(BFM Bourse) - Cinq ans après son introduction record sur le Nasdaq, où Alibaba avait levé 25 milliards de dollars, le géant chinois du e-commerce s'apprête à réaliser son introduction secondaire à Hong Kong, avec une décote de 6% par rapport au prix maximum qui avait été annoncé. Cette opération pourrait rapporter jusqu'à 13 milliards de dollars au groupe fondé par le fraîchement retraité Jack Ma en 1999.
Alors qu'Alibaba détient toujours le record de la plus grosse introduction en Bourse (25 milliards de dollars levés sur le Nasdaq en 2014, soit 22,6 milliards d'euros) en attendant l'IPO de Saudi Aramco qui pourrait le dépasser de justesse en levant jusqu'à 23,16 milliards d'euros à Riyad (en vendant seulement 1,5% de son capital), le géant chinois du commerce en ligne s'apprête à signer la plus grosse opération à Hong Kong depuis près de 10 ans. Dans l'ex-colonie britannique, le record est détenu par AIA, une compagnie d'assurance basée à Hong Kong qui avait levé 17,8 milliards d'euros en octobre 2010.
Décote de 6% par rapport au prix précédemment annoncé
Premier groupe asiatique en matière de valorisation boursière (483 milliards de dollars à la clôture de Wall Street mardi, ce qui en fait un des groupes les mieux valorisés au monde derrière les Gafam), Alibaba va fixer le prix de son action à 176 dollars hongkongais, soit 22,4 dollars, selon une source proche du dossier qui s'est confiée à l'AFP. Ce niveau de prix représente une décote de plus de 6% par rapport au prix maximum précédemment annoncé. Le mastodonte chinois du commerce en ligne a mis en vente 500 millions d'actions, et avait annoncé un prix maximum indicatif de 188 dollars par action.Cette introduction boursière pourrait ainsi rapporter jusqu'à 13 milliards de dollars (11,7 milliards d'euros) au groupe créé par l'excentrique Jack Ma, retraité depuis septembre, le jour de ses 55 ans. Déjà coté à Wall Street, Alibaba a présenté l'opération comme un signe de confiance envers le territoire autonome du sud de la Chine, secoué par des manifestations depuis juin, et dont l'économie est désormais en récession. Alibaba avait d'ailleurs prévu d'être coté à Hong Kong dès cet été, mais avait finalement décidé de remettre son projet à plus tard en raison de la guerre commerciale sino-américaine et des tensions sociales croissantes à Hong Kong.
Les actions du géant du commerce en ligne sont déjà cotées à Wall Street. Cette deuxième cotation à Hong Kong devrait être saluée par Pékin, qui souhaite voir davantage de grandes entreprises cotées en Asie. La Chine a d'ailleurs créé en juillet à la Bourse de Shanghai un nouveau marché boursier dédié spécifiquement aux entreprises technologiques.
La plus grosse IPO de l'année... en attendant Aramco
Dans le détail, sans sur-allocation, cette opération permettrait au groupe chinois, qui possède notamment l'application de commerce en ligne Taobao, immensément populaire en Chine, de lever 11 milliards de dollars. S'il choisit une option de sur-allocation, il pourrait alors engranger jusqu'à 101,2 milliards de dollars de Hong Kong (12,9 milliards de dollars), selon le quotidien hongkongais South China Morning Post, propriété d'Alibaba. Même dans la première hypothèse, cette opération serait toujours la plus importante IPO réalisée à Hong Kong depuis celle en 2010 du géant de l'assurance AIA.À noter qu'il s'agit également de la plus grosse IPO de l'année 2019, toujours dans l'attente de celle du géant pétrolier saoudien, devant Uber qui avait levé 8,1 milliards de dollars à Wall Street début mai dernier. À Hong Kong, l'opération la plus importante de 2019 est pour l'heure à mettre à l'actif d'Apac, filiale asiatique du plus grand brasseur mondial, AB InBev, avec environ cinq milliards de dollars levés fin septembre.
Avec un business-model équivalent à celui d'Amazon, dans le commerce en ligne et le cloud, Alibaba est devenu incontournable en Chine. Ses différentes plateformes -Taobao et Tmall notamment- réunissent dans l'empire du Milieu quelque 785 millions d'utilisateurs mensuels sur téléphone portable. À noter que l'IPO intervient quelques jours seulement après son "Single day" (ou "fête des célibataires"), équivalent du "Black Friday" d'Amazon, du 11 novembre dernier, qui s'est achevé sur un nouveau record avec près de 35 milliards d'euros de chiffre d'affaires récoltés en 24 heures, soit une augmentation de 26% sur un an.
(avec AFP)