Chine quand celle-ci a exporté 505,6 milliards de dollars de biens vers son partenaire américain. "La Chine a bien plus à perdre", a ainsi résumé mardi Peter Navarro, un conseiller économique de la Maison-Blanche.

Sommes-nous entrés dans une guerre commerciale ?

"Non, l’emballement auquel nous assistons n’est pas constitutif d’une guerre commerciale mais correspond de façon claire à un renforcement très substantiel du protectionnisme", explique Christopher Dembik, responsable de la recherche économique de Saxo Bank. Selon lui en effet "une vraie guerre commerciale ne passerait pas par la mise en place de tarifs douaniers mais celle de réglementations beaucoup plus restrictives, qui pourraient viser par exemple les sous-traitants chinois de grandes entreprises américaines". La Chine pourrait par exemple envoyer ses services sanitaires inspecter des entreprises chinoises essentielles à la chaîne de production de grands groupes américains, et les fermer rapidement le cas échéant. Ce serait à n’en pas douter très efficace.

Il semble toutefois peu probable que la Chine en arrive à cette extrémité pour Marc Fiorentino. "Les ponts ne sont pas complètement rompus entre la Chine et les Etats-Unis", souligne le spécialiste des marchés financiers. "Trump répète à chaque fois qu’il est prêt à négocier, et les Chinois, on le sait, ne veulent pas d’un affrontement, mais ils ne savent plus comment gérer ce président qui se dit un jour ami proche de leur leader et qui le lendemain lance une taxe à l’importation".

Quel est le risque pour la croissance mondiale ?

"On sait que le protectionnisme entraîne mécaniquement une baisse du commerce mondial, donc une baisse de la croissance. Il favorise traditionnellement aussi le dollar, ce qui est grosso modo ce que l’on constate", note Christopher Dembik. Pas de quoi s’alarmer pour autant, du moins à ce stade. D’après les analystes d’UBS, ces taxes bilatérales ciblées devraient avoir un effet limité sur l’économique mondiale. A ce stade, la banque d’affaire estime que les nouveaux droits de douanes américains et chinois devraient réduire la croissance du PIB d'environ 0,1% dans les deux pays, voire moins, alors qu’ils devraient se traduire par une hausse de 2 à 3 points de base de l'inflation américaine.

En Europe, La BCE prévoit une croissance économique de 2,1% dans la zone euro cette année, de 1,9% l'an prochain et de 1,7% en 2020. Mario Draghi a précisé la semaine dernière que ces chiffres n'intégraient pas "les effets de mesures commerciales qui n'ont pas encore été mises en oeuvre".

Quel est l'impact de ces tensions sur les marchés financiers ?

Shanghai et Hong Kong avaient fortement baissé mardi après que Pékin eut averti qu'elle riposterait à la menace de Donald Trump. De son côté, l'indice vedette de Wall Street, le Dow Jones, avait terminé mardi dans le rouge pour la sixième séance de suite (-1,15%). Les bourses chinoises ont toutefois terminé en hausse mercredi grâce à des achats opportunistes, tandis que la Bourse de New York tentait de se stabiliser.

Confiante, la banque UBS estime que "les actions mondiales devraient continuer de monter alors que la croissance américaine s'accélère après un premier trimestre en demi-teinte, et avec une croissance mondiale qui reste supérieure à sa tendance de long terme".

Pour sa part, s’il ne "voi[t] pas cette montée du protectionnisme provoquer une nouvelle crise", Christopher Dembik estime qu’ "elle intervient au mauvais moment, alors que la vraie problématique aujourd'hui est celle du durcissement des politiques monétaires et du relèvement des taux d’intérêt".

François Berthon

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