par Cyril Altmeyer

PARIS (Reuters) - TF1 a clôturé en nette baisse en Bourse jeudi, le marché étant déçu par l'absence de prévisions chiffrées de réduction des coûts au lendemain de la publication de résultats 2007 inférieurs aux attentes dans un marché publicitaire morose.

Le groupe de télévision, qui n'a pas non plus fourni de prévisions pour la croissance de ses recettes publicitaires cette année, a annoncé tabler sur une hausse de 2,4% de son chiffre d'affaires consolidé à 2,83 milliards d'euros en 2008, en ligne avec le consensus Reuters Estimates, contre +4,1% en 2007.

Le titre a perdu 4,92% à 16,80 euros dans une capitalisation de 3,77 milliards d'euros, à contre-tendance de l'indice DJ Stoxx des médias.

Les analystes n'attendaient pas d'annonces majeures en raison du manque de visibilité sur la réforme de l'audiovisuel, après l'annonce le 8 janvier par Nicolas Sarkozy d'un projet de suppression de la publicité sur France Télévisions. La commission chargée d'étudier cette réforme, installée mardi par le président de la République, doit rendre ses conclusions avant la fin mai.

"TF1 est un groupe solide qui a devant lui un avenir formidable, mais il nous faudra évidemment un peu de temps pour construire tout cela. Je sais que vous êtes patients", a déclaré aux analystes le directeur général Nonce Paolini, nommé en juin 2007.

Il a dit viser une marge Ebitda/chiffre d'affaires d'environ 20% d'ici quatre à cinq ans - hors impact de la future réforme de l'audiovisuel - contre 15,7% l'année dernière. Cela se traduirait par une hausse de 150 millions d'euros son Ebitda comparé aux 434,5 millions enregistrés en 2007.

À ce même horizon, TF1 compte réaliser la moitié de son chiffre d'affaires dans ses activités de diversification. En 2007, celui-ci a progressé de 10,5% à 1,05 milliard d'euros, représentant 38% du total.

Le groupe s'est diversifié dans les jeux de société - avec notamment l'acquisition de Dujardin, l'éditeur des "Mille Bornes" -, le téléachat à l'antenne, sur le web, en magasins et sur catalogues, la vidéo, la distribution de films comme "La Môme" et Eurosport.

TF1 dit vouloir accélérer son développement dans l'internet au travers de partenariats et/ou d'acquisitions.

STABILISATION DU COÛT DE LA GRILLE

Nonce Paolini s'est dit déterminé à stabiliser les coûts de la grille dans les "quatre à cinq ans", sans fournir d'objectif chiffré pour 2008.

En 2007, le coût de la grille de TF1 a reculé de 3,4%, la diffusion de la Coupe du monde de rugby ayant coûté moins cher que celle de la Coupe du monde de football l'année précédente. En excluant ces événements sportifs, le coût de la grille ressort en hausse de 2,9% - en ligne avec l'objectif de 3% - avec un bond de 21,0% dans le cinéma en raison de l'augmentation du nombre de films programmés et de leur coût moyen.

"Il ne s'agit pas de se lancer dans une course folle à la réduction des coûts sous prétexte que les temps sont durs", a souligné Nonce Paolini. "Les programmes doivent rester forts".

TF1 dit vouloir conforter son leadership après avoir perdu 0,9 point de part d'audience en 2007 à 30,7% - avec un creux sous les 30% en novembre. La chaîne a tout en réalisant les 100 meilleures audiences de l'année en France, notamment grâce à la série américaine "Les Experts" dont la chaîne a l'exclusivité jusqu'en 2014.

TF1, qui entend faire de TMC la cinquième chaîne nationale, a dit également envisager d'acquérir une nouvelle chaîne sur la télévision numérique terrestre (TNT).

Pour réaliser des économies, le groupe se propose notamment d'optimiser les synergies entre LCI et TF1 et de mutualiser des achats avec Bouygues, son actionnaire à 42,8%, et Alstom, dont Bouygues détient 30,07%.

En 2007, TF1 a enregistré une faible hausse de 0,6% de ses recettes publicitaires avec toutefois une légère accélération à un rythme de 0,9% au quatrième trimestre grâce à un bon mois de décembre.

Le groupe compte notamment en 2008 sur le potentiel de croissance de la grande distribution, ouverte à la publicité télévisée le 1er janvier 2007, pour laquelle TF1 revendique une part de marché de 58,6%.

"Les annonceurs continuent à être très opportunistes et à investir à très court terme", a constaté Nonce Paolini. "Il n'est pas impossible que la grande distribution investisse un peu plus cette années et l'automobile pourrait retrouver des couleurs (...). Des gros secteurs comme les télécoms reviennent sur le marché de manière vigoureuse".

Cyril Altmeyer

Copyright (C) 2007-2008 Reuters