(BFM Bourse) - L'action de l'équipementier automobile décolle ce vendredi après que la société a livré une marge opérationnelle en hausse au premier semestre. Un bon début d'année, selon Oddo BHF, qu'il faudra toutefois confirmer.

Il ne fait pas bon être un équipementier automobile en Bourse, ces derniers trimestres. Le secteur a pris la tasse, miné par les craintes sur l'électrification, qui risque de peser sur leurs marges, et la concurrence des acteurs chinois.

Encore jeudi, le directeur général de Stellantis, Carlos Tavares, a jugé que les équipementiers européens n'auront d'autre choix que de se rapprocher de la compétitivité de leurs concurrents chinois. "Pensez-vous que les constructeurs chinois (qui ont déboulé récemment en Europe, NDLR) vont prendre des fournisseurs européens si leur compétitivité est éloignée de ce qu’ils ont localement ?", a-t-il lancé à des journalistes.

Pour l'heure toutefois, les équipementiers français connaissent des fortunes diverses en cette saison de résultats semestriels. Opmobility (ex-Plastic Omnium) a vu son cours bondir de 9,4% après la publication de ses comptes, mardi, quand Forvia a reculé de 1%, mercredi.

Valeo de son côté rassure le marché. Son action grimpe de 8,7% en fin d'après-midi ce vendredi, signant l'une des plus fortes hausses du SBF 120. Malgré cette progression, le titre reste en baisse de 26% sur l'ensemble de 2024, et sa capitalisation boursière dépasse à peine les 2,5 milliards d'euros. Et dire que la société était encore dans le CAC 40 en 2018….

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Une division "brain" qui fonctionne

Au premier semestre, les revenus de Valeo se sont établis à 11,12 milliards d'euros, en baisse de 1% mais en hausse de 1% en données comparables.

L'équipementier a été porté par la bonne performance de sa division "brain", c'est-à-dire les systèmes d'aide à la conduite, qui a enregistré une croissance de 6% en données comparables. La division "power" (systèmes de propulsion et systèmes thermiques) a accusé une baisse de 5% sur ces mêmes bases, tandis que "light" (éclairage) a augmenté ses revenus de 2%.

Surtout, la marge opérationnelle a progressé de 23%. Rapportée au chiffre d'affaires, elle atteint 4% au premier semestre, contre 3,2% un an plus tôt, soutenue par les efforts sur les coûts entrepris par la société et l'amélioration de la rentabilité de ses contrats. Selon Stifel, le consensus attendait un taux de marge opérationnelle de seulement 3,6%.

Le bénéfice net a lui progressé de 18% à 141 millions d'euros. La génération de trésorerie est repassée dans le vert, à 121 millions d'euros, contre un décaissement de 156 millions d'euros sur les six premiers mois de 2023. Ce cash-flow a dépassé de 74% le consensus, remarque Stifel.

Des "faiblesses" qui demeurent

Concernant ses perspectives, Valeo a ajusté à la baisse ses prévisions de chiffre d'affaires tant pour 2024 que 2025. Pour cette année, la société anticipe des revenus autour de 22 milliards d'euros, contre 22,5 milliards à 23,5 milliards auparavant. Pour 2025, le groupe table sur un chiffre allant de 23,5 milliards d'euros à 24,5 milliards d'euros, contre une fourchette de 24,5 milliards à 25,5 milliards auparavant.

Valeo a, en revanche, confirmé ses cibles de résultat brut d'exploitation, de marge opérationnelle, et de cash-flow libre pour 2024 et 2025.

"Les résultats du premier semestre sont meilleurs qu'attendu, bien qu'atténués par l'érosion des perspectives de ventes, ce qui pourrait être suffisant pour soulager le marché à court terme après les pertes importantes de l'action enregistrées dernièrement", tranche Stifel.

Oddo BHF apprécie de son côté un "un début d'année encourageant qu'il faudra confirmer". La société a "effectué un pas dans la bonne direction" mais avec "encore des faiblesses", poursuit le bureau d'études.

"Le fait que Valeo ne se désendette pas (pas de baisse de la dette entre 2022 et 2024, selon les attentes) et doive encore arbitrer entre performance financière et croissance (…) nous interroge toujours sur la réalité de son positionnement malgré son exposition à des secteurs 'attractifs' comme l’ADAS (les systèmes d'aide à la conduite, NDLR), pointe Oddo BHF.