(BFM Bourse) - Berkshire Hathaway, la société du célèbre financier, a abaissé sa participation au sein du constructeur automobile à 19,92% contre 20,04% précédemment. L'action a chuté de plus de 7% à Hong Kong et Shenzhen.
Warren Buffett a encore eu le nez creux en investissant dans le constructeur automobile chinois BYD (pour "Build your Dreams", "construisez vos rêves" en anglais). L’oracle d’Omaha a investi dès 2008 dans le capital de cette société dont le cours de Bourse a été multiplié par plus de 20 depuis sa prise de participation, et par près de cinq depuis début 2020.
Le célèbre investisseur a toutefois jugé qu’il était temps de prendre quelques bénéfices. Selon un document déposé auprès de la Bourse de Hong Kong, où BYD est coté tout comme à Shenzhen, sa société d’investissement s’est allégée au capital du groupe automobile.
Sa participation est ainsi passée de 20,04% à 19,92%, après la cession de 1,33 million d’actions pour un montant de 368 millions de dollars hongkongais, soit environ 46,8 millions d’euros.
Bien que limitée, cette cession a mis à mal l’action BYD qui a chuté de 7,9% à Hong Kong à 242,20 dollars hongkongais et de 7,4% à Shenzhen à 287,98 yuans. Le mois dernier, des rumeurs d’une sortie du capital par Warren Buffett avaient fait plonger l’action de 12%.
Des investisseurs refroidis
"C’est une tendance actuelle: les investisseurs commencent à retirer des liquidités du marché", explique à CNBC Yang Liu, directeur des investissements chez Atlantis Investment. Cet intermédiaire de marché estime que Warren Buffet a pu céder des parts en raison des incertitudes entourant le marché chinois des véhicules électriques. Selon Daxue consulting, ce marché a atteint en Chine l’an passé 2,92 millions d’unités et a été multiplié par plus de 2,5. Selon les projections du cabinet, les ventes devraient encore bondir de 30% en 2022.
"C’est probablement une prise de bénéfices", juge de son côté Kerry Goh, directeur des investissements de Kamet Capital Partners, sondé par Bloomberg. "BYD a très bien fonctionné pour [Berkshire Hathaway], surtout au cours des trois dernières années. Ce n'est pas leur style de vendre juste parce que quelqu'un dit que la Chine est ininvestissable", poursuit-il.
Egalement interrogé par l’agence américaine, Franklin Tang, analyste chez Excel Investment, estime que l’opération menée par Warren Buffett "pourrait ébranler la croyance ferme dans les actions BYD chez beaucoup d’investisseurs institutionnels". L’intermédiaire de marché juge que l’action du groupe chinois a été tirée par des "spéculateurs" qui pourraient désormais se montrer frileux car "leur conviction était largement fondée dans leur confiance dans le jugement de Warren Buffett".
Devant Tesla mais pas vraiment en fait
Ces remous sur l’action BYD surviennent alors que le groupe chinois a publié lundi ses résultats du premier semestre, avec notamment un doublement de son bénéfice net sur un an à 3,6 milliards de yuans (environ 520 millions d’euros), soit le haut de la fourchette de 2,8 milliards à 3,6 milliards de yuan qu’il avait précédemment communiquée.
Le constructeur basé à Shenzhen a récemment attiré l’attention en devenant le numéro un mondial de l’électrique, avec 640.000 ventes au premier semestre, devant l’américain Tesla et ses 564.000 véhicules écoulés sur la même période. Toutefois, comme l’ont expliqué nos collègues de BFM Auto, ces chiffres incluent les ventes d’hybrides rechargeables, contrairement à Tesla qui s’est depuis son origine concentré sur les véhicules 100% électriques et conserve donc en réalité sa couronne dans ce domaine.
Selon Les Echos, le groupe chinois prépare désormais une importante offensive en Europe en prévoyant le lancement de trois véhicules électriques à l'automne sur le Vieux Continent. BYD sera d'ailleurs présent au Mondial de l'Automobile de Paris en octobre, une grande première pour lui.
