(BFM Bourse) - Le spécialiste des équipements électriques et technologies d'efficacité énergétique a livré une croissance de 7,4% au premier trimestre, en données comparables, quand le consensus attendait une progression de 8,9% sur ces mêmes bases. Le bâtiment résidentiel et des décalages de projets dans son segment de data centers ont pénalisé la croissance du groupe.

Schneider Electric s'est retrouvé dans l'œil du cyclone ces derniers temps. Le spécialiste des équipements électriques et des technologies d'efficacité énergétiques a vu son cours de Bourse vaciller ces derniers mois, le marché redoutant que la demande du côté des "data centers", segment clef pour sa croissance, s'affaisse.

Avec l'explosion des applications d'intelligence artificielle (IA) et des service d'informatique dématérialisée (cloud) , les grands groupes de techs ont dû développer à la vitesse grand V leurs capacités de data centers. Ce qui s'est traduit par une demande accrue pour les produits et services de Schneider Electric permettant de réduire la consommation d'électricité de ces data centers, des infrastructures par essence énergivores.

Mais des informations de presse ont rapporté que Microsoft puis Amazon avaient récemment reporté des projets de locations de capacités de data centers. Ce qui, par ricochet, a jeté une ombre sur les perspectives de croissance de Schneider Electric.

Pour rassurer les marchés, l'entreprise se devait de publier une croissance vigoureuse au premier trimestre, de sorte à répondre aux attentes élevées des investisseurs. Cela n'a pas a été le cas.

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Faiblesse dans les data centers en Europe

Sur les trois premiers mois de l'année, Schneider Electric a dégagé des revenus de 9,325 milliards d'euros en hausse de 8,4% en données publiées et en progression de 7,4% en données comparables, c'est-à-dire hors effets de changes et de périmètre. Certes, cette croissance peut s'avérer enviable dans l'absolu – elle s'avère supérieure à celle d'Hermès – mais elle demeure inférieure aux attentes.

Selon un consensus cité par Royal Bank of Canada, les analystes tablaient sur une progression de 8,9%. Ce même si l'établissement canadien souligne que les effets calendaires (le nombre de jours ouvrés) ont eu un impact négatif d'un point de pourcentage sur la croissance au cours du trimestre.

"Il y a de nombreux trimestres que le groupe n’avait pas publié un chiffre d'affaires inférieur aux attentes et le titre devrait réagir en conséquence", a écrit Oddo BHF dans une note publiée avant l'ouverture du marché.

Effectivement, vers 11h20, l'action Scheider Electric souffre, accusant de loin le plus large repli du CAC 40, avec une baisse de 7,4%.

Dans les faits, l'Amérique du Nord, zone clef pour la société et surtout pour le segment "data centers" n'a pas montré de véritable signe de faiblesse. Cette zone a enregistré une croissance de 15,2% en données comparables sur les trois premiers mois de l'année, et Schneider a déclaré observer toujours une croissance robuste dans les centres de données, au-delà de 10%. L'Asie-Pacifique a, elle, enregistré une progression de 9,3% en données comparables.

Le principal point de faiblesse de la publication réside dans la zone dite "Europe de l'Ouest", où les revenus ont reculé de 3,6% en données comparables, ce qu'Oddo BHF qualifie de "contre-perfomance".

Comme aux États-Unis, Schneider a souffert dans cette région de la dégradation du bâtiment résidentiel (une verticale qui représente 10% des revenus de la société, rappelle Oddo BHF).

L'entreprise a également pâti d'une certaine faiblesse dans les data centers en Europe de l'Ouest en raison de plusieurs facteurs, la société évoquant la disponibilité de l'énergie ou encore "une incertitude économique plus large". La directrice financière de la société Hilary Maxson a souligné à plusieurs reprises que ces éléments avaient été communiqués depuis plusieurs trimestres.

Par ailleurs sa société de logiciels Aveva a fait face à une base de comparaison exigeante dans plusieurs régions de l'Europe de l'Ouest, notamment la France et les pays nordiques.

À l'issue de ce trimestre en deçà des attentes donc, Schneider Electric a confirmé ses objectifs pour 2025 à savoir une croissance de 7% à 10% en données comparables et une amélioration de sa marge opérationnelle retraitée de 0,5 point à 0,8 point de pourcentage.

Quelques centaines de millions d'euros d'impacts des surtaxes douanières

Hilary Maxson a également déclaré aux analystes que la société n'avait pas vu d'inflexion de tendance, que ce soit sur l'activité du début du deuxième trimestre ou sur les prises de commandes.

Concernant les répercussions des droits de douane américains, la dirigeante a évalué l'impact à quelques "centaines de millions d'euros" en l'état actuel. Hilary Maxson a expliqué qu'environ 83% de ses ventes en Amérique du Nord étaient produites localement, avec toutefois une importante part importée du Mexique vers les États-Unis.

La directrice financière a expliqué que la société avait déjà pris des mesures pour protéger sa rentabilité. Hilary Maxson a notamment expliqué que la situation n'était "pas différente de celle de 2023", c'est-à-dire que l'entreprise repassera l'inflation générée par les droits de douanes à ses clients, avec toutefois un décalage temporel.

"Nous avons jugé la conférence (tenue par la directrice financière, NDLR) rassurante (pas d’inflexion de tendance, une guidance qui tient compte du ralentissement probable) et les fondamentaux restent très solides", écrit Oddo BHF.

"La conférence téléphonique de Schneider a réaffirmé la solidité de l'environnement sous-jacente, notamment dans le segment crucial des centres de données", tranche de son côté Royal Bank of Canada.