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Marché : Ce que peut réserver l'année 2024 pour les marchés actions

dimanche 31 décembre 2023 à 12h00
Une année 2024 encore risquée

(BFM Bourse) - L'économie devrait ralentir cette année, tandis que les banques centrales réduiront leurs taux. Wall Street semble encore avoir du potentiel. Le débat est par contre ouvert pour les actions de la zone euro.

Si les marchés actions ont connu une année en dents de scie en 2023, le millésime a finalement été bon. Le CAC 40 s'est adjugé 16,52%, le Stoxx Europe 600 a progressé de 12,7% et le S&P 500 (*) a pris 24,1%.

L'année n'a pas été de tout repos, notamment en mars, lorsque la faillite de la banque californienne SVB a entraîné un mouvement de défiance sur l'ensemble des établissements régionaux américains, fragilisant par là même la totalité du secteur. Cela a été fatal au maillon faible de l'Europe, la banque Crédit Suisse, qui a dû faire face à de violents retraits de dépôts. Pour préserver la stabilité bancaire et éviter de devoir voler directement à son secours, les autorités suisses ont poussé Crédit Suisse dans les bras un peu contrariés d'UBS, au prix de quelques entorses aux règles du capitalisme. En novembre, la guerre entre Israël et le Hamas, si elle n'a pas déclenché de mouvement de panique sur les marchés, a ajouté un important facteur d'incertitudes, en particulier sur les cours du pétrole.

Du côté des tendances sectorielles, deux mouvements ont porté les valeurs: l'engouement pour l'intelligence artificielle générative, avec le succès gigantesque de ChatGPT, illustré en Bourse par le bond de l'action et des résultats de Nvidia, et l'essor des médicaments anti-obésité, qui a permis au danois Novo Nordisk de devenir la première capitalisation européenne.

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Plus de 150 baisses des taux des banques centrales en 2024

Au crépuscule de 2023, que peut-on désormais attendre pour l'année à venir? Une chose semble acquise: beaucoup dépendra cette année de la trajectoire de l'inflation et des politiques monétaires des grandes banques centrales.

Dans l'absolu, le marché ne paraît pas si loin de la situation dans laquelle il se trouvait à l'été 2023: les investisseurs semblent tabler sur le fameux scénario "Boucle d'or" qui pour simplifier signifierait que l'inflation refluerait, l'économie ralentirait doucement, et les grandes banques centrales passeraient d'importantes baisses de taux.

"Au vu des prix de marché actuels, les investisseurs continuent à anticiper un atterrissage en douceur et semblent faire fi du risque de récession accru", observe en sourcillant HSBC Asset Management.

Au niveau des prévisions des taux directeurs, la banque Barclays s'attend, à titre d'exemple, à ce que la Banque centrale européenne (BCE) commence à réduire ses taux dès le mois d'avril prochain, à hauteur de 25 points de base (0,25%) avant de répéter ce mouvement à chaque réunion jusqu'en janvier 2025, date à laquelle le taux directeur de la BCE atteindrait 2,25% contre 4,5% actuellement. Pour la Réserve fédérale américaine (Fed), les investisseurs tablent sur des baisses de taux comprises entre 125 et 150 points de base sur l'ensemble de 2024, selon l'outil FedWatch du CME Group.

Plus largement, Bank of America estime que les banques centrales procéderont en 2024 à un total de pas moins de 152 baisses de taux, chiffre qui dépasserait les hausses de taux pour la première fois depuis l'année 2020.

Gare à trop d'optimisme

Plusieurs intermédiaires de marché mettent toutefois en garde contre un excès d'optimisme. "Nos perspectives restent prudentes pour 2024 alors que nous estimons que le marché intègre actuellement un scénario irréaliste à la 'Boucle d’or'", estime DNB Asset Management. JP Morgan Asset Management doute également du scénario d'atterrissage en douceur. "Il est trop tôt pour que les banques centrales crient victoire face à l’inflation et il est peu probable que les baisses de taux en 2024 puissent prévenir une détérioration de l’économie", écrivent ses stratégistes. "2024 pourrait être beaucoup plus chaotique que merveilleuse", prévenait sur BFM Bourse le 18 décembre Céline Piquemal-Prade, directrice générale de Piquemal Houghton Investments, qui pointait des "incertitudes du côté de l'inflation" alors que les valorisations "n'indiquent aucune incertitude", selon elle.

Sur le plan purement macroéconomique, un essoufflement de l'activité se profile. "La vigueur de l’économie américaine en 2023 est susceptible de céder le pas, en 2024, à une croissance plus faible, mais néanmoins encore positive. De son côté, la croissance européenne devrait rester atone. La Chine est, quant à elle, appelée à connaître une 'nouvelle normalité', marquée par une croissance plus faible qui pourrait toutefois être de meilleure qualité", anticipe UBS.

