(BFM Bourse) - L'action du groupe hollandais chute ce mercredi à la Bourse d'Amsterdam malgré des commandes rassurantes. Les perspectives pour le troisième trimestre sont inférieures aux attentes et surtout les Etats-Unis risquent de prendre des sanctions qui pénaliseraient son activité.
Deuxième plus importante capitalisation boursière en Europe, derrière Novo Nordisk et devant LVMH, ASML est à la peine ce mercredi à la Bourse d'Amsterdam.
Spécialiste de la conception des machines utilisées pour la photolithographie, une technologie indispensable à la création de semi-conducteurs, le groupe plonge de 8% à la Bourse d'Amsterdam, après avoir dévoilé ses résultats du deuxième trimestre.
En réalité, les comptes publiés par ASML n'expliquent probablement pas la chute du titre. Aussi bien les revenus, le bénéfice brut, le résultat opérationnel que le résultat net se sont avérés supérieurs au consensus.
Point important: les commandes d'outils de lithographie "EUV" (par rayonnement ultra-violet extrême), nouvelle génération de produits de la société, se sont accélérées pour s'établir à 2,5 milliards d'euros contre 656 millions d'euros sur le trimestre précédent.
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Le menace de restrictions américaines
Toutefois, les perspectives livrées par la société pour le troisième trimestre sont inférieures aux attentes. ASML prévoit des revenus compris entre 6,7 milliards d'euros et de 7,3 milliards d'euros ainsi que sur une marge brute située entre 50% et 51%, quand le consensus tablait sur 7,5 milliards d'euros de revenus et une marge brute à 51,5%, selon Stifel.
Le groupe, qui qualifie son exercice 2024 de "transition" a toutefois maintenu sa cible de ventes stables en valeur pour l'ensemble de 2024, ce qui impliquera un "fort quatrième trimestre", note Invest Securities.
Surtout, la chute de l'action est due aux tensions géopolitiques. Les informations de ce mercredi "sur d'éventuelles nouvelles restrictions américaines à l'égard de la Chine pourraient gâcher la fête", a prévenu Oddo BHF dans une note publiée avant l'ouverture du marché.
Bloomberg a rapporté ce mercredi que l'administration Biden envisageait de mettre en place des mesures contraignantes à l'égard des sociétés – l'agence cite nommément ASML ainsi que le japonais Tokyo Electron – si ces dernières continuaient à donner accès à la Chine à des technologies de semi-conducteurs avancées.
"À la recherche d'un moyen de pression sur leurs alliés, les États-Unis réfléchissent à la possibilité d'imposer une mesure appelée 'règle relative aux produits étrangers directs' (Foreign Direct Product Rule, ou FDPR), ont déclaré des personnes au fait des récentes discussions", explique l'agence.
Les propos de Trump
"Cette règle permet au pays d'imposer des contrôles sur les produits fabriqués à l'étranger qui utilisent ne serait-ce qu'une infime partie de la technologie américaine", poursuit Bloomberg. Cette mesure serait utilisée pour limiter l'activité des deux sociétés en Chine, et notamment réduire leur capacité à entretenir ou réparer des équipements déjà présents dans le pays.
A la Bourse de Tokyo, Tokyo Electron a clôturé en baisse de 7,5%, une chute quasi identique à celle accusée par ASML ce mercredi.
La Chine représente un énorme marché pour ASML, le pays comptant pour 49% de ses ventes de systèmes au deuxième trimestre, loin devant la Corée du Sud (28%) et Taïwan (11%).
Selon Reuters, des analystes ont lié la chute de l'action ASML à la fois à cette information de Bloomberg mais aussi à des déclarations de Donald Trump. Le candidat républicain à la Maison Blanche a déclaré à Bloomberg Businessweek que Taiwan "avait pris 100% de notre business de puces".
"Je pense que Taiwan devrait nous payer pour la défense. Vous savez, nous ne sommes pas différents d'une compagnie d'assurance. Taiwan ne nous donne rien", a-t-il ajouté.
Or le plus important fondeur de puces au monde, le taïwanais TSMC, est l'un des plus grands clients d'ASML. L'action TSMC a perdu 2,4% mercredi à la Bourse de Taipei.
