(BFM Bourse) - L'action Nintendo a terminé en baisse de 4,3% ce vendredi 17 janvier après avoir officialisé la veille le lancement de la Switch 2, console succédant à son produit phare introduit en 2017. Mais entre l'absence de détails techniques et une machine assez peu novatrice, l'action s'est retrouvée sous pression à la Bourse de Tokyo.
Tant pour le marché que pour les gamers, la Switch 2 a constitué une véritable arlésienne. Depuis de longs mois, investisseurs et joueurs attendaient que Nintendo dévoile la machine qui succéderait à sa console versatile (elle peut servir de console portable comme de salon, d'où le nom de "Switch").
Nintendo s'était montré très avare en informations, se contentant d'indiquer en mai dernier qu'une annonce serait faite d'ici à la fin de son exercice fiscal 2024-2025 (c'est-à-dire avant fin mars 2025). En parallèle, les fuites plus ou moins sérieuses dans la presse se sont multipliées.
La société basée à Kyoto a finalement dévoilé jeudi après-midi une bande-annonce livrant les premières images de cette nouvelle console, qui sera bien baptisée "Switch 2".
Concrètement, la machine sera plus grande que son illustre aînée, avec un design très similaire, pour ne pas dire identique. La vidéo montre par ailleurs une console intégralement noire quand la Switch, lors de sa sortie en 2017, proposait des "Joy-Con" (les commandes latérales de la console, qui se clipsent sur le côté) bleu et rouge. Quelques nouveautés mineures sont à noter. Par exemple, les Joy-Con ne se fixent plus à la console via des "rails" mais grâce à un système d'aimants.
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L'action Nintendo souffre
Côté jeu, la bande-annonce a montré des images très succinctes d'un jeu Mario Kart, sans que l'on puisse être sûr à ce stade qu'il s'agit bien d'un nouveau titre et non de simples images de démonstration.
La vidéo explique que cette console sera rétro compatible, c'est-à-dire que la Switch 2 pourra lire des jeux sortis sur la première Switch, tout en précisant que "certains titres pourraient être incompatibles ou ne pas être entièrement compatibles".
Une présentation plus détaillée de la console est prévue lors de l'évènement Nintendo Direct, le 2 avril prochain.
In fine, toutes ces informations restent quand même bien maigres pour une console si attendue. À la Bourse de Tokyo, l'action Nintendo a terminé en baisse de 4,26%, la plus forte baisse du titre depuis fin septembre, alors que le Nikkei 225 n'a reculé que de 0,3%. L'action a perdu autour de 7% en cours de séance.
L'absence de détails cruciaux
Comme souvent avec ce type d'information, le marché a pu "acheter la rumeur et vendre la nouvelle", d'autant que les annonces concrètes sont dans ce cas assez faméliques. "La chute est due au fait que les diverses informations qui circulaient déjà ont correspondu aux annonces de Nintendo qui manquaient de surprise", a déclaré Hideki Yasuda, analyste principal chez Toyo Securities, dans une note mentionnée par Nikkei Asia.
"L'action [de Nintendo] a été achetée sur des attentes et vendue sur des faits ", a-t-il ajouté.
Cité par le Wall Street Journal, Tomoichiro Kubota, analyste principal du marché chez Matsui Securities, estime que les investisseurs ont pour l'instant pris leurs bénéfices sur l'action Nintendo, car l'entreprise n'a pas annoncé de détails clés tels que la date de lancement, le prix et les plans en matière de jeux. "Sans ces détails, il n'est pas possible d'établir des prévisions de bénéfices", a-t-il expliqué.
"Des spécifications techniques cruciales comme la résolution de l'écran ou la puissance de la console n'ont pas été dévoilées", remarque de son côté John Plassard de Mirabaud, dans sa note matinale.
L'absence de nouveauté majeure au niveau du concept en lui-même peut également peser. "La révélation de la console n'a pas eu le même 'punch" que celui de la console Switch originale", pointe auprès de Reuters, Serkan Toto, de Kantan Consultancy. "Ce que nous avons vu ressemble plus à une 'Switch Pro' (une version plus grande de la Switch) qu'une Switch 2", précise-t-il.
Des objectifs sous pression ?
Avec la présentation de la console début avril, les analystes attendent un lancement officiel de la Switch 2 en mai, voire en juin. La nouvelle machine ne contribuerait alors pas aux résultats de Nintendo sur son exercice actuel, clos fin mars prochain.
Ce qui pourrait mettre sous pression ses résultats. Nintendo, pour cet exercice 2024-2025, compte dégager 1.350 milliards de yens (8,4 milliards d'euros) de revenus et 360 milliards de yens de résultat opérationnel.
Cité par Nikkei Asia, Naruhito Miki, analyste chez Nomura Securities avait pris comme hypothèse une sortie de la Switch 2 en mars. Si cette console sort sur le prochain exercice (2025-2026, donc), l'analyste estime que Nintendo pourrait manquer sa cible de 360 milliards de yens de résultat opérationnel.
Sortie en 2017, la Switch a rencontré un important succès populaire et commercial. La console avait alors été portée par la qualité de certains jeux sortis peu après son lancement, notamment "Zelda Breath of the Wild", considéré comme l'un des meilleurs jeux de tous les temps.
Au dernier pointage communiqué par Nintendo, 146,04 millions de Switch se sont vendues dans le monde, avec également 1,31 milliard de jeux. Il s'agit de la troisième console la plus vendue de tous les temps, derrière la Playstation 2 et la Nintendo DS.
Reste à savoir si la Switch 2 pourra reproduire un tel succès. "Nous ne pensons pas que la nouvelle console connaîtra le même succès que la Switch, et nous voyons des prises de bénéfices potentielles après l'annonce", a écrit Yijia Zhai, analyste chez Macquarie Group dans une note mentionnée par Bloomberg en janvier 2024.
Cité par CNBC, les analystes de Moffett Nathanson expliquaient au même moment qu'il était peu probable que la Switch 2 "égale ou dépasse la Switch", arguant que la console Nintendo avait bénéficié du fait que les gens avaient acheté des consoles de jeux tout en restant à la maison pendant la pandémie de Covid-19.