(BFM Bourse) - Les deux contrats à terme sur la matière première agricole ont lourdement chuté lundi, car les prévisions météorologiques ont fait état de pluies qui devraient soutenir la production dans plusieurs pays.
Après la flambée, le krach. Les cours du cacao, qui ont flambé ces derniers trimestres au point de dépasser le mois dernier les 12.000 dollars la tonne, ont plongé lundi. Le contrat de juillet à New York a dévissé sur une journée de 19,8% à 7.130 dollars la tonne tandis que celui de mai à Londres a perdu 21,9%, selon les données d'investing.com.
Selon Bloomberg, la chute sur le contrat de New York est la plus forte enregistrée depuis que les données de marchés sont compilées, soit plus de 60 ans.
La baisse des cours a, à priori, été déclenchée par les prévisions météorologiques. Citée par Barchat, la société d'analyses géospatiales Maxar Technologies explique que des averses en Côte d'Ivoire et au Ghana "devraient améliorer quelque peu les conditions de pousse du cacao".
Or la Côté d'Ivoire représente environ 40% de la production mondiale de cacao et le Ghana un peu moins de 20%. Ces prévisions de précipitations concernent également l'Indonésie, troisième producteur mondial.
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Des facteurs techniques
Il faut également comprendre que le marché du cacao s'est resserré, avec moins de liquidité et moins de mouvements. L'opérateur de marché ICE a plusieurs fois relevé les exigences en matière de collatéraux – pour simplifier l'argent mis en garantie d'une position acheteuse –requises pour miser sur les contrats à terme sur le cacao.
Cette hausse du cash requis en dépôt a pu décourager les investisseurs, qui ne souhaitent ainsi plus se positionner sur le cacao.
Avec un marché moins liquide, les mouvements de baisses sont amplifiés. Cette faible activité sur le cacao signifie que "les moindres mises à jour des prévisions météorologiques en Afrique de l'Ouest ou les signes de destruction de la demande entraîneront ces fortes variations de prix", a déclaré à Bloomberg John Goodwin, analyste principal des matières premières chez ArrowStream Inc.
Sur un an, les prix du cacao restent toutefois encore en hausse de plus de 120%, pour le contrat américain. Depuis plus d'un an, les cours de la matière première du chocolat ont été pénalisés par de nombreux facteurs du côté de l'offre.
"Des conditions météorologiques défavorables, le vieillissement des arbres et les maladies des cultures au Ghana et en Côte d'Ivoire ont fait plus que doubler les prix du cacao au cours de l'année écoulée. La production devrait être inférieure à la consommation pour la troisième saison consécutive, ce qui laisse présager un déclin à long terme de la production de cacao dans la région", expliquait le mois dernier Saxo Bank.
"Pour compliquer les choses, un virus très répandu menace la santé des cacaoyers, en particulier au Ghana, où la maladie du virus de la pousse de cacao gonflée (CSSVD), véhiculée par des cochenilles farineuses, a entraîné des pertes de récolte allant de 15% à 50%", ajoutait l'intermédiaire financier.
"En outre, l'escalade des coûts des pesticides et des engrais a imposé des contraintes financières aux agriculteurs, qui ont eu du mal à se procurer ces éléments essentiels à l'entretien des cultures. Les ravageurs qui se sont attaqués aux plants de cacao, diminuant encore les rendements, ne font que compliquer les choses", expliquait également Saxo Bank, un peu plus tôt, en février.