par Marcel Michelson et Michael Shields

PARIS/FRANCFORT (Reuters) - Les constructeurs automobiles français Renault et allemand Daimler ont revu à la baisse leurs objectifs face au ralentissement économique, ce qui a jeté un froid au lendemain des bons chiffres publiés par la concurrence.

Renault, sixième constructeur européen en termes de ventes, et Daimler, qui produit notamment des camions et les voitures Mercedes, ont surpris le marché, alors que le secteur automobile européen avait largement bénéficié du maintien la veille des prévisions de Volkswagen, PSA Peugeot Citroën et Fiat.

"Daimler était l'un des constructeurs que le marché avait identifié comme étant le moins susceptible de lancer un avertissement. C'est un gros changement de point de vue", a souligné Adam Jonas, chez Morgan Stanley, indiquant néanmoins que le maintien des anticipations de marges de Renault constituait un "soulagement".

De l'autre côté de l'Atlantique, Ford a publié une perte nette de 8,7 milliards de dollars, plus importante que prévu, imputable en grande partie à la baisse des ventes de ses gros pick-up et 4x4.

L'action du constructeur américain perdait plus de 7% à Wall Street en matinée.

Carlos Ghosn, le patron de Renault et de son affilié japonais Nissan, qui joue une grosse partie de sa crédibilité sur la réalisation du plan stratégique "Contrat 2009" et a déjà dû revoir à la baisse les objectifs de Nissan, a déclaré aux analystes et à la presse qu'il se devait d'être réaliste.

"Je sais que je suis plus pessimiste que mes collègues européens", a-t-il déclaré.

"J'espère sincèrement qu'ils sont dans le vrai et que j'ai tort, mais je me dois de préparer Renault aux turbulences qui s'annoncent", a-t-il ajouté, précisant qu'il avait été jadis critiqué pour des prévisions jugées trop pessimistes sur le marché américain.

Renault a indiqué qu'il prévoyait désormais de vendre en 2009 300.000 véhicules de moins que ses objectifs précédents de 3,3 millions de véhicules.

RENAULT PESSIMISTE

Le constructeur français s'attend à souffrir notamment du retournement du marché haut de gamme, sur lequel il est présent avec la Laguna, et de la montée en cadence plus lente que prévu de sa production en Iran.

Le déclin des ventes enregistré en Espagne, en Italie et en Grande-Bretagne et les inquiétudes pesant sur les marchés allemand et français avaient déjà forcé Renault à abaisser ses prévisions pour le marché automobile européen, qu'il voit désormais en baisse de 4% contre une stable auparavant.

Renault a cependant maintenu ses objectifs d'une marge opérationnelle de 4,5% en 2008 et 6% en 2009, mais le groupe a aussi annoncé une série de mesures visant à réduire ses coûts et à lui permettre de conserver intactes ses chances d'atteindre ces objectifs.

Carlos Ghosn a par ailleurs indiqué que ces anticipations de marges pourraient devoir être elles-aussi revues à la baisse si la situation économique venait à empirer et si le marché européen venait à se contracter encore.

Après avoir ouvert en hausse suite à l'annonce de résultats légèrement meilleurs que prévu, le titre Renault s'inscrivait en baisse de 2,7% à 56,31 euros à la Bourse de Paris.

Dans le même temps, l'indice pan-européen du secteur automobile abandonnait 4,5%.

Daimler a pour sa part revu à la baisse ses prévisions de bénéfices pour 2008, expliquant qu'une hausse de ses ventes et la réduction de ses coûts ne suffiraient pas à compenser dans ses résultats le ralentissement économique mondial, la hausse du coût des matières premières et l'euro fort.

Daimler prévoit de dégager un résultat opérationnel des activités poursuivies de plus de sept milliards d'euros en 2008, ce qui a fait chuter son cours de Bourse. Daimler s'inscrivait en recul de 10,5% à 38,08 euros à la Bourse de Francfort.

Le premier constructeur mondial de camions, surtout connu du grand public pour être la maison mère de Mercedes-Benz, prévoyait auparavant de publier un résultat opérationnel des opérations poursuivies en forte hausse par rapport aux 7,7 milliards d'euros dégagés en 2007.

Daimler a précisé qu'il s'attendait dorénavant à ce que sa division de camions et Mercedes-Benz voient leurs bénéfices reculer cette année, alors qu'en avril, il prévoyait un bénéfice opérationnel en hausse dans ces deux activités.

Marcel Michelson et Michael Shields, version française Julien Toyer

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