(BFM Bourse) - Les stratégistes de la banque allemande sont passés de "sous-pondérer" à "surpondérer" sur le secteur ce vendredi, estimant que l'incertitude sur les droits de douane est suffisamment levée pour revenir sur le compartiment.
Les investisseurs y voient un peu plus clair. Depuis plusieurs mois, l'administration Trump a menacé d'instaurer des surtaxes douanières astronomiques sur les importations de médicaments européens.
Le président américain avait lui-même brandi des chiffres aberrants, évoquant un taux de 200% voire 250%.
Ce qui est évidemment loin d'être anodin pour les groupes européens pharmaceutiques. À titre d'exemple, Sanofi réalise environ la moitié de ses ventes aux États-Unis.
Les droits de douane seront finalement bien plus modérés. Jeudi, les États-Unis et l'Union européenne ont publié une déclaration commune permettant d'officialiser et de compléter l'accord noué fin juillet entre Donald Trump et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
Selon ce "joint statement", les produits pharmaceutiques exportés de l'Europe vers les États-Unis subiront des droits de douane de 15%.
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Un secteur décoté
L'annonce n'a pas provoqué de réaction boursière vraiment notable. Toutefois, dans une note publiée ce vendredi, les stratégistes de Deutsche Bank estiment qu'il est temps de revenir sur la pharmacie européenne. Les experts de la banque ont ainsi relevé leur opinion, passant de "sous-pondérer" à "surpondérer", ce qui revient à passer de "vendre" à "acheter".
Les stratégistes pensent que la déclaration commune entre Washington et Bruxelles "réduit considérablement l’incertitude pour les sociétés pharmaceutiques". "Comme nous l’avons noté précédemment, nous considérons qu’une meilleure visibilité sur les droits de douane est un déclencheur d’achat probable pour le secteur", ajoute la banque allemande.
"Il s'agit du secteur qui représente la plus grande part des exportations de l'Union européenne vers les États-Unis et il était l'un des deux secteurs les plus importants des marchés boursiers européens avant de sous-performer le Stoxx 600 (un grand indice paneuropéen, NDLR) de 14% depuis le début de l'année", observe encore Deutsche Bank.
"La réduction des risques liés aux droits de douane, la valorisation bon marché, les solides perspectives de croissance des bénéfices et les estimations prudentes de résultat offrent, selon nous, un potentiel de hausse intéressant pour le secteur", poursuit l'établissement.
Deutsche Bank observe que le secteur pharmaceutique européen affiche actuellement une décote de 13% par rapport à sa moyenne historique sur 10 ans. Ce alors que le consensus attend une progression moyenne du bénéfice par action de 7% du compartiment cette année, contre 0% pour l'ensemble du Stoxx Europe 600.
Incertitude sur les Suisses
UBS dressait un constat similaire la semaine dernière. La banque suisse remarquait que les grands groupes pharmaceutiques européens s'échangeaient avec une décote de 20% par rapport à leur valorisation moyenne sur 10 ans (sur la base de la valorisation en Bourse rapportée à la valeur de l'actif net, un indicateur comptable).
UBS estimait qu'une grande partie de cette décote était due à la fois aux craintes sur les droits de douane ainsi que sur une baisse des prix des médicaments aux États-Unis.
L'établissement jugeait qu'une annonce sur des droits de douane de 15% pour les produits pharmaceutiques constitueraient un "clearing event", c'est-à-dire une clarification bienvenue.
La banque suisse estimait au passage qu'Astrazeneca, Sanofi et Roche étaient moins exposés aux droits de douane américain que les autres groupes du secteur.
Précision importante toutefois: pour Roche, Sandoz et Novartis, des groupes suisses, la situation demeure encore floue. Washington a infligé fin août des droits de douane de 39% sur les importations suisses mais ces surtaxes douanières excluent, pour l'heure du moins, les produits pharmaceutiques.
Or les groupes suisses "représentent 36%" du secteur en Bourse en Europe, remarque Deutsche Bank.
Depuis le début de l'année, l'indice "Stoxx Europe Total Market Pharmaceuticals" perd 5%. Cet indice sectoriel paneuropéen est en réalité surtout plombé par la chute de Novo Nordisk (-41,5%), qui a livré des résultats d'essais cliniques décevants et émis plusieurs avertissements sur résultats, et dans une moindre mesure par le recul de Sanofi (-5,8%).
Le groupe français a notamment froissé le marché lors de la dernière saison des résultats en publiant un bénéfice net par action inférieur aux attentes.
La semaine dernière, la banque JPMorgan est passée à "surpondérer", équivalent d'acheter, sur la valeur. La banque américaine note que Sanofi devrait publier des résultats positifs d'études cliniques pour deux candidats médicaments, à savoir l'amlitelimab (traitement de la dermatite atopique) et le tolebrutinib (sclérose en plaques), au second semestre.