La banque suisse appelle à ne pas sous-estimer les risques politiques et géopolitiques, alors que marché fait face à un risque d'embrasement de deux conflits (la guerre en Ukraine et le conflit entre Israël et le Hamas) et que les Etats-Unis organiseront à la fin de l'année une nouvelle élection présidentielle sous haute tension. "Des élections très disputées auront lieu aux États-Unis et au Royaume-Uni, tandis que d’autres scrutins, comme à Taïwan, seront aussi au centre de l’attention en raison des tensions avec la Chine", rappelle JP Morgan Asset Management. Selon ses stratégistes, 40 scrutins auront lieu en 2024. "L’issue de l’élection présidentielle américaine prévue le 5 novembre aura un impact sur l’économie mondiale en raison des divergences de vue entre les républicains et les démocrates sur un certain nombre de sujets, notamment la guerre en Ukraine et l’action en faveur du climat", expliquent-ils par ailleurs.

Des actions américaines encore intéressantes

Dans ce contexte encore très incertain (comme chaque année, serait-on tenté d'écrire), qu'attendre en 2024 pour les grands indices européens et américains? JPMorgan Private Bank estime que les actions offrent "un potentiel de gains significatifs en 2024" car la croissance des bénéfices des grandes capitalisations devrait s'accélérer et "pourrait propulser les marchés boursiers au cours de l'année prochaine".

"Nous pensons que le secteur des grandes entreprises américaines a déjà connu une récession des bénéfices, huit des onze principaux secteurs du S&P 500 ayant enregistré une croissance négative (une baisse, NDLR) des bénéfices pendant au moins deux trimestres consécutifs au cours des deux dernières années. Ces entreprises sont devenues plus légères et plus résistantes face aux défis potentiels que 2024 pourrait présenter", explique Christopher Baggini, responsable mondial des stratégies actions chez J.P. Morgan Private Bank.

De son côté, Deutsche Bank table sur un S&P 500 à 5.100 points à la fin 2024, contre 4.765 points actuellement, soit un potentiel de 7%, grâce notamment à une croissance "robuste" des bénéfices par action des pensionnaires du S&P 500. UBS est à 4.700, tablant sur une absence de récession aux Etats-Unis. Plus largement, selon une enquête menée par Bloomberg au milieu du mois, la moyenne des prévisions de 518 intermédiaires de marché se situait à 4.808 points pour l'an prochain, ce qui représenterait un record, quand bien même la progression serait limitée.

Un débat pour les marchés européens

Pour les marchés actions européens, les débats semblent très ouverts pour l'an prochain. UBS se montre prudente, soulignant que l'Europe risque de basculer en récession et que les marges des entreprises pourraient souffrir.

"Nous pensons que la plupart des secteurs en Europe sont exposés à un affaiblissement de la demande, à une baisse du 'pricing power' ou à des pressions constantes sur les coûts", note la banque suisse, qui table, dans des prévisions dévoilées en novembre, sur un Euro Stoxx 600 (un indice regroupant les grandes capitalisations de la zone euro) à 410 à la fin de l'année, contre 479 actuellement.

Mais Deutsche Bank, elle, s'avère plus optimiste, avec une prévision à 510. La banque allemande estime que le pire est déjà passé. "Les données sur la croissance européennes sont déjà à des niveaux observés lors des précédentes récessions, les prévisions de croissance des bénéfices ont été abaissées au plus bas parmi l'ensemble des places boursières et les valorisations évoluent dans des profondeurs dignes de la crise financière européenne", développe l'établissement allemand.

Citée par Bloomberg, Citi partage cette cible de 510 points, juge également que le pire a déjà été intégré dans les cours, et considère que les investisseurs sont trop pessimistes quant aux perspectives des résultats d'entreprises pour la zone euro. Goldman Sachs pour sa part voit l'Euro Stoxx 600 à 500 points et table sur une augmentation des bénéfices des entreprises de la zone euro de 7%, rapporte Reuters.

Selon une enquête menée auprès de 16 établissements par Bloomberg, les stratégistes voient en moyenne le Stoxx 600 achever l'année 2024 à 474 points mais avec des écarts très sensibles.

Signe qu'il est difficile d'établir les prévisions, les membres de deux unités différentes d'une même banque ne sont pas d'accord entre eux. Les stratégistes de Bank of America estiment que l'Euro Stoxx 600 pourrait tomber à 390 mi 2024 avant de remonter à 420 fin 2024, car les sociétés européennes pâtiront de l'affaiblissement de la conjoncture mondiale. A contrario, les analystes (et non les stratégistes) de Bank of America jugent que les bénéfices des entreprises européennes augmenteront de 8% et que les actions de la zone euro de leur couverture progresseront d'environ 15%, rapporte Bloomberg.

A noter que les bureaux d'études semblent optimistes pour la Bourse de Londres, qui a connu une année blanche en Bourse en 2023 ou presque, le FTSE 100 s'adjugeant à peine 3,8% en 2023. Les analystes interrogés par Bloomberg voient, en moyenne, l'indice principal de la place londonienne terminer 2024 autour de 7.960 points contre 7.733 points actuellement.

(*) Les cours ont été arrêtés vendredi soir après la clôture européenne

Julien Marion - ©2025 BFM Bourse
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