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Grâce notamment à ses puces d'IA, Alphabet prend 63% en Bourse en 2025 et écrase les six autres Magnifiques de Wall Street (y compris Nvidia)

Aujourd'hui à 06:00
Google monte en Bourse

(BFM Bourse) - La maison-mère de Google s'apprête à signer de loin la meilleure performance des Sept Magnifiques de 2025. Ce que le groupe doit à la montée en puissance de son écosystème d'IA, notamment ses "tensor processing unit", des processeurs conçus pour des buts très spécifiques, comme le développement de l'IA générative.

S'il avait fallu choisir un grand gagnant parmi les Sept magnifiques de Wall Street (Alphabet, Amazon, Apple, Microsoft, Meta, Nvidia, Tesla) pour 2025, qui aurait, il y a un an, misé sur Alphabet ?

Probablement pas grande monde, tant Alphabet avait des allures de forteresse assiégée. Son activité la plus importante, la recherche en ligne, était notamment menacée par des risques réglementaires et des craintes de concurrence de la part d'OpenAI, la société à l'origine de ChatGPT.

Mais le groupe a déjoué les pronostics. Sur l'ensemble de 2025, l'action Alphabet prend 63% reléguant très loin la concurrence. Nvidia ne gagne "que" 34,8%, Tesla est à 19%, Microsoft 15%, Meta 12,6%, Apple 9,2% et Amazon (3,6%).

Les craintes autour des enquêtes anti-trust se sont en grande partie évaporées en septembre dernier, lorsque le département américain de la Justice (DOJ) a rendu son verdict. Le marché redoutait que la justice américaine contraigne la société a vendre Google Chrome, ce qui n'a pas été le cas.

"Notre principale conclusion est que le jugement préserve la capacité de Google à maintenir sa position dominante dans le domaine de la recherche", notait Bank of America.

Le jugement préservait également le partenariat noué avec Apple pour que Google soit le moteur de recherche par défaut de Safari. Le groupe de Mountain View verse 20 milliards de dollars par an à la société à la pomme dans ce but.

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Résultats solides

Quant à la concurrence sur la recherche en ligne, elle existe. Mais elle ne fait pas pour autant vaciller Google, du moins pour le moment. Certes, OpenAI a bien dévoilé, en octobre dernier, son propre navigateur, appelé ChatGPT Atlas. Ce qui avait d'ailleurs un peu mis l'action Alphabet sous pression. Le titre avait perdu 4,8% avant de revenir sur une baisse plus modeste de 2,2%.

Mais, comme l'expliquait Bloomberg, le navigateur présenté par OpenAI n'avait pas vraiment de quoi fragiliser l'hégémonie de Chrome et l'écosystème de Google dans la recherche en ligne. Ne serait-ce que parce que les fonctionnalités les plus avancées de cette technologie nécessitent un abonnement de 20 dollars par mois à ChatGPT Plus.

Les derniers résultats publiés par Alphabet ont par ailleurs confirmé que la recherche en ligne était vivante et bien en forme. Les revenus générés par cette activité ont grimpé de 14,5% sur un an au troisième trimestre contre une croissance de 11,5% sur le précédent.

Google Cloud, la division de services informatiques dématérialisés de l'entreprise, très surveillée par le marché, avait également dépassé les attentes.

Au-delà des performances de la société, la hausse du titre Alphabet s'explique aussi par la montée en puissance de l'écosystème d'intelligence artificielle (IA) mis en place par l'entreprise.

La présentation de Gemini 3, la dernière version du LLM (les grands modèles de langage d'IA) d'Alphabet, avait emballé Wall Street, le titre prenant 3%.

"Nous estimons que les performances supérieures de Gemini 3, non seulement en termes d’indices de référence, qui peuvent être 'manipulés', mais aussi en termes d’utilisation réelle, comme en témoignent les critiques élogieuses de la communauté des développeurs, démontrent les compétences de l’entreprise en matière d’IA", écrivait en novembre Malik Ahmed Khan, de Morningstar.

Les TPU, moins chers que les GPU de Nvidia

De façon quasi concomitante, le titre a été porté par la prise de participation de Berkshire Hathaway, la société d'investissement de Warren Buffett, pourtant connu pour sa réticence à investir dans la tech (hors Apple).

