(BFM Bourse) - Le groupe automobile issu de la fusion de Fiat Chrysler et de PSA va racheter un peu moins de 70 millions d’actions que son concurrent de Detroit peut obtenir en exerçant des bons de souscriptions en actions. Ce qui lui permet d’éviter une dilution et d’envoyer un signal positif à ses actionnaires.
Stellantis règle un dossier qui était resté jusque-là en suspens. Et qui aurait potentiellement conduit un concurrent, l’américain General Motors, à devenir un de ses actionnaires de référence.
Lorsque PSA – qui s’est marié à Fiat Chrysler en janvier 2021 pour donner naissance à Stellantis – avait racheté l’allemand Opel à General Motors en 2017, le groupe sochalien avait à la fois payé la société américaine en numéraire et en produits dérivés d'actions pour un total de plus de 1 milliard d’euros. PSA avait alors émis 39,7 millions de bons de souscriptions en actions (BSA) à raison d’une action par BSA .
General Motors pouvait exercer ces BSA entre la cinquième et la neuvième année suivant la date d’émission, soit entre le 25 juillet 2022 et le 25 juillet 2026.
Stellantis n’a donc pas trop tardé. Le constructeur automobile aux 14 marques (les 14 "constellations" du groupe dont le nom vient du latin stello qui signifie "consteller" ou "briller d’étoiles") a annoncé dans la nuit de mardi à mercredi avoir signé un accord pour racheter un total de 69,1 millions de ses actions ordinaires - soit 2,2% du capital total - que General Motors est en droit de souscrire en exerçant ses BSA de 2017 (avec la parité retenue à l'époque de la fusion de 1,742 action Stellantis pour une action PSA).
Un coût total de plus de 920 millions d'euros
Stellantis paiera 923,25 millions d’euros pour solder ce lien avec General Motors qui va donc exercer ses options et se faire racheter ses titres dans la foulée. Le groupe précise que ce montant se base sur "la moyenne des prix moyens pondérés en fonction du volume par action ordinaire Stellantis sur le marché Euronext Milan au cours des cinq derniers jours de bourse".
Stellantis va également délivrer à General Motors une soulte de 130 millions d’euros et 1,2 million d’actions ordinaires de l’équipementier automobile Faurecia, qui représentent ensemble les droits à dividende de PSA et Stellantis.
Pour rappel, Stellantis a versé la quasi-totalité de sa participation de 39,3% dans Faurecia à ses actionnaires sous la forme d’un dividende en titres dans la foulée de sa naissance. Le groupe avait néanmoins conservé une participation de 0,8% liée justement aux BSA de General Motors.
Un signal important
En rachetant les actions de General Motors, Stellantis s’évite d'avoir un concurrent présent dans son capital, ce qui n’est toutefois pas si inhabituel. Renault, par exemple, a longtemps compté l’allemand Daimler (devenu aujourd’hui Mercedes-Benz) parmi ses grands actionnaires.
Mais le constructeur envoie surtout un message positif à ses actionnaires. "Stellantis est confronté depuis plusieurs mois à la faiblesse de sa valorisation, que sa direction tente actuellement de dynamiser. Dans cette optique, le groupe a déjà indiqué qu’il mènerait une politique de relution", rappelle Jean-Louis Sempé, analyste chez Invest Securities.
"C’est à l’aune de cette volonté qu’il faut comprendre cette annonce: Stellantis évite la dilution qu’aurait engendré l’exercice des BSA par General Motors", explique l’analyste. "C’est un bon signal qui confirme que le groupe automobile est bien engagé dans cette politique de relution du titre", conclut-il.
Une valorisation "mystérieuse"
A la Bourse de Paris, l’action Stellantis est bien orientée à la suite de ces annonces, gagnant 0,8% à 13,67 euros, alors que le CAC 40 stagne.
Il n’en demeure pas moins que la valorisation du groupe reste dépréciée au regard de ses fondamentaux rutilants. Le constructeur dirigé par Carlos Tavares a dégagé une marge opérationnelle courante de plus de 14% au premier semestre, alors que la rentabilité de Volkswagen s’était établi à 9,8% sur la même période et celle de General Motors à 8,9% Et pourtant le titre ne s’échange que 2,7 fois les bénéfices attendus contre 5,6 fois pour Volkswagen et 7,6 fois pour General Motors.
"La décote de valorisation par rapport aux pairs reste quelque peu un mystère, compte tenu la qualité de l'exécution, y compris la génération et la conversion de trésorerie supérieures', jugeait récemment Jefferies dans une note.
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