(BFM Bourse) - Le taux à 10 ans de l'obligation du Trésor américain a dépassé les 4,4%, touchant des plus haut depuis fin 2007. La Réserve fédérale a délivré un message plus restrictif que prévu.
La séance de jeudi s'annonce difficile pour les marchés, le CAC 40 perdant 1% dans les premiers échanges. Surtout, les rendements obligataires américains décollent à la suite de l'issue de la réunion de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed). Le taux du titre à 10 ans du Trésor américain s'inscrit ainsi à 4,428% ce jeudi matin contre 4,323% mercredi, avant les annonces de la banque centrale américaine, soit un plus haut depuis fin 2007.
Comme l'avait largement anticipé le marché, la Fed a opté pour le statu quo sur ses taux directeurs. Mais l'enjeu se situait ailleurs, notamment au niveau des "dots plots", c'est-à-dire des projections des membres de la Fed sur la macroéconomie et les taux directeurs à moyen terme.
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La médiane de ces prévisions a montré que les membres de la Fed s'attendent à ce qu'une hausse de taux de 25 points de base (0,25 point de pourcentage) ait encore lieu cette année. Puis ils anticipent des baisses de taux représentant 50 points de base l'an prochain.
"L'annonce sera considérée comme légèrement hawkish ("restrictive", NDLR) puisque la projection médiane ne prévoit plus que 50 points de base de réduction en 2024 (contre 100 points de base dans les projections de juin) et 120 points de base supplémentaires de réduction en 2025, ce qui ramènerait le taux directeur à un point médian de 3,9 % (contre 3,4 % en juin)", constate Capital Economics.
Des projections économiques crédibles?
Les déclarations de Jerome Powell n'ont pas aidé. Lors de sa conférence de presse, le président de la Fed a indiqué qu'un "soft landing", c'est-à-dire un atterrissage en douceur de l'économie face aux effets de la politique monétaire mise en place pour réduire l'inflation, ne constituait pas le scénario de base de sa banque centrale.
"Un message un peu confus, mais dans l'ensemble, Powell a renforcé le message "plus haut pour plus longtemps"" sur les taux, résume Deutsche Bank.
"Si on devait définir "pause hawkish", cette conférence de presse serait une bonne définition", a réagi sur X (ex-Twitter) Alexandre Baradez, chef de l'analyse de marché pour IG France.
Selon les dots plots, la Fed voit la croissance américaine rester robuste, avec une progression du PIB de 2,1% cette année et de 1,5% en 2024 et de 1,8% en 2025. L'inflation elle passerait de 3,3% cette année à 2,5% en 2024 puis à 2,1% en 2025.
"Si la Fed a raison en ce qui concerne les perspectives économiques, les taux peuvent incontestablement rester plus longtemps à un niveau plus élevé. Nous ne croyons tout simplement pas à ces prévisions", assène Capital Economics.
"L'économie réelle sera considérablement plus faible et, quoi qu'il en soit, l'inflation de base reviendra beaucoup plus rapidement à l'objectif fixé. Dans ces conditions, nous prévoyons toujours que la Fed laissera ses taux inchangés jusqu'à la fin de l'année et qu'elle les réduira de près de 200 points de base l'année prochaine", poursuit le think tank.