(BFM Bourse) - Le spécialiste des systèmes d'engrenages et de propulsion pour les chars et les frégates marines signe une performance supérieure à celles de tous les groupes du S&P 500 et du Stoxx Europe 600. Ses résultats semestriels, portés par le réarmement en Europe, attestent de sa forme étincelante, avec notamment une croissance de 22%.
Indéniablement, la défense européenne est le grand secteur (avec les banques) qui a le vent en poupe en Bourse cette année. Les actions de ce compartiment ont bénéficié du réarmement à la vitesse grand V du Vieux continent, les dirigeants européens prenant conscience qu'il faudra désormais bien moins compter sur les États-Unis et bien plus sur eux-mêmes pour assurer leur sécurité.
Les annonces de hausses des budgets militaires se sont multipliées, notamment en Allemagne, où le gouvernement a décidé d'allouer des centaines de milliards d'euros à la défense.
En juin, les pays membres de l'Otan (Organisation du traité de l'Atlantique Nord) se sont engagés à investir 5% par an de leur PIB dans les dépenses de défense d'ici à 2035 contre une précédente cible de 2%.
"Nous estimons que cet objectif de 5% d'ici à 2035 pourrait représenter une augmentation annuelle d'environ 2.000 milliards de dollars des dépenses de défense de l'Otan, soit un taux de croissance annuel moyen d'environ 8% entre 2024 et 2035", calculait alors Royal Bank of Canada.
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Arrivé en Bourse en 2024
Cet environnement ultra-favorable a catapulté les acteurs du secteur, a fortiori les groupes allemands. La grande star de la défense européenne dans l'esprit des investisseurs reste Rheinmetall, qui fournit notamment des blindés et des munitions. Son action affiche une progression de 161,5% depuis le début de l'année, et la société est devenue une grande capitalisation boursière européenne (72 milliards d'euros) avec un bond de son titre de quasiment 2.000% en cinq ans.
Un autre groupe de défense de la cote allemande signe toutefois une hausse encore plus impressionnante que Rheinmetall: Renk. Cette entreprise n'est entrée que récemment en Bourse, avec une introduction survenue en février 2024.
Fondée en 1873 à Augsbourg par Johann Julius Renk, la société était à l'origine un petit atelier de fabrication d'engrenages. 150 ans plus tard, l'entreprise allemande conçoit des engrenages, des boîtes de vitesse, des systèmes de transmission, des moteurs ou encore des composants électriques pour des chars de guerre, des frégates ou encore des corvettes de la marine. L'an passé ses revenus ont dépassé le milliard d'euros. Si Renk n'est pas à proprement parler un "pure-player" de la défense, le militaire se taille la part du lion (74%) dans ses revenus.
Sans surprise, Renk a été l'un des grands bénéficiaires, en Bourse, du réarmement européen, même si le groupe compte également parmi ses clients les États-Unis (la société à des sites de production et de maintenance dans le pays), la Corée du Sud ou encore l'Inde.
Sur l'ensemble de 2025, son action prend 244,4%. C'est simple: aucun grand nom de Wall Street sur le S&P 500 n'égale cette performance. La plus forte hausse, Palantir Technologies, se limite à 149%.
Aucun poids lourd européen ne s''approche également du bon de l'action Renk, puisque Fresnillo, producteur d'or et d'argent qui a bénéficié de l'envolée des cours des deux métaux précieux, ne gagne "que" 184%.
Des prises de commandes en hausse de près de 50%
Dans l'univers de la défense, le spécialiste français des drones pour la lutte contre les mines sous-marines Exail Technologies s'adjuge certes 576,3% sur 2025. Mais sa capitalisation boursière reste bien plus modeste que celle de Renk (2 milliards d'euros contre 6,1 milliards pour le groupe allemand).
Les résultats publiés ce mercredi 13 août par Renk montre combien le groupe surfe sur une dynamique impressionnante.
Ses revenus ont progressé de 22% sur un an à 620 millions d'euros sur les six premiers mois de l'année, avec une accélération à 27,5% sur le deuxième trimestre. Sur le seul segment "défense", Renk a enregistré un bond de son chiffre d'affaires de 32% à 462 millions d'euros.
Les prises de commandes se sont élevées à 921 millions d'euros, en hausse de 47% sur un an, ce qui permet au groupe d'afficher un ratio de prises de commandes sur chiffre d'affaires de 1,5. À fin juin, le carnet de commande de la société s'inscrivait à 2,37 milliards d'euros, en progression de 14% par rapport à fin décembre.
Le résultat opérationnel ajusté a augmenté de 29,4% à 89 millions d'euros tandis que le bénéfice net a été multiplié par quatre à 31,2 millions d'euros. Le flux de trésorerie est resté positif, à 11 millions d'euros, grâce à un flux positif de 36 millions d'euros sur le seul deuxième trimestre. Et ce, malgré une importante hausse du besoin en fonds de roulement elle-même due à l'augmentation de stocks nécessaires pour faire face à la demande des clients du groupe.
Jefferies évoque des "résultats solides" avec des revenus supérieurs de 3% au consensus (la prévision moyenne des analystes) et surtout un cash-flow nettement plus élevé que prévu au deuxième trimestre, à 36 millions d'euros, donc, contre 10 millions d'euros attendu.
Vers des objectifs de moyen terme relevés
À l'issue de cette publication, la société allemande a réitéré ses objectifs annuels, à savoir dégager des revenus de plus de 1,3 milliard d'euros ainsi qu'un résultat opérationnel ajusté compris entre 210 millions et 235 millions d'euros. La société a par ailleurs prévenu qu'elle présenterait de nouveaux objectifs de moyen terme (à horizon 2030) lors d'une journée dédiée aux investisseurs et programmée le 20 novembre prochain.
Jefferies s'attend à ce que le groupe relève ses cibles de moyen terme à cette occasion, le groupe visant précédemment 2 milliards d'euros de revenus en 2028 et entre 2,5 milliards et 3 milliards en 2030, acquisitions incluses. La société comptait par ailleurs dégager 300 millions d'euros de résultat opérationnel ajusté en 2027.
Dans une présentation aux investisseurs, Renk indique tabler pour la période 2025-2030 sur 800 millions à 1,8 milliard d'euros de revenus liés à des commandes de nouveaux véhicules militaires en Allemagne ainsi que sur 400 millions à 900 millions d'euros de chiffre d'affaires de services de maintenance (ou plus exactement de maintien en condition opérationnelle).
À la Bourse de Francfort, ces comptes sont appréciés par les investisseurs, l'action Renk prenant 3,7% vers 15h30 avec une pointe à 5,7% dans la matinée.