(BFM Bourse) - Selon le Frankfurter Allgemeine Zeitung, l'Allemagne refuserait de financer davantage de dépenses militaires dans le cadre du soutien de Berlin à Kiev, ce qui a fait chuter certains groupes militaires à Francfort. L'exécutif d'outre-Rhin a toutefois assuré ce lundi cependant être "pleinement engagé" dans l'aide à l'Ukraine.
L'Allemagne risque de geler le financement fédéral de toute nouvelle aide supplémentaire à l'Ukraine. Les groupes de défense en pâtissent en Bourse, ce lundi.
En début d'après-midi, l'action de Rheinmetall, société qui fabrique des chars, des munitions et d'autres équipements militaires, reculait de 1,8% à la Bourse de Francfort, après avoir chuté de plus de 5% en début de séance. Hensoldt, qui fournit des solutions d'optronique, des capteurs et de l'électronique militaire, abandonne 4,4%. En dehors de l'Allemagne, le norvégien Konsberg Gruppen et le britannique BAE Systems, cèdent autour de 1,8%. Le mouvement est bien plus modéré sur l'italien Leonardo (-0,8%) ainsi que pour les français Thales (-0,6%) et Dassault Aviation (-0,7%).
Le Frankfurter Allgemeine Zeitung a rapporté samedi que le gouvernement allemand, dans son projet de budget pour 2025, ne débloquerait pas de fonds supplémentaires pour l'aide à l'Ukraine, l'exécutif d'outre-Rhin, s'en tenant à l'aide militaire déjà approuvée.
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L'Allemagne reste "pleinement engagée"
Dans le projet de budget allemand pour 2025, 4 milliards d'euros de fonds sont dédiés à l'aide militaire pour l'Ukraine, contre 8 milliards en 2024.
Selon une source parlementaire citée samedi par l'AFP, Berlin entend compenser cette division par deux de l'aide fédérale prévue dans le budget allemand en misant sur les intérêts perçus sur les des actifs russes gelés.
En juin, les différents pays du G7 avaient noué un "accord politique" pour financer un prêt de 50 milliards d'euros à l'Ukraine qui serait garanti par les intérêts des quelque 300 milliards d'euros d'actifs russes gelés dans le monde. Mais les modalités de cet accord restent à définir.
Lundi, le porte-parole du gouvernement allemand, Wolfgang Büchner, a clamé que Berlin restait "pleinement engagé" dans le soutien à l'Ukraine.
"Le soutien à l'Ukraine sera poursuivi aussi longtemps que nécessaire et personne, surtout pas le président russe, n'a de raison d'espérer que nous relâchions (l'effort, ndlr)", a-t-il assuré lors d'une conférence de presse, cité par l'AFP.
"Les articles suggérant que nous réduisons l'aide sont tout simplement inexacts", a-t-il ajouté, pointant du doigt des accusations "infâmes".
Un secteur propulsé en Bourse depuis 2022
Ces doutes sur l'aide militaire allemande à l'Ukraine pèsent donc ce lundi sur les valeurs de la défense. Ces groupes ont été propulsés en Bourse par les tensions géopolitiques et l'éclatement du conflit en Kiev et Moscou, ces dernières années.
"De nombreux pays avait sous-investi massivement dans la défense pendant au moins une décennie. L'éclatement de la guerre en Ukraine a constitué un réveil brutal, rappelant qu'un conflit peut très bien survenir aux portes de l'Europe, qu’il peut être long et potentiellement s’étendre à plusieurs zones. L'Allemagne, la Pologne, les pays baltes ou encore la Finlande ont accéléré leurs dépenses militaires", expliquait en février Yan Derocles, analyste d'Oddo BHF, à BFM Bourse.
Rheinmetall constitue certainement le meilleur exemple, avec une progression de 90% sur l'ensemble de 2024 et un cours multiplié par cinq depuis le 24 février 2022, date du début de la guerre en Ukraine. Ce qui lui a ouvert les portes, l'an passé, du DAX 40, indice phare de la Bourse de Francfort.
En avril, la banque Goldman Sachs avait néanmoins jugé que les actions du secteur avaient certainement atteint leur plein potentiel.
