(BFM Bourse) - Le spécialiste de la distribution de matériel électrique a indiqué dimanche avoir rejeté une proposition de rachat de la part de la société QXO, qui veut construire un empire dans ce secteur. L'action décolle, cette péripétie soulignant la sous-valorisation de Rexel en Bourse.
Pas très souvent sous les feux de la rampe en Bourse, Rexel se distingue ce lundi. Le spécialiste de la distribution de matériel électrique dont les origines remontent à 1967 avec la Compagnie de distribution électrique (CDME), prend 9,5% et signe la plus forte hausse du SBF 120.
Ce bond survient alors que Rexel a publié un communiqué de presse dimanche. A la suite d'un article de l'agence Reuters, la société a confirmé avoir été approchée par le groupe américain QXO au début de la semaine dernière. La société d'outre-Atlantique a envoyé une offre de rachat préliminaire, non-sollicitée et non-engageante, au conseil d'administration de Rexel, sur la base d'un prix allant de 28 euros à 28,4 euros par action.
Par rapport au cours de clôture de vendredi (22,97 euros), ce prix représente une prime théorique de 21,9% à 23,6%.
QXO est une société américaine dont le président-directeur général est Brad Jacobs, un entrepreneur milliardaire (sa fortune est estimée à 9 milliards de dollars par Forbes) couronné de succès avec la création de XPO Logistics, un géant américain de la logistique, puis celle de United Rentals, une société spécialisée dans les équipements de construction.
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Le gendre de Trump comme actionnaire
Avec QXO, le milliardaire compte, cette fois, bâtir un mastodonte de la distribution de matériaux de construction, ce à coups de grosses acquisitions. L'entrepreneur avait déjà déployé cette stratégie avec les précédentes sociétés qu'il avait créées.
En juillet, QXO avait levé 620 milliards de dollars lors d'un placement privé, ce qui avait élevé son cash disponible pour des rachats d'entreprises à 5 milliards de dollars, selon le Wall Street Journal. L'entreprise avait alors déclaré vouloir dégager des dizaines de milliards de dollars de revenus en s'appuyant sur ses futures acquisitions.
Lors de cette levée de fonds, QXO avait d'ailleurs bénéficié d'un investissement de 150 millions de dollars d'Affinity Partners, société fondée par Jared Kushner, le mari d'Ivanka Trump et gendre de Donald Trump. Jared Kushner a d'ailleurs rejoint à cette date le conseil d'administration de QXO.
Pour revenir à Rexel, l'entreprise a annoncé dimanche avoir rejeté les avances de QXO, jugeant que sa proposition "sous-valorise de façon significative la société" et "ne reflète pas le potentiel de création de valeur" lié à l'exécution de son plan stratégique "Power up 25". La société a ajouté qu'elle ne ferait pas de commentaire supplémentaire.
Il semble, en effet, que le prix proposé par QXO ne soit pas très généreux. Une prime de 21,9% et 23,6% par rapport au dernier cours reste très inférieure à la pratique générale. A titre d'exemple, en 2023, la médiane pour les offres publiques sur la cote parisienne s'établissait à 42,9%.
De plus, cette prime "est de seulement 14% sur le cours moyen des six derniers mois (24,76 euros) et elle n’atteint pas le pic récent (28,88 euros le 27 mai dernier)", contextualise Oddo BHF.
Selon des sources proches de Reuters, QXO n'a pas l'intention d'améliorer son offre. A moins d'un gros rebondissement, le dossier devrait donc en rester là.
Une décote à combler
Cela n'empêche donc pas l'action d'être propulsée en Bourse à la suite de cette péripétie. "L'action Rexel perd environ 7% depuis le début de l'année (à la clôture de vendredi, NDLR) et reste encore peu appréciée par certains investisseurs anglo-saxons. Les avances de QXO ont le mérite de rappeler les qualités du groupe, qui a amélioré beaucoup de choses depuis 2016, notamment sa rentabilité, et bénéficiera de la dynamique de transition énergétique", juge un intermédiaire financier. "La société a souffert de son exposition au bâtiment ces dernières et il est possible que QXO a approché Rexel pour jouer le retournement de cycle", ajoute-t-il.
"Nous ne sommes pas surpris par la décision du conseil d’administration. Rexel présente une décote de 21% par rapport à la moyenne des 10 dernières années sur la base d’un multiple VE/EBIT 12m forward (le multiple de valeur d'entreprise rapportée au résultat opérationnel sur douze mois glissant, NDLR)", souligne, de son côté, Oddo BHF.
"Les efforts du groupe pour améliorer sa marge (objectif de 7% de marge opérationnelle ajusté à horizon trois-cinq ans) et son positionnement sur les segments exposés à la thématique électrification (EV, PV, HVAC et automatismes industriels)* devraient lui permettre de se payer, à moyen / long terme, avec une prime par rapport à sa moyenne historique", poursuit le bureau d'études.
Oddo BHF reste toutefois à 'neutre" sur le dossier, invoquant la dynamique de court terme et le marché de la construction résidentielle (26% du chiffre d'affaires du groupe), qui pâtit de perspectives dégradées.
(*) C'est-à-dire le véhicule électrique, le photovoltaïque, le chauffage, la ventilation et la climatisation et les automatismes industriels.
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