(BFM Bourse) - La nouvelle console du groupe japonais sort ce jeudi, huit années après sa grande sœur. Une bonne partie du destin boursier du groupe nippon se joue avec ce nouvel appareil.
Le jour tant attendu des fans de Nintendo est enfin arrivé. La Switch 2 du célèbre éditeur japonais de jeux vidéo sort officiellement ce jeudi 5 juin.
La nouvelle console débarque sur le marché huit années après son illustre ainée, la Switch. Cette dernière a rencontré un succès commercial presque inattendu, tant les observateurs doutaient à l'époque de son concept, c'est-à-dire une machine à la fois portable et de salon (d'où le terme "Switch").
Au dernier comptage publié par Nintendo, en mai dernier, 152,12 millions d'unités de la première Switch avaient été écoulées, ce qui en fait la troisième console la mieux vendue de tous les temps (derrière la Playstation 2 et la DS). Le nombre de jeux vendus s'inscrit, lui, à 1,39 milliard. Selon Bloomberg, la Switch a permis à Nintendo de générer un total d'environ 100 milliards de dollars de revenus.
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Une action au plus haut
Un sacré héritage qui s'annonce lourd à porter pour la nouvelle console, dont le prix (469 euros et jusqu'à 90 euros pour les jeux) a fait grincer quelques dents.
En Bourse, une grande partie du destin de la société japonaise découlera de la réception de cette console.
Pour l'heure, le titre Nintendo prend 30,5% depuis le début de l'année à la Bourse de Tokyo, une performance enviable et nettement supérieure à celle du Nikkei 225, l'indice de référence de la place japonaise, qui cède 5,4% sur la même période.
Le Wall Street Journal attribue le gros de cette surperformance aux espoirs que la Switch 2 reproduira le succès commercial de sa glorieuse ainée.
"L'action de la société vient d'atteindre son plus haut niveau historique. C'est aussi le moment le plus risqué pour Nintendo. Il faut vraiment que ce soit un succès, non? S'ils n'y parviennent pas, ils n'auront rien d'autre à se mettre sous la dent, comme Sony ou Microsoft", qui dépendent moins des ventes de leurs consoles, jugeait dans un récent podcast, Gearoid Reidy, éditorialiste chez Bloomberg Asia.
Nintendo semble plutôt tenir le bon bout. L'action avait décollé de plus de 5% fin avril dernier à la Bourse de Tokyo, après que la société a déclaré observer une demande "massive" pour sa console au Japon, pays qui représente environ un tiers de la base de consoles Switch dans le monde.
Environ 2,2 millions de personnes avaient participé à une loterie qui permettait aux vainqueurs d'obtenir la console en priorité, un système courant au Japon pour les évènements et produits très demandés. Nintendo avait alors expliqué sur X que ce chiffre avait largement dépassé ses attentes.
Faire mieux que la Switch
Le groupe japonais a, en mai, indiqué tabler sur 15 millions de consoles Switch 2 vendues sur son exercice 2025-2026, qui a débuté le 1er avril 2025 et s'achèvera fin mars 2026, et 45 millions de ventes de jeux pour la même période.
Cela revient à faire mieux que la première Switch lors de ses débuts. Cette console avait été lancée le 3 mars 2017. Elle s'était vendue à 2,76 millions d'exemplaires sur le seul mois de mars 2017. Les ventes se sont ensuite inscrites à 15,05 millions d'unités sur l'exercice 2017-2018. Mais il s'agissait alors d'une année pleine là où, pour la Switch 2, Nintendo ne consolidera que dix mois de ventes de la console pour l'exercice 2025-2026, donc.
Grâce à ce lancement, la société s'attend à ce que, sur l'exercice actuel, ses revenus augmentent de 63% sur un an, son résultat opérationnel de 13,3% et son résultat net de 7,6%. Ces cibles impliquent une importante contraction des marges. Shuntaro Furakawa, le président de Nintendo, avait expliqué en mai que la marge brute de la Switch 2 serait plus faible que celle affichée actuellement par la première Switch.
Une déception sur les cibles commerciales et financières de la société ne manquerait pas d'être sévèrement sanctionnée par les investisseurs, au vu du bon parcours boursier de Nintendo.
Kazunori Ito, analyste chez Morningstar, juge que les objectifs de ventes de Nintendo sont "prudents" et pourraient donc être facilement remplis. L'analyste considère néanmoins que l'action est actuellement "correctement valorisée" par le marché. Autrement dit, l'enthousiasme sur les ventes de la Switch 2 qui a porté le titre en Bourse est justifié mais il n'y a pas de gros potentiel de hausse, selon lui.
Hideki Yasuda, analyste chez Toyo Securities cité par Nikkei, estime que la Switch 2 connaît "des niveaux de demande sans précédent".
"La 'Switch 1' a connu un tel succès que Nintendo aura beaucoup de mal à le reproduire", considère de son côté Toto de Kantan Games, également cité par Nikkei. "Je suis un peu plus prudent", ajoute-t-il.
Nvidia (un peu) concerné par les ventes
Évidemment, l'impact des droits de douane américains sur les ventes de la Switch 2 demeure une question ouverte. Comme l'explique Nikkei, Nintendo n'a pas de sites de productions propres et s'appuie surtout sur des partenaires basés en Chine, au Vietnam et au Cambodge pour concevoir ses consoles.
En mai, Shuntaro Furakawa avait indiqué que le groupe avait basé ses projections financières et de ventes sur des surtaxes douanières de 10% à l'encontre du Japon, du Cambodge et du Vietnam, et de 145% pour la Chine.
La société pourra, dans tous les cas, compter sur ses licences phares (Mario, Zelda, Pokémon, Donkey Kong) dont l'exclusivité justifie souvent l'achat de la console auprès des "gamers". Un nouveau jeu Mario Kart accompagne d'ailleurs le lancement.
D'autres groupes cotés que Nintendo surveilleront la bonne réception de la Switch 2. C'est le cas de CD Projekt, un éditeur de jeux vidéo polonais coté à la Bourse de Varsovie et connu pour la saga "The Witcher" ou pour le jeu "Cyberpunk 2077".
Cette société affiche une capitalisation boursière d'environ 6,9 milliards de dollars, soit plus de quatre fois celle d'Ubisoft.
Le jeu "Cyberpunk 2077: Ultimate edition" de CD Projekt accompagne le lancement de la Switch 2.
Le bureau d'études indépendant Alphavalue s'attend à ce que cette sortie porte les ventes de la société polonaise sur le trimestre actuel tandis que Deutsche Bank estime qu'il s'agira du prochain point d'attention des investisseurs.
Dans un autre registre, Nvidia est (un peu) concerné par le succès commercial de la Switch 2. Son directeur général, Jensen Huang, a expliqué mardi dans une vidéo postée sur le compte X de Nintendo que le spécialiste des processeurs graphiques avait conçu une puce pour la Switch 2 qui ne ressemble à rien que "nous avons précédemment créé".