(BFM Bourse) - L'essor du marché et des investissements dans le domaine des véhicules électriques n'a en rien subi les effets de la crise sanitaire, selon Mellon. Au contraire, le segment des batteries notamment recèle encore de belles opportunités, à en croire la société de gestion.
Diminution des coûts et amélioration des performances caractérisent parallèlement l'industrie des batteries. De nouvelles technologies particulièrement intéressantes apparaissent, comme les batteries à électrolyte solide, potentiellement plus sûres et plus stables que les batteries actuelles, même si toute nouvelle technologie a ses inconvénients, comme ses avantages. Prudence en outre : toutes ne sont pas rentables et même la technologie la plus prometteuse n’est viable que si elle se prête aussi à une production de masse.
Dans ce contexte, les entreprises utilisant des batteries garderont une préférence pour les technologies offrant un coût en dollar par kilowattheure réduit, même si ce ne sont pas forcément les plus modernes. Ainsi George Saffaye, en charge de la stratégie d’investissement globale chez Mellon (BNY Mellon Investment Management) s'attend une amélioration progressive des coûts et de l’autonomie des types de batteries existants plutôt que de voir s'imposer des nouveautés révolutionnaires qui en réalité ne seront viables qu’à long terme (dix ans et plus).
Trois grands types de technologies existent aujourd'hui : les batteries lithium-fer-phosphate (LFP), les batteries nickel-manganèse-cobalt (NMC) et les batteries nickel-cobalt aluminium (NCA). L’industrie concentre ses efforts sur l’amélioration de la densité énergétique, de la performance et de la durée de vie utile des batteries des véhicules électriques. L'enjeu pour les batteries NMC est de parvenir à se passer du cobalt, plus de la moitié de ce métal est issu de mines artisanales situées en République démocratique du Congo (RDC), recourant fréquemment au travail des enfants selon l'Unicef- en augmentant la teneur en nickel. Mais ce dernier devenant de plus en plus onéreux, certains comme la société chinoise CATL, qui fournit Tesla, cherchent à développer des batteries sans nickel ni cobalt.
Actuellement, les batteries des véhicules électriques coûtent environ 150 dollars par kWh. Le seuil à partir duquel elles pourront concurrencer les véhicules traditionnels à moteur thermique est estimé à environ 100 dollars par kWh. Vu une diminution du prix d’environ 10% par an en moyenne, les batteries des véhicules électriques devraient être concurrentielles, hors subventions, d’ici 2023-2025, pronostique George Saffaye. Qui plus est, dans la mesure où les progrès vont se poursuivre, il viendra un moment où les nouvelles technologies deviendront même moins chères que les batteries des véhicules classiques.
Des opportunités d’investissement
Les actions relatives à ce segment se sont bien comportées au cours des mois passés, mais il y a encore matière à réaliser de belles opérations, juge George Saffaye. La révolution de l’électrification et du transport n’en est qu’à ses balbutiements. En Europe, le taux de pénétration des véhicules électriques et hybrides, et donc des batteries, n'est encore compris qu'entre 5 et 10%. Or le durcissement continu de la réglementation sur les émissions favorise cet essor.
En dépit de la pandémie de Covid-19, les Européens sont en train de mettre en œuvre un plan de réduction des émissions de CO2 offensif. La Chine progresse elle aussi avec détermination et la Corée a elle aussi mis en place un plan d’électrification très audacieux.
BNY Mellon ne croit pas à un scénario où un seul acteur rafle toute la mise ("winner-takes-all"), plusieurs multinationales de premier rang intervenant sur le marché des batteries de véhicules électriques. La conception et la fabrication de tels équipements nécessitent des capitaux considérables, ce qui limite le nombre de nouveaux arrivants tout en favorisant les acteurs, importants et bien capitalisés, qui se livrent aujourd'hui concurrence au sein du segment. Parmi les acteurs figurant dans le portefeuille du BNY Mellon Mobillity Innovation Fund, le fonds maison dédié lancé en 2018, figurent notamment Aptiv (l'ancienne branche de Delphi dédiée aux nouvelles technologies de mobilité) et Samsung SDI.