Autre corde à l'arc d'Alphabet: les TPU (transistor processing units), des processeurs qui diffèrent des GPU (graphics processing unit) de Nvidia ou des CPU ("central processing unit"). Là où les GPU (et surtout les CPU) offrent une certaine versatilité dans leur champ d'application, les TPU sont davantage recentrés sur les applications d'IA. Ce qui les rend moins chers que des GPU.

"Pour simplifier, un GPU (comme ceux de Nvidia) est un couteau suisse ultra-puissant capable de faire un peu tout dans le monde de l’IA. Historiquement conçu pour les jeux vidéo et les images 3D, il s’est révélé parfait pour faire tourner des calculs en parallèle, exactement ce dont ont besoin les grands modèles d’IA", a expliqué John Plassard de Cité Gestion dans une note publiée en novembre.

"Le TPU de Google, lui, ressemble plutôt à un outil de chirurgien: il est beaucoup plus spécialisé, conçu dès le départ pour faire toujours le même type d’opérations mathématiques, mais de façon extrêmement efficace. On songe notamment à l’IA générative", ajoutait-il.

Alphabet ne développe pas seul ces puces mais dans le cadre d'un partenariat avec Broadcom.

"Google conçoit l’architecture du processeur, définit chaque bloc logique et optimise l’ensemble pour ses modèles maison comme Gemini. Ensuite, Broadcom prend le relais : c’est lui qui transforme les plans de Google en une puce prête à être fabriquée, en réalisant ce qu’on appelle le 'design physique'", expliquait encore John Plassard.

"Une fois ce travail terminé, l’étape la plus critique arrive : la fabrication chez TSMC, le champion mondial du semi-conducteur, qui grave la puce sur les technologies les plus avancées du moment", poursuivait-il encore.

Ces TPU offrent un certain nombre d'atouts concurrentiels à Alphabet. "Les TPU deviennent la 'botte secrète' de Google Cloud, un moyen de dire aux grands clients : 'chez nous, vos modèles iront plus vite et coûteront moins cher'", simplifiait John Plassard. Le spécialiste de marché soulignait également que le succès de Gemini 3, qui tourne justement sur ces TPU, offre une vitrine technologique à ces puces.

Au point de séduire d'autres bigtechs. Fin novembre, le site The Infomation rapportait que Meta songeait à un recours aux TPU d'Alphabet pour ses centres de données.

Un arsenal vertical

"Si les entreprises veulent se diversifier loin de Nvidia, les TPU sont un bon moyen de le faire, et cela signifie qu'il y a de nombreuses raisons d'être optimiste" sur Alphabet, a déclaré à Bloomberg Gil Luria, responsable de la recherche technologique chez DA Davidson.

Si Alphabet se met sérieusement à vendre ses TPU à des parties tierces plutôt qu'à les garder avant tout pour ses propres besoins et son activité de cloud, Luria estime que la société pourrait capturer 20% du marché de l'intelligence artificielle en quelques années, ce qui en ferait une activité d'environ 900 milliards de dollars, ajoute Bloomberg.

L'arsenal finalement assez vertical d'Alphabet dans l'IA rend certains analystes optimistes pour la suite.

"Bien que nous attendions plusieurs gagnants dans l'IA, nous considérons Alphabet, comme le mieux positionné dans tous les segments grâce à la force de l'entreprise dans les modèles fondamentaux (Gemini 3.0)", à la demande pour ses TPU au cloud d'entreprise et à ses multiples canaux de distribution vers les consommateurs, a écrit Bank of America, mi-décembre.

Citi cite Alphabet parmi ses valeurs préférées pour 2026. La banque américaine souligne la montée en puissance de Gemini avec 650 millions d'usagers actifs mensuels qui devraient permettre de renforcer la société dans la recherche en ligne. "Nous pensons que l'écosystème 'cœur de métier' d'IA de Google est train de gagner significativement des parts de marché", explique Citi.

L'établissement anticipe une accélération de la croissance dans le cloud "grâce à l'approche intégrée verticalement de Google Cloud avec Gemini, les TPU et la capacité d'infrastructure / de calcul".

Dan Ives, de Wedbush, prévient de son côté que, même si les TPU d'Alphabet affichent une forte dynamique, la couronne de Nvidia reste bien en place. "Nvidia est toujours le Rocky Balboa (le célèbre boxeur de fiction multi-ceinturé, NDLR) de la révolution de l'IA et cela n'est pas près de changer bientôt du côté des puces", assure-t-il.

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