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Stellantis : Pourquoi l'année 2024 est si morose en Bourse pour les constructeurs automobiles européens

dimanche 22 septembre 2024 à 07h00
L'auto souffre en Bourse

(BFM Bourse) - Confrontés à des pressions sur la demande et les prix, les groupes automobiles ont nettement déçu, à une ou deux exceptions près. Les investisseurs attendent une meilleure visibilité sur le secteur.

L'an passé, le compartiment automobile européen avait plutôt tenu la route. A la Bourse de Paris, le secteur a même constitué une belle source de satisfaction. Stellantis avait bondi de 59%, la plus forte hausse du CAC 40, et Renault avait surperformé l'indice parisien grâce à une belle progression de 18%.

La donne s'avère bien différente en 2024. Depuis le début de l'année, l'indice paneuropéen Stoxx Europe 600 Automobiles and Parts, qui mélange constructeurs et équipementiers, chute de plus de 11% depuis le 1er janvier. Pour les seuls constructeurs, la correction s'avère violente. Seules deux valeurs évoluent dans le vert sur l'ensemble de l'année (voir infographie ci-dessous): Ferrari (+37,65%) et Renault (+3,9%).

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Et encore, ces deux exceptions méritent d'être nuancées. Si Ferrari conçoit des automobiles, son modèle économique basé sur la personnalisation de ses produits pour ses riches clients, des faibles volumes avec des capacités de production limitées, et un "pricing power" dantesque, le rapproche davantage des plus grands groupes de luxe.

Les analystes de Bernstein comparent ainsi Ferrari à Hermès, plus qu'aux autres groupes automobiles. Cela n'enlève, certes, rien à l'exécution sans aspérité du groupe transalpin, qui a dépassé les attentes au premier semestre, en termes de rentabilité, et relevé ses objectifs pour 2024.

Quant à Renault, certes, le groupe au losange tire (un peu) son épingle du jeu, la société parvenant à défendre sa rentabilité grâce à sa discipline sur les coûts à ses lancements de nouveaux modèles. Stifel parle même d'une "éclaircie" dans un secteur morose. Mais, en réalité, le constructeur n'a pas échappé à la correction ces dernières semaines. Sur trois mois, le titre a rendu 23,3%, et Renault a ainsi effacé une bonne partie de ses gains en Bourse depuis le début de l'année.

BMW et Volkswagen jettent un froid

Car les mauvaises nouvelles annoncées par les concurrents ont incité les investisseurs à vendre l'ensemble du compartiment automobile.

La semaine dernière, BMW a passé un lourd avertissement sur résultats, essentiellement dû à des problèmes sur un système de freins livré par Continental et à l'état de la demande en Chine et aux Etats-Unis, deux marchés où Renault est absent. Cela n'a pas empêché le groupe au losange de chuter le jour même, comme l'ensemble des autres constructeurs européens.

"Cette annonce s'ajoute à une longue liste de mauvaises nouvelles pour le secteur et peut pousser certains investisseurs sortir complètement de l'auto en attendant que le cycle baissier se termine", avait alors expliqué à BFM Bourse, Adrien Brasey, analyste chez le bureau d'études indépendant Alphavalue.

D'ailleurs un schéma relativement similaire s'est produit vendredi. Mercedes-Benz a émis un lourd avertissement sur résultats et vu son cours chuter à Francfort, entraînant dans son sillage l'ensemble des groupes automobiles, peu importe leur positionnement et leur exposition géographique.

Ces avertissements sur résultats sont par ailleurs survenus après que Volkswagen a indiqué, au début du mois, envisager une importante cure d'austérité avec potentiellement des licenciements et des fermetures d'usines en Allemagne.

Concurrence et incertitude réglementaire

Au-delà de ces annonces, les constructeurs automobiles ont dû composer avec un environnement défavorable. La désaffection du marché a ainsi été progressive et d'ailleurs les résultats des constructeurs ont été accueillis froidement par les investisseurs que ce soit au premier trimestre ou sur l'ensemble du premier semestre.

"Plusieurs facteurs communs ont joué. Il y a des craintes croissantes d’ordre macroéconomique sur la demande et des interrogations sur la capacité des constructeurs à tenir leurs prix dans ce contexte moins favorable, avec davantage d'intensité commerciale ces derniers mois", explique Michael Foundoukidis, analyste chez Oddo BHF.

"Par ailleurs, des craintes peuvent exister sur l'incertitude réglementaire. L'an prochain, pour les constructeurs européens, la régulation CAFE prévoit, en moyenne, que leurs émissions de Co2 passent à 95 grammes par kilomètre, ce qui représenterait une baisse de 15% par rapport à 2021 et nécessiterait une forte hausse des ventes de véhicules électriques qui est loin d’être évidente aujourd’hui malgré les progrès à venir sur l’offre", fait aussi valoir l'analyste.

"Il y a également des éléments plus spécifiques, comme la Chine où le marché est en pleine transformation. Ceci affecte essentiellement les constructeurs allemands qui y réalisaient une part importante de leurs résultats y perdent désormais beaucoup de parts de marché dans le segment en croissance de l’électrification tout en subissant une véritable guerre des prix", ajoute-t-il.

Les constructeurs allemands souffrent ainsi nettement, Mercedes, Porsche, Volkswagen, et BMW reculent respectivement de 12%, 18,7, 18,8% et 27% depuis le début de l'année. Le britannique haut de gamme Aston Martin (-27,6% depuis le début de l'année) n'est pas épargné par les difficultés du marché chinois, où ses volumes ont plongé de 72% sur les six premiers mois de l'année.

La déchéance de Stellantis

Mais que dire de Stellantis, valeur portée aux nues par les investisseurs l'an passé? L'action de la société dirigée par Carlos Tavares s'effondre de 36,2% en 2024 et de près de 50% sur six mois. Sa marge opérationnelle courante a fondu au premier semestre à 10%, contre plus de 14% un an plus tôt. La société est confrontée à d'importantes difficultés sur son marché le plus important, l'Amérique du Nord, où Stellantis peine à réduire ses stocks.

Bernstein évoque une "disgrâce" du groupe auprès des investisseurs. Carlos Tavares a très bien compris la gravité de la situation et a d'ailleurs écourté ses vacances, fin août, pour se rendre au siège nord-américain afin de résoudre ces difficultés.

Mais Deutsche Bank soulignait, en juillet, que la réduction de ces stocks risquait de passer par des baisses de prix substantielles. L'établissement allemand jugeait également que l'objectif de Stellantis, à savoir dégager une marge opérationnelle courante au moins égale à 10% en 2024, était "à risque"."Le pire est à venir, alors que Stellantis s'efforce d'écouler les stocks de ses concessionnaires", a de son côté abondé Bernstein en août.

Avec ce contexte donc très difficile, et les problèmes spécifiques de chaque constructeur, faut-il faire une croix sur l'automobile européen en Bourse dans les prochains mois?

"Il y a clairement un sentiment de marché négatif sur le secteur automobile, notamment lié à la trop grande incertitude actuelle. Mais c'est un secteur de momentum, de dynamique", répond Michael Foundoukidis.

"Il suffirait que des bonnes nouvelles s'enchaînent, qu'il y ait un peu plus de visibilité sur la demande et les prix, que les baisses de taux produisent leurs effets ou que l’environnement règlementaire s’éclaircisse, pour que le secteur rebondisse. D'autant que les valorisations sont déjà très basses", conclut-il.

Julien Marion - ©2025 BFM Bourse